// Cela faisait un an. Un an. La blessure était toujours là, mais elle commençait à guérir. Elle ne se refermerait jamais, le manque serait toujours là, mais au moins, les larmes s’étaient taries, et le manque commençait à se faire moins présent. Diaval eut un petit sourire. Elle ne disparaîtrait jamais. Il l’aimerait toujours, même au-delà de la mort. Levant la tête vers le ciel, Diaval visualisa l’image de sa sœur. //
**Ou que tu sois, je ne t’oublie pas. Reste en paix ma sœur, tu seras toujours dans mon cœur. J’espère que tu vas bien… **
// Le jeune homme regarda à nouveau devant lui et reprit sa marche. Tout devant s’élevait le château de Poudlard, droit et fier. Diaval eut un pincement au cœur, et une vague de souvenirs le submergea. C’était la première fois qu’il revenait ici depuis la mort de sa sœur. Et rien n’avait l’air d’avoir changé, si ce n’est qu’il manquait un sourire lumineux parmi les élèves.
Pendant de longues minutes, Diaval vagabonda dans le parc du château, se remémorant ce qu’il avait vécu dans ces lieux une année plus tôt. Il visualisa avec tendresse les rires avec sa sœur et ses amis, les combats qu’ils avaient fait pour s’entraîner, les parties d’échec, les devoirs qu’ils faisaient ensemble, sous le cerisier qui dansait dans le vent, juste au bord du lac. Et puis il se souvint des scènes qu’il avait vues, malencontreusement.
Sa sœur avec ce grand type, le Serpentard qu’il avait fini par détester. Les combats qu’elle faisait avec lui, le temps qu’elle passait dans ses bras, à regarder les étoiles, délaissant son frère. Oh ça, Diaval comprenait, il ne lui en avait pas voulu. Il trouvait cependant que ce garçon avait quelque chose d’étrange, de pesant dans son être. Puis il avait fini par s’habituer à la constante présence du Serpentard, et à la demande de sa sœur, avait appris à mieux le connaître, jusqu’à devenir ami avec lui.
C’était un ami… Différent de tous ceux qu’ils avaient jusque là, et Diaval, enjoué et compréhensif, ne manquait pas d’amis, plus ou moins fidèles. Mais ce Serpentard était différent. Sombre et lumineux en même temps, triste et joyeux, coléreux et tendre. En présence de la sœur de Diaval, tous les bons côtés ressortaient, et il gardait le sourire. Et puis parfois, il se montrait distant, mauvais et noir. Diaval avait d’abord eu du mal avec ces changements d’humeur, puis il s’était habitué, et avait fini par comprendre que quelque chose était arrivé à ce garçon alors qu’il était plus jeune. Il avait aussi compris que sa sœur était ce qui avait ramené le bon en son ami. Il avait été encore plus fier de sa sœur.
Mais s’il était venu à Poudlard ce jour précis, ce n’était pas seulement pour les souvenirs. Il avait entendu dire que Cupidon était de passage dans l’école, et qu’il avait bien l’intention de célébrer la fête de l’amour comme il se devait dans l’enceinte du château. Diaval avait alors pris sa décision. Lorsque sa sœur était morte, et que sa famille et lui étaient partis au Pays d’Ys, il avait laissé beaucoup de gens derrière lui, sans se retourner, empli de douleur. Mais maintenant qu’il commençait à aller mieux, ses amis lui manquaient, et elle lui manquait aussi. Elle. Anna. Aussi douce et belle que son nom. Il l’avait rencontré en quatrième année, et ils s’étaient avoué leur amour lors de leur cinquième année. A partir de cet instant, ils avaient vécu une idylle des plus tendres et délicates, entre les rires et les baisers, les larmes et les étreintes.
Et la magnifique jeune fille lui manquait aujourd’hui, c’est pourquoi il avait décidé de la reconquérir. Serré contre lui, il tenait sa déclaration. La deuxième qu’il allait lui offrir. Il la déplia une énième fois, et une énième fois, la relut, peu sûr de lui. //
« Chère Anna,
Je prie pour que tu te souviennes de moi, qui suis parti il y a de cela une année. Je n’ai aucune excuse, si ce n’est que ma douleur a surpassé toutes mes autres émotions. Je m’en veux d’être parti sans même un au revoir, je m’en veux de ne t’avoir pas aimé comme il fallait durant cette année passée loin de toi. Sache juste qu’à chaque seconde tu m’as manquée, qu’à chaque seconde loin de tes bras mon cœur a souffert. J’aimerais que nous recommencions… Je suis de retour dans le Monde certain pour quelques jours, et si tu veux de moi, je serai là pour toi, à jamais. Je t’aime Anna.
Si tu acceptes de retenter l’aventure, rejoins-moi à 20h sous le cerisier, au bord du lac.
Diaval. »
// Hésitant, Diaval replia la petite feuille, et, marchant doucement se dirigea vers la Grande Salle. Il poussa la lourde porte de la salle tout doucement, et y entra encore plus doucement, ses pieds le portant à peine. Qu’allait dire Anna ? Et si elle ne l’aimait plus ? Si elle l’avait oublié ? Et si elle avait trouvé quelqu’un d’autre ? Devant l’énorme sacoche rose posée contre un mur, Diaval resta indécis, le bras tendu, la lettre serrée dans le poing qui attendait, au bout de son bras. Le jeune homme inspira à fond avant de fermer les yeux et de laisser tomber la lettre dans le sac.
Il rouvrit les yeux, passablement affolé. Mais qu’avait-il fait ? Il s’avança, comme pour récupérer sa lettre, mais réalisa qu’il serait impossible de la retrouver parmi toutes les autres lettres qui s’y trouvaient. Angoissé, un sourire crispé aux lèvres, Diaval recula, empli de regrets.
Puis il se détendit. De toutes manières, c’était fait, il n’y pouvait plus rien. Restait à voir si Anna allait venir au rendez-vous qu’il lui avait donné… //
