Bibliothèque

[Ryo]

// Pendant sa confrontation avec Amarel, Ryô n'entendit pas July qui tentait de dire que ce n'était rien.

Et quand il s'était rendu compte de de sa situation, il se retrancha, ne sachant pas comment rattraper ses erreurs, tout honteux, n'osant plus croiser un seul regard, allant même jusqu'à reculer un peu.

Pourquoi avait-il réagi comme ça ? Il n'en savait fichtre rien. July ne courait pourtant aucun danger, à un mètre du sol, franchement, elle n'aurait rien eu de cassé. Alors pourquoi s'était-il affolé ainsi et avait dut coup instinctivement et par réflexe tout mettre en œuvre pour qui ne lui arrive rien de mal ? Oui, bon, il aurait pu l'aider d'une manière plus normale, Ryô ne comprenait toujours pas pourquoi est-ce qu'il avait pris peur pour si peu. Peut-être parce qu'il ne s'était pas attendu au sortilège lancé par Amarel. Oui, ça devait être ça. Il avait presque cru qu'il allait l'attaquer, carrément. Quand il avait vu cette sorte de lame magique surgir d'un seul coup et se diriger vers July, oui, ça devait être ça, ne sachant pas les véritables intentions d'Amarel, Ryô avait cru qu'il l'attaquait froidement. Après tout, il avait bien tué quelqu'un par le passé...
ça devait être ça. Qui avait dû déclencher cette soudaine peur de voir quelqu'un se faire blesser plus ou moins gravement, et qui avait du coup fait réagir Ryô d'une manière plutôt virulente envers Amarel...

Se morfondant, à présent à genoux sur le sol, la tête basse, une bonne partie de son visage étant du coup dissimulé par les longues mèches de sa frange, Ryô se contenait de nouveau. Il pestait, intérieurement. Non, décidément, il ne pouvait plus faire confiance à qui que ce soit...

Mais un contact l'interrompit tout à coup de ses sombres pensées : //

- Hmm, tu tiens mal ta baguette ! En plus tu trembles ! Laisses moi t'aider !

** Je...tremble ? **

// S'il avait été dans son état normal, il aurait fait comme à son arrivée, il aurait joué la mauvaise foi pour tenter de dissimuler l'embarras qui lui montait. Comme quoi, autant il pouvait se montrer genre "je vais de l'avant, je n'ai peur de rien", autant il pouvait se montrer assez timide.

Elle lui saisissait la main... il se releva, d'abord sans rien dire, il n'arrivait pas à sortir une réplique cette fois. Ainsi, son ressenti se voyait tant que ça ? Ryô jura mentalement. Il n'avait jamais trop aimé qu'on puisse le mettre à jour, par crainte de ce qu'on pourrait penser. Mais à sa surprise... July ne critiqua rien du tout. Elle le faisait juste remarquer.

"Reparo", il avait "réappris" cette formule avec Franck, pour réparer son traducteur. Mais tous les professeurs de magie le disaient, quelle que soit la matière : si on n'était pas concentré, le sort ne pouvait pas s'enclencher. Et comme en cet instant précis, l'esprit de Ryô était encore parasité par ce qu'il venait de vivre et qui l'avait quand même plus touché que ce qu'il laissait croire, du coup, pas concentré, alors sort raté. Enfin, non, même pas raté il n'avait même plus réussi à formuler l'incantation...

Mais il n'osa rien dire, ni se retirer, il... la laissa faire, il ne savait surtout pas du tout comment réagir. Il se sentait plutôt étrange, là. Vraiment. Il y avait quelques différences, certes, mais certaines attitudes de July et certains éléments de sa façon d'être... lui rappelaient étrangement quelqu'un qu'il avait connu... quelqu'un pour qui il s'était pris énormément d'estime. Voire même beaucoup trop. Et pour cause. Il s'agissait de son ex. "Ex", pas parce qu'ils s'étaient séparés suite à des déceptions, loin de là. Ils voyaient trop l'un et l'autre pour pouvoir être capables de se séparer pour des broutilles, sinon, avec le caractère impulsif de Ryô, ça n'aurait pas fait long feu. A tel point qu'on se disait que rien n'arriverait à les séparer. Et pourtant. Personne n'avait pensé à la seule chose qui avait rompu ce lien si fort, tant c'était de la logique pure : la mort. Pas violente, mais lente. Et elle avait réussi à rester paisible jusqu'au bout, refusant absolument de se morfondre ou de s'apitoyer. Ryô se souvenait comme si c'était hier de leurs derniers instants ensemble. Ayumi tenait à ce qu'il soit à ses côtés jusqu'au bout. Il l'avait fait. Elle lui avait demandé de sourire, voulant partir avec une bonne image. Ryô avait eu énormément de mal, tant son cœur était en pièce à ce moment-là. Mais il s'était quand même forcé. Même si c'en n'avait pas été un vrai, Aymu lui avait offert un sourire radieux, en lui disant qu'elle était heureuse, de tout ce qu'il avait pu lui offrir. N'en pouvant plus tant sa peine était forte, Ryô l'avait soudainement prise dans ses bras, et Ayumi s'étaient éteinte là. Avec un visage paisible. Contrairement à lui qui s'était alors mis à verser des larmes silencieuses. En repensant à tout ce qu'ils avaient vécu ensemble.

Ryô l'avait aimé pour son fort caractère. Au moindre affront, elle répondait, exactement comme July. Elle avait aussi la même passion que Ryô, c'était d'ailleurs lors d'un match qu'ils s'étaient rencontrés. Ils avaient dû s'affronter, et c'était ainsi que tout avait commencé... mais elle était morte. Dans des circonstances mystérieuses.
Enfin, mystérieuses, Ryô se disait qu'il devait le savoir, vu le ressenti qu'il en avait chaque fois qu'il y repensait, mais ça devait appartenir aux souvenirs du monde magique parce qu'il lui était impossible de les deviner. Là, c'était encore "circonstances étranges jamais résolus". Mais à force, et surtout depuis que Ryô avait réapprit l'existence de ce monde, il supposait, et tirait des conclusions.

Ryô secoua la tête, râlant contre lui-même mentalement, se demandant pourquoi est-ce qu'il se remettait à y repenser, tout à coup. //

** Pff, je suis vraiment nul, c'est de l'histoire ancienne, ça sert à rien d'y repenser, faut passer à autre chose, voilà ! **

// La table se remit comme neuve. Bon, au moins, c'était pratique, comme ça, rien à rembourser. Ryô préférait mettre le peu qu'il avait de côté dans l'espoir de pouvoir se reconstruire une vie à peu près normale. //

- Merci, Andrews. C'est... sympa de ta part.

// Quand elle lui fit ensuite la remarque sur sa dernière phrase d'avant, il lui répondit, le regard vers la table, évasif : //

- Chaque fois... que je m'attache à quelqu'un... ça finit mal. Tous les gens que j'ai admiré... ils m'ont quitté. Et là, ça recommence. J'en ai assez, de tout ça.

// Puis, se rappelant des rudes paroles d'Amarel, il demanda simplement : //

- Euh... au fait... ça signifie quoi "Cracmol" et "Sang-de-Bourbe" ?

// En fait, il devait parfaitement le savoir, vu qu'il avait quand même lu la saga d'Harry Potter comme un grand nombre, mais entre les deux langues, trouver des équivalents pour certains mots étaient parfois assez compliqué... et certains noms changeait radicalement. C'était surtout ça, en fait. Mais comme il comprenait le reste, de toute façon, il écouterait et du coup retrouverait la propre définition qu'il avait lui. //

[July Andrews]

- Merci, Andrews. C'est...sympa de ta part.

// July était elle aussi des ses pensées, comme toujours d'ailleurs, et quant elle entendit Ryo Masaki la remercier alors elle retrouva sa maladresse habituelle et sa bonne humeur. //

- Hmmm... De rien ! C'est logique après tout c'est mon boulot d'aider ! Enfin je ne veux pas dire que... Je n'aime pas ça bien au contraire, héhé euh... Désolée.

// C'était nul et elle le savait, elle voulait apaiser le japonais mais malheureusement elle ne le connaissait pas assez pour savoir comment faire. Ryo continua sur sa lancée. //

- Chaque fois...que je m'attache à quelqu'un... ça finit mal. Tous les gens que j'ai admiré... ils m'ont quitté. Et là, ça recommence. J'en ai assez, de tout ça.

- Oh... Mais peut-être que... Enfin je veux dire, c'est le destin ! On ne peux rien y faire malheureusement, il faut savoir vivre avec son temps et aller de l'avant ! Sinon on est complètement perdu ! Tu es en Angleterre maintenant, je ne connais rien de ton passé. Mais ici tu recommences une nouvelle vie.

// Elle se rapprocha de lui et le défia du regard. //

- C'est complètement différent ! Tu rencontreras d'autres gens et tu créeras de nouveaux liens j'en suis certaine ! Et si il faut te pousser alors je n'hésiterai pas à te donner des coups de baguette !

// Puis il sembla de se souvenir de quelque chose et orienta la conversation vers un autre but : //

- Euh... au fait... ça signifie quoi "Cracmol" et "Sang-de-Bourbe" ?

- Euh ... Bon d'accord je vais t'expliquer mais pas ici ! Allez viens ! Si on reste ici on va avoir des ennuis !

// Elle lui tira la langue, complice, July connaissait que trop bien les ennuis en ce moment et elle ne voulait pas entrainer Ryo là dedans déjà qu'il était nouveau et que c'était pas facile pour lui ! Pour autant, elle ne voulait pas en rester là, elle eut une idée. //

- J'espère que tu as soif ! On va aux Trois-Balais ! Et c'est moi qui régale !

// Elle le prit par la main et le conduisit hors de la bibliothèque, provoquant ainsi le regard de certains élèves curieux et provoqua l'étonnement général de ses ami(e)s. //

[HRP : La suite]

[Arsenic Rosidae]

// Assise le plus loin possible des autres élèves présents, Arsenic s'évertuait à rester concentrée sur un ouvrage de Racine, un auteur moldu de renommée. Pourtant, ses yeux ne faisaient que parcourir les pages noircies de mots, sans réellement en capter le sens. Son esprit vagabondait ailleurs, entraîné par le silence pesant de la bibliothèque. Elle se remémorait la lettre qu'elle avait reçue le matin même, envoyée par ses parents. Son père parlait toujours autant de lui, s'inquiétait toujours autant pour elle et aimait toujours autant sa femme. Sa mère, quant à elle, se confiait toujours aussi peu. Elle ne faisait pas confiance aux mots écrits, elle préférait s'exprimer de vive voix. Arsenic retint un sourire en pensant à l'appareil photo qu'ils lui avaient envoyé. Elle allait devoir photographier tout le château pour que ses parents soient pleinement satisfaits. Déjà, elle avait immortalisé Kalevala ce matin. Les deux iris jaune de la chouette lapone tranchaient net l'image ; on ne voyait qu'eux. Elle décida de faire de même avec Hander, quoi de mieux qu'une photo d'un immonde elfe encadré au-dessus de votre cheminée ? Et pourquoi pas la blonde aussi, celle qu'elle croisait sans arrêt ces derniers temps. Les yeux de la Serpentarde se fermaient au fur et à mesure qu'elle énumérait tout ce qu'elle pouvait photographier. Le silence était de mise ici, et cela n'arrangeait pas son état de somnolence. Seul un borborygme brisa la tranquillité ; elle n'avait sans doute pas digérer son petit-déjeuner. Personne n'eut l'air d'y prêter attention. Arsenic posa sa tête sur l'ouvrage qu'elle n'arrivait pas à lire et ferma ses paupières. //

[Ancien(ne)]

// Traversant le flot incessant des élèves d'un pas gracieux, Lundi se dirigeait vers la bibliothèque. Bien qu'elle appréciait énormément l'atmosphère paisible et solennelle de ce lieu, ce n'était pas par plaisir qu'elle s'y rendait aujourd'hui. En effet la jeune serpentarde avait un devoir sur la sémantique des graphèmes à rendre pour le lendemain et elle n'avait toujours pas commencé. De façon générale la demoiselle n'était pas vraiment une grande amatrice des rédactions mais c'était encore plus vrai quand il s'agissait des graphèmes matière qu'elle abhorrait tout particulièrement. C'est donc à contre coeur qu'elle poussa la porte en bois donnant accès à la bibliothèque.
Lundi s'arrêta un instant pour profiter de l'odeur délicate des livres anciens puis silencieusement elle commença à arpenter les rayons. Sans trop y réfléchir, elle se dirigea vers l'étagère contenant les ouvrages traitant de métamorphose. C'était probablement la matière qu'elle aimait le plus, cette science était tout à fait passionnante. De son doigt fins, elle parcourrut les tranches des livres "Métamorphoses animales pour sorciers de second cycle" "Comment pratiquer la micrométamorphose sans dénaturation des particules" "Petit précis de métamorphose de poche". Tout cela semblait si intéressant, que la brune faillit craquer et emprunter l'un de ces livres. Juste à temps, elle se reprit, elle n'était pas ici pour ça, elle avait un devoir à faire! D'un pas qui se voulait décidé et assuré, elle quitta donc son rayon favoris pour se diriger vers celui des graphème.
Une fois devant la bonne étagère, la jeune fille attrapa trois bouquins énormes qu'elle porta avec difficulté jusqu'à la table vide la plus proche. Là, elle sortit un rouleau de parchemin et une plume et commença à travailler.
Le sujet ne la passionnant pas vraiment, Lundi relevait assez fréquemment la tête pour observer ce qui se passait autour d'elle. C'est ainsi qu'elle remarqua Arsenic, une condisciple serpentarde. //

[Arsenic Rosidae]

// Lorsqu'elle émergea de son court sommeil, Arsenic se sentit en pleine forme. Elle referma vivement le livre sur lequel elle s'était endormie et s'étira. C'est alors qu'elle remarqua deux yeux marron - presque noir - posés sur elle. Ils appartenaient à la Serpentarde que la jeune Rosidae avait déjà croisé plusieurs fois dans la Salle Commune et, plus récemment, au club pour la chorale. Elle avait de longs cheveux bruns, raides et dégageait une beauté sûre. Elle était assise à une table, entourée de trois imposants volumes. Sa main tenait une plume au-dessus d'un parchemin déjà bien entamé. Arsenic soutint le regard quelques instants avant de pencher sa tête sur le côté droit. Elle s'étira une dernière fois. Ses jambes étaient endolories ; elle détestait cette sensation de chatouillement incontrôlable. Elle se leva, attrapa son livre et alla le ranger à sa place. La vert et argent se balada parmi les étagères, souriant à plusieurs reprises à la lecture de certains titres. Finalement, elle en prit un au hasard et rejoignit la table de sa camarade. Elle s'assit en face, posant ses coudes sur la table et tenant son visage d'albâtre entre ses paumes. Son regard bistre était calme, peu enclin à l'agressivité. Elle détailla longuement sa condisciple avant d'entreprendre la lecture de son livre. Elle tourna les pages, peu intéressée. Soudain, elle lut à haute voix ce qui se dessinait sous ses yeux. //

- L'espèce Mus-Mus-Musculus est souvent appelée par son nom vernaculaire : souris... Cela me fait penser au faux-acacia. Je trouve triste que l'on change leur nom. Le faux-acacia n'a jamais demandé à devenir une copie d'un autre arbre ; c'est pourquoi je l'appelle toujours de son vrai nom : le robinier.

// Arsenic riait intérieurement. Ses phrases n'étaient pas intéressantes, presque dénuées de sens. Mais pour étudier une personne, la jeune femme aux cheveux rouges avait presque toujours usé de drôles de stratagèmes. Elle releva les yeux vers sa camarade, affichant le plus courtois des sourires. //

[Ancien(ne)]

// Lorsque Arsenic vint s'asseoir en face de Lundi plutôt que de retourner à sa place, la brune au regard sombre arqua un sourcil d'interrogation mais ne laissa pas plus paraître sa surprise. Observer et improviser après, fut la stratégie que la demoiselle choisit ce pourquoi elle garda le silence plutôt que de faire une quelconque remarque .
Avant de se consacrer à sa lecture Arsenic passa un long moment à examiner Lundi. Sans broncher la jeune fille soutint son regard jusqu'à ce que celle ci baisse les yeux puis commence enfin à s’intéresser au livre qu'elle venait d'emprunter.
Avec un sourire, Lundi se dit qu'elle venait probablement de passer une sorte de test. L'avait-elle réussit elle l'ignorait mais en tout cas cela l'amusait.
Ne voulant pas perde de temps, la cinquième année reporta elle aussi son attention sur son livre et continua son devoir.
Sa concentration fut de courte durée puisque soudain Arsenic rompit le silence. Les lèvres de Lundi s'étirèrent en un discret sourire. Quelle magnifique début de conversation, pensa-t-elle. //

- Le nom n'est qu'une facette. Personne ne peut être défini que par son nom, c'est seulement une façon pour les gens de tout classé dans des boîtes. Le désordre ça fait peur. On a inventé pas moins de 23façons d'analyser les graphème : il existe la méthode sémantique, l'approche anthropologique, l'analyse stratigraphique, la décomposition géométrique, et je te passe les 19 autres qui restent ...

// Leur conversation n'avait pas vraiment de sens pourtant c'était la première fois depuis qu'elle était à Poudlard que Lundi prenait plaisir à bavarder. //

[Arsenic Rosidae]

- Le nom n'est qu'une facette. Personne ne peut être défini que par son nom, c'est seulement une façon pour les gens de tout classé dans des boîtes. Le désordre ça fait peur. On a inventé pas moins de 23 façons d'analyser les graphème : il existe la méthode sémantique, l'approche anthropologique, l'analyse stratigraphique, la décomposition géométrique, et je te passe les 19 autres qui restent ...

// Pour la première fois depuis bien longtemps, une personne répondait aux phrases futiles d'Arsenic. Cette dernière leva un court instant les yeux du livre peu passionnant qu'elle avait pris au hasard. Son regard, d'habitude bistre, était d'une teinte anthracite. Ses lèvres roses s'étendirent en un fin sourire, presque imperceptible. Elle retourna ensuite à la contemplation des mots qui s'étalaient devant son visage, jouant d'une façon désinvolte avec ses cheveux rouges, nattés des deux côtés de son visage d'albâtre. Les yeux toujours baissés, elle murmura : //

- Quand j'étais petite, je jouais au ballon. Et souvent, je rentrais à la maison les mains ensanglantées. C'est douloureux de jouer au ballon. Tu savais que le sang sur une face non plane ne s'écoule pas tellement ? Comme si toutes les petites cellules rouges restaient en groupe, incapables de se séparer. C'est un peu comme nos doigts : tu en plies un, les autres suivent.

// Et comme pour confirmer ses dires, la jeune Rosidae plia son index vers sa paume et elle sourit lorsque les autres doigts imitèrent le mouvement. Elle resta quelques instants ainsi, à considérer son poing fermé, ses ongles ficher dans la paume. Lorsqu'elle rouvrit la main, une petite plume blanche tachetée de noir s'accrochait à l'extrémité de ses doigts. Arsenic s'en amusa ; la penne avait du tomber de sa manche. Elle joua avec, soufflant dessus par moment et la faisant passer sur ses paupières à d'autres. Lorsqu'elle s'arrêta, elle tendit la plume à sa camarade. //

- Je suis d'accord. Je ne me souviens jamais des noms des hommes insignifiants ; un visage est bien plus aisé à mémoriser. En revanche, les animaux et les plantes méritent d'être appelés par leur cryptonyme.

[Ancien(ne)]

// C'était comme un jeu : les deux serpentardes s'observaient, chacune analysant les réactions de l'autre. Lundi avait l'impression qu'il y avait là bien plus qu'une conversation futile, mais qu'il fallait décrypter les informations, aller derrières les apparences. Ainsi en réponse à l'histoire d'Arsenic et de son ballon, la brune gracile dévoila ce qui devait être sa phrase préférée : //

- La vérité est illusion et l'illusion est vérité.

// Avec attention, elle observa Arsenic plier ses doigts. Ce qu'elle énonçait ne s'appliquait pas vraiment à Lundi. En effet la jeune Fallacy pouvait plier parfaitement chacun de ses doigts sans que les autres ne fassent l'ombre d'un mouvement. Ce n'était bien sur pas naturel mais le fruit d'un entrainement acharné. Pour pratiquer la magie moldue, il faut être habile et agile de ses mains, Jeremy lui avait enseigné cela à la perfection.
Pourtant lundi ne dit rien, se contentant de regarder, un air énigmatique planant sur le visage. Soudain tout changea. Une plume fourbe et mesquine fit son apparition. Lundi se glaça. //

** Ne fais pas l'imbécile. Ce n'est qu'une plume. Il ne peut rien t'arriver, aucun oiseau n'est dans le coin. **

// Bien que sentant la panique l'envahir, la jeune serpentarde prit grand soin de ne rien laissé paraître. Elle devait juste sembler un peu plus figée. Brutalement Arsenic arrêta de jouer et lui tendit l'objet tant redouté. Lundi ne put rien faire de plus que d'observer alternativement la plume et la serpentarde avant de déclarer finalement d'une voix froide : //

-Les oiseaux sont un vecteur très important de maladies. Même les pigeons sont dangereux. Tu as déjà entendu parler de l'ornithose des pigeons? de la cryptococcidiose? de la toxoplasmose? de la maladie de Newcastle?

// Ce n'était pas des maladies dont elle avait peur, mais au moins c'était une raison logique. //

[Arsenic Rosidae]

// Arsenic attendait patiemment que sa camarade prît la plume. Son bras était tendu vers elle, retroussant légèrement les manches de son pull et laissant apparaitre les premières cicatrices en forme de serre. Les yeux de la brune allèrent de la plume à la jeune Rosidae, puis elle parla : //

- Les oiseaux sont un vecteur très important de maladies. Même les pigeons sont dangereux. Tu as déjà entendu parler de l'ornithose des pigeons? de la cryptococcidiose? de la toxoplasmose? de la maladie de Newcastle?

// La septième année ne fit aucun commentaire et se contenta de ramener son bras contre elle. Elle fit glisser la plume entre ses doigts, avant de, finalement, se la planter dans la main. Elle appuya si fort que sa peau rougit et qu'une goutte de sang perla. Lorsqu'elle releva la plume, le liquide cramoisi imbibait le bout de la penne. Arsenic se pencha sur la table, de façon à atteindre le parchemin de sa camarade et, sans lui demander son avis, écrivit quelques mots avec la plume et son sang. //

Aves pulchra.

// Lorsqu'elle se retira, un petit sourire fendait son visage. Elle pencha sa tête vers la droite et ajouta : //

- Pourtant, depuis tout à l'heure tu tiens une plume. Tu écris même avec.

// Arsenic ria faiblement ; elle passa la plume blanche ensanglantée dans ses cheveux peu coiffés et la coinça dans le ruban qui les maintenait en couette. Elle regarda ensuite aux alentours, remarquant que la bibliothèque se vidait peu à peu. Elle n'avait pas envie de se lever, elle se sentait plutôt bien ici, avec une autre fille bien étrange. //

[Ancien(ne)]

// Lundi n'aimait pas ça,elle était en position de faiblesse. La conversation si plaisante quelques instants auparavant c'était soudain transformé en cauchemar. A l'abris des regards sous la table le poing gauche de la jeune serpentarde se serra de colère mais sur son visage rien ne laissait paraître le trouble qui l'habitait. C'est même avec un léger sourire qu'elle répliqua : //

- De ma plume il ne reste que la partie centrale et le calamus. J'ai enlevé toutes les barbes et barbules souvenirs que cet objet fit autre fois partie de l'une de ces vils créatures.

// Tout en parlant, Lundi commença à jouer nonchalamment avec sa plume. Il était bien vrai que celle qu'elle utilisait n'était pas semblables aux plumes habituelles, elle ressemblait plutôt à un crayon moldu puisqu'il ne restait que la tige.
La brune au regard fier baissa ensuite les yeux sur les mots en lettre de sang qu'Arsenic avait tracé. Elle n'avait jamais été très douée en latin mais il lui semblait que cela signifiait "bel oiseau". Provocation ?, se demanda-t-elle. //

-Si le nom ne révèle rien, je pense que le sang est le miroir de l'âme. Il ne cache rien, il dévoile tout ...

// La jeune Fallacy avait l'impression de marcher sur un fil. Elle venait de se rattraper in extremis mais le vide était toujours présent sous ses pieds, prêt à la happer. Il fallait qu'elle soit prudente et qu'elle manie les mots avec agilité. Sa voisine, sous ses airs innocents, n'était pas dupe et elle ne manquerait pas de remarquer ses faiblesses.
Il aurait été plus simple de fuir, mais Lundi n'en avait pas envie. //