La place aux Hortensias

[Ricky Stimpton]

La place aux Hortensias

// Dans la ville de Dashtikazar, vous pouvez flâner dans les petites rues, regarder les vitrines et manger les spécialité du Pays d'Ys aux terrasses des cafés. Au détour d'une rue, vous vous retrouvez dans l'ancienne ville. Ici, le temps semble s'être arrêté. Des vieilles maisons aux colombages encadrent magistralement les impasses.

La place aux Hortensias est le centre névralgique de cette ancienne ville. Elle est le lieu où le marché aux fleurs prend place tous les lundis matins. Les habitantes aiment se poser sur les bancs qui entourent la place et les enfants jouent à la marelle ou aux billes.

Cette zone de la ville est réputée dans tout le pays pour son charme authentique et des brochures du Monde Certain ou de Gwendalavir ne tarissent pas d'éloges sur les boutiques qui s'y trouvent. //

[Elerinna Calaelen]

[Début de RP entre Diaval Handerson (Nighty) et Swaran H. Walter (Elerinna) ]

// Encore tout étonné de la lettre étrange qu'il avait reçu, Swaran s'était tout d'abord demandé si ce n'était pas une mauvaise blague. Il avait écrit la sienne à destination de Loreliese mais puisque lui en avait reçu une tout autre, peut-être qu'un parfait inconnu avait réceptionné son enveloppe. Hésitant à la jeter et à oublier toute cette histoire de Saint-Valentin qui prenait décidément une tournure peu commune, il avait finalement entreprit de la relire une dernière fois. Qui était cette Anna ? Et qui était ce garçon attristé qui lui écrivait ?

Intrigué, il s'était décidé à se rendre sur le lieu du rendez-vous. Après tout, faire le déplacement ne lui coûtait rien et il fallait bien que quelqu'un explique à ce pauvre homme que sa Anna ne viendrait pas tout simplement parce qu'elle n'avait pas reçu sa lettre. Il semblait si convaincant dans ses mots, si appliqué .. On en ressentait presque à quel point cette jeune femme devait lui manquer sans même les connaître ni l'un ni l'autre. Swaran ne pourrait cependant pas le conseiller beaucoup.. Ce n'est pas son expérience amoureuse qui allait pouvoir aider ce Diaval. Il n'était à vrai dire pas un modèle à suivre dans ce domaine. C'est sans grande détermination qu'il se rendit donc sur le lieu du rendez-vous.

Atterrissant au beau milieu d'une place fleurie, il jeta un regard circulaire et ne sembla pas apercevoir l'ombre d'un jeune homme. Enveloppe en main, il se plu à flâner entre les parterres aux milles couleurs. Même s'il n'avait pas reçu la lettre qu'il aurait souhaité, il pouvait au moins affirmer que ce lieu de rendez-vous était des plus agréable et que ça lui aurait au moins permis de voir du pays. Comme il aurait souhaité emmener Loreliese ici même, lui offrir un bouquet de fleurs et s'asseoir avec elle pour discuter pendant des heures sur ce banc. Se surprenant à penser à elle de la sorte, il s'assit précisément là où il la visualisait, et laissa ses pensées aller, se perdant dans ses rêveries. //

**Douce Loreliese, qu'avez vous provoqué en moi ? Avez vous seulement conscience de l'effet que me procure votre sourire ?**

// Un nouveau regard alentour. Espérant que personne ne l'ai surprit perdu dans ses esprits, il saisit une fleur du panier posé à ses côtés. Non décidément, il ne regrettait pas d'être venu, et même si Diaval se ravisait finalement et décidait de ne pas venir, Swaran resterait très certainement ici quelques heures encore. Le charme de cette place était incomparable, comme les vieux quartiers des villes moldues, mais avec ce petit quelque chose en plus qui rendait le lieu unique. Les odeurs peut-être ? Ces senteurs de fleurs qui flottaient dans l'air comme des milliers de parfums à la merci du vent. Voilà qui suffisait à embellir sa journée. //

[Nighty]

// Intrigué, Diaval relut encore une fois le billet qu’un hibou surexcité venait de lâcher sur lui. //

Loreliese,
La beauté de votre sourire n'a d'égal que la vivacité de votre esprit. Me feriez vous l'honneur de me retrouver à l'ombre de la clairière au crépuscule ?

Affectueusement,
Un inconnu qui vous veut du bien

// Alors ça c’était la meilleure. Voilà que lui, Diaval, recevait des lettres où on le nommait Loreliese et où on lui déclarait un amour enflammé. Diaval se surprit à rire. Quelqu’un envoyait une déclaration à Loreliese Laners. Loreliese Laners. Cela risquait d’être très intéressant…

Puis le rire de Diaval s’interrompit, et il reprit le fil de ses pensées, triturant le billant du bout du doigt. Il se souvenait de la douce jeune femme, et surtout de ses pâtisseries. Il pensa qu’il devrait passer la voir durant son séjour dans le Monde Certain.

Mais comment se faisait-il que ce soit lui qui ait reçu ce billet ? Qu’avait donc fabriqué le Cupidon avec les hiboux pour qu’ils soient si confus qu’ils se trompent de destinataire ? Cela ne leur arrivait jamais… Avec un froncement de sourcils, Diaval se rendit compte que s’il avait reçu un billet adressé à quelqu’un d’autre, sa lettre avait probablement été donnée à la mauvaise personne. Avec un peu de chance à la personne qui avait écrit le billet pour la fameuse Loreliese.

Diaval prit alors sa décision. Il irait à ce rendez-vous, tant pis pour Loreliese. Il voulait retrouver sa lettre, et il n’était pas sûr de retrouver la jeune femme à temps pour la prévenir. Après tout, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas arpenté les couloirs du château.

Il attrapa le petit cœur en mousse rouge qui gisait au fond de l’enveloppe, et le serra contre son cœur, des bulles de rire éclatant dans son cerveau, le ridicule de la situation l’amusant. Il sentit une très désagréable sensation d’être passé de force dans un tuyau trois fois trop petit pour lui, et il se retrouva… Ailleurs.

Les yeux fermés, il reconnut l’endroit aux odeurs fleuries qui l’assaillirent. La place des Hortensias. Mais que faisait-il au Pays d’Ys ? Il ouvrit les yeux, un sourire aux lèvres, et observa avec plaisir le décor qui l’entourait. Il vit alors très nettement la silhouette de sa sœur se dessiner à multiples endroits différents sur la place. Ils étaient venus ici un nombre de fois assez conséquents, et Diaval avait gardé des ces moments de très bons souvenirs.

Mais à l’ endroit préféré de sa sœur, où elle aurait dû se tenir - si elle avait encore été là - était déjà posée une autre silhouette. Une silhouette d’homme, assez mûr, ayant l’air d’attendre quelque chose, et tenant un petit cœur en mousse rouge dans une main. Hésitant, Diaval s’approcha… //


-Hrm, bonjour ! Vous attendez Loreliese ?

[Elerinna Calaelen]

// Sa rêverie s'étirait dans le temps et l'après-midi touchait presque à sa fin, si bien que Swaran commençait à croire que le jeune Diaval ne viendrait pas. Il ne lui en tenait pas rigueur, après tout, n'importe qui aurait soit fui à toute jambes, soit pouffé de rire, devant le mot d'amour qu'il avait griffonné comme un adolescent langui. Il se demandait même s'il n'était pas plus sage de s'éclipser maintenant, mais il avait toujours cet infime espoir que ce ne serait pas un jeune homme mais bel et bien la jolie Loreliese qui apparaîtrait sur la place, mot en main. //

-Hrm, bonjour ! Vous attendez Loreliese ?

// La voix l'interrompit dans ses réflexions prolixes, et il se tourna vers celui qui s'adressait à lui. Ses espoirs avaient été bien vite réduit à la réalité de l'instant, et il n'eut aucune peine à en déduire que le brun qui se tenait devant lui devait être Diaval. Il tentait d'afficher la mine la plus détendue et naturelle du monde mais il se bousculait dans son esprit des tas de questions qu'il n'oserait poser. Et si le jeune homme connaissait Loreliese ? Il s’immisçait dans leur vie privée, pénétrait dans la sphère du non-dit, et bien qu'il n'en laissait rien paraître, Swaran avait honte que quelqu'un d'autre qu'elle ait pu lire ce mot.

Pointant du doigt le papier beige que son interlocuteur tenait entre ses doigts, il acquiesça. //

- Oui, mais je suppose qu'elle ne viendra pas .. tout comme Anna dit-il en tendant la lettre écrite de la plume de Diaval.

// D'un geste amical, Swaran invita le jeune homme à s'asseoir sur le banc à côté de lui, comme pour partager sa solitude. Les deux hommes ne pouvaient que se soutenir dans un tel moment, mais ce n'était pas du style de Swaran de se morfondre. Le burlesque de la situation lui tira plutôt un sourire non-dissimulé. Ils se trouvaient plantés là, comme deux gamins fous d'amour abandonnés par leur bien-aimée. Bien-aimée qui n'avait pas même entraperçu, ne serait-ce que la couleur du billet doux écrit avec attention.

La seule bonne nouvelle était peut-être le lieu, seul ou mal accompagné, il faisait bon de flâner aux alentours de la place aux Hortensias. L'endroit était propice aux belles discussions, et c'est ainsi que Swaran s'engagea à faire la conversation avec une sincérité étonnante. //

- Plutôt cocasse n'est-ce pas ? Comme situation ? Pesant ses mots, il fit une légère pause avant de reprendre : Vous devriez lui réécrire, à Anna, la revoir avant de repartir. Je ne suis pas toujours de bon conseil et je n'ai pas pour habitude de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais s'il y a bien une chose que je sais, ce que abandonner quelqu'un sans explication est la pire des souffrances que vous pouvez lui faire endurer. Ne soyez pas ce genre d'homme, vous êtes encore jeune, et je suis certain que vous valez mieux que cela ..

// S'arrêtant dans son discours moralisateur, il se trouva un instant stupide. Comment lui pouvait-il guider un gamin à peine majeur sur le chemin des dures lois de l'amour ? Il n'avait pas son mot à dire et était tout aussi risible dans sa position de vieillard donneur de bons conseils que d'homme solitaire attendant naïvement la venue d'une femme. Il ne savait si c'était la période de l'année, sa récente rencontre ou peut-être le décor du lieu qui l'avait chamboulé, mais il se ravisa dans ses explications et conclua compendieusement par ces quelques mots. //

- Il vaut mieux prendre cette situation avec humour, ce n'est la faute de personne après tout.

// Tout en disant cela, il se mit à rire légèrement, le regard plongé dans les quelques lignes écrites par Diaval. Il riait de lui, d'eux, et se tut finalement, s'attendant très certainement à voir le jeune homme se lever du banc et passer son chemin. //

[Nighty]

// L'homme qui était assis sur le banc le regarda avec un regard décontracté, et lui répondit d’une voix emplie de regrets, tout en pointant du doigt le billet que Diaval tenait à la main.//

- Oui, mais je suppose qu'elle ne viendra pas .. tout comme Anna.

// A la fin de sa phrase il tendit à Diaval la lettre qu’il avait écrite pour Anna. Le jeune homme la saisit en rougissant, soulagé. Il s’assit à côté de l’homme sur un signe de sa part, et répondit d’une voix amusée.//

- Je ne pense pas non plus… Après tout cet embrouillement... Nous voilà assis là, à attendre deux femmes qui n’ont même pas lu un mot de nos écrits…

//Il eut un petit sourire. C’était une étrange situation que de se retrouver là, en compagnie d’un homme qu’il ne connaissait pas. Surtout dans cet endroit qu’il connaissait par cœur, et qu’il n’avait plus visité depuis la mort de sa sœur. Un endroit qu’il ne partageait d’ordinaire avec personne d’autre. Mais c’était une situation particulière, et il se sentait en paix en compagnie de l'inconnu. Étrangement cela lui faisait du bien d’être ici et de partager ce lieu avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas.//

- Plutôt cocasse n'est-ce pas ? Comme situation ?

- C’est ce que j’étais en train de me dire, répondit Diaval dans un rire. L’inconnu changea brusquement de sujet.

-Vous devriez lui réécrire, à Anna, la revoir avant de repartir. Je ne suis pas toujours de bon conseil et je n'ai pas pour habitude de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais s'il y a bien une chose que je sais, c’est qu’abandonner quelqu'un sans explication est la pire des souffrances que vous pouvez lui faire endurer. Ne soyez pas ce genre d'homme, vous êtes encore jeune, et je suis certain que vous valez mieux que cela ..

// Diaval eut un sourire incertain. L’homme avait raison. Mais il ne savait pas si Anna l’accueillerait les bras ouverts… Il était sûr que non en fait. Et qui sait, elle avait peut-être changé, et n’était désormais plus ce quelle était avant ? Et lui, lui qui était parti si peu de temps, avait énormément changé… Peut-être qu’Anna ne l’aimait plus, ne l’aimerait plus. Peut-être qu’elle avait déjà trouvé quelqu’un d’autre. //

-Je doute que ça soit une bonne idée… Je devrais sans doute aller lui dire au revoir avant de repartir, mais je ne pense pas que notre relation redevienne comme avant… Quant à vous, vous devriez aller donner votre billet à Loreliese, vous ne croyez pas ? Ce n’est pas pour me mêler de vos affaires, mais je pense que c’est ce que vous devriez faire… Ou alors lui proposer un rendez-vous ?

//Diaval eut un regard incertain. Il espérait n’avoir pas froissé l’inconnu. Il se mordilla la lèvre, ne sachant que dire de plus. Il hésita avant de reprendre la parole.//

-Je ne suis qu’un jeune homme, mais je connais l’amour. Un peu.

// Le jeune homme lança un regard en coin à l’inconnu. Il paraissait absorbé dans ses pensées, loin de tout, et serrait contre son cœur le doux billet qu’il avait écrit à Loreliese. Diaval crispa les doigts sur sa propre lettre d’amour, et son regard se fixa sur un hortensia proche de lui. Si seulement ils avaient eu un thaumaturge sous les mains, cela aurait arrangé tout leurs soucis. Diaval eut un demi sourire. Hélas il ne l’était pas, et il doutait que l’inconnu le fut. Son regard se perdit dans le vide.

Sur a place des Hortensias, un banc. Sur ce banc, deux hommes. Songeurs. Le soleil couchant.//