Près du Lac, au Pied d'un Hêtre

[Zougui Akane]

// Ses yeux d'émeraude toujours posé sur l'océan miroitant qu'était le lac, Zougui entendit la jeune japonaise s'épousseter furieusement. Elle se souvenait l'avoir vue un jour dans la salle commune clouer le bec à un quéqué qui lui avait fait une remarque pas très sympathique. Une seule réplique, prononcée sur un ton menaçant, l'avait fait déguerpir rapidement. C'était peut-être le seul évènement intéressant qu'elle avait vu ce jour-là d'ailleurs.
Parfois, lorsqu'on a l'habitude d'observer les gens, leurs réactions, leurs regards, on peut facilement voir à travers eux et déterminer leur personnalité. Mais à force de lire les gens et à deviner leurs qualités et leurs défauts, on finit par ne plus vouloir fréquenter personne. C'était tellement lassant de lire à travers leurs jeux.
Sur cette réflexion qui n'avait rien à voir avec la situation présente, la préfète sortit de ses pensées en entendant la voix de sa condisciple, qui semblait légèrement agacée. //

- D’accord, j’ai été un peu agressive. En plus, je comptais te faire dégager de mon endroit favori pour tout t'avouer, alors que tu as autant le droit que moi d’être ici. Mais tu pourrais au moins me regarder quand tu me parles. Je vaux mieux qu’un lac quand même !

// Le ton indigné sur lequel fut prononcé la dernière phrase tira un sourire ironique à Zougui. Elle se s'attendait pas à ce que ce soit sa condisciple qui lui dise cela. Elle venait de dire tout haut ce que sûrement beaucoup de monde pensait tout bas. Elle était tout d'abord étonnée à ce que la jeune japonaise reconnaisse aussi facilement avoir été agressive injustement, mais aussi à cause de sa franchise. Quelque part au fond d'elle, sans qu'elle sache pourquoi, une pensée lui traversa l'esprit. Une pensée qu'elle n'avait pas eu depuis longtemps. //

** Je l'aime bien, elle. **

// Parfois, ce sont les rencontres les plus incongrues qui nous marque le plus. Cela n'avait-il pas été le cas avec Emy et Sally, quelques années auparavant ? Zougui, toujours le regard perdu dans le vague, aperçut au loin le garde-chasse déployer une bâche au-dessus de son potager. Sage décision avec la période de gel qui s'annonçait. Gordon était peut-être moins bête qu'elle le pensait. Enfin, s'il était intelligent, il ne serait pas garde-chasse. Contempler les paysages noyés dans la brume lui donnait une impression de calme, de sérénité. Peut-être était-ce dû à la hauteur du lieu qui lui donnait une vue d'ensemble. //

- Enfin, quelque part je te comprends. C’est un endroit magique. Ici, on peut s’évader et tout oublier…

// Enfin, la serdaigloise tourna son regard émeraude vers sa condisciple. Elle avait tellement raison. S'isoler ainsi, comme à l'abri des gens ou de quelques mauvais souvenirs, Zougui en avait l'habitude. Peut-être que se réfugier de telle façon qu'on ne la trouve pas, était un moyen de se fuir elle-même, elle l'ignorait.
Le calme était revenu dans la voix de la jeune japonaise mais était-ce une pointe de tristesse qui y perçait ? Avait-elle, comme Zougui, des évènements douloureux à oublier ? Des cauchemars à surmonter ?
Sans qu'une quelconque émotion ne vienne se peindre sur son visage, Zougui avisa une branche non loin d'elle. Sans répondre vraiment aux dernières paroles de sa condisciple, elle s'adressa à elle. //

- Tu sais, cet arbre a plusieurs branches. Il y a largement assez de place pour deux.

// Ni joie, ni peine dans cette voix qui se révélait aussi vide de sentiments que son visage. Ni obligation, ni rejet. Un simple choix que la Serdaigle au pied de l'arbre avait la liberté d'accepter ou de refuser.
Zougui ne forçait jamais les gens à se confier, mais ne les rejetait pas non plus. Elle ne jugeait pas et se contentait d'écouter la plupart du temps. Parfois cela suffisait. Et même si les gens ne disaient rien, se sentir proche de quelqu'un, de quelque manière que ce soit, les aider à surmonter leurs épreuves. Les mots n'étaient pas toujours nécessaires... //

[Kaoru Ishikawa]

// Dans le silence qui s’était installé, son regard s’était perdu dans les sombres méandres du lac. Celui-ci était particulièrement agité sous l’effet du vent, et l’eau remuait vivement à l’interface entre lac et rive. //

« Tu sais, cet arbre a plusieurs branches. Il y a largement assez de place pour deux. »

// Surprise, Kaoru dévisagea sa Préfète. Sa réaction l’avait prise au dépourvu. Elle pensait se heurter au silence, à l’indifférence. Elle ne s’était pas attendue à une telle invitation. Certes, le son de sa voix était aussi accueillant qu’un troll des montagnes, mais elle appréciait son geste, d’autant plus qu’elle-même n’aimait pas être dérangée dans ses moments de solitude. Passé cet instant des plus agréables, la phrase de Zougui prit tout son sens. L’arbre… Elle allait devoir monter dans l’arbre ! //

« Oh… Euh… C’est-à-dire que… »

// Brillant, vraiment. Pour la deuxième fois en un temps record, elle allait se couvrir de ridicule. Kaoru balaya l’arbre gigantesque du regard, réfléchissant à la meilleure attitude à adopter. Ce n’était pas un problème de muscles, ça elle en avait, simplement un petit problème de vertige. Ce n’était pas systématique, mais la jeune fille n’était pas sûre de vouloir tenter l’expérience, surtout avec un vent pareil. Déraper et se briser le cou ne faisaient pas partie de ses priorités. Mais d’un autre côté, elle avait besoin de se détendre, et il n’y avait qu’ici qu’elle y arrivait. Ah que la vie était compliquée ! Si elle avait eu la taille du géant Pantagruel, elle n’aurait guère eu à se poser toutes ces questions.

Pas très rassurée, Kaoru finit par prendre sa décision – après tout, son père lui répétait sans cesse qu’il fallait essayer de dépasser ses limites - et s’approcha de l’arbre. Elle avisa une branche basse et se hissa dessus à la force de ses bras, en s’efforçant de ne pas laisser son regard dériver vers le sol. Elle eut un léger accès de panique au moment de grimper sur la branche suivante, mais grâce aux exercices de méditation qu’elle pratiquait régulièrement, elle réussit à se maîtriser et continua son ascension. Contrairement à Zougui, elle s’arrêta avant le sommet, sur une branche suffisamment proche de la sienne.

Elle resta silencieuse quelques minutes, le temps qu’elle s’habitue à être en hauteur. Si elle faisait abstraction du fait que ses jambes pendaient dans le vide à quelques mètres de hauteur, Kaoru dut admettre que la vue était encore plus belle qu’au sol. Elle fixa le terrain de Quidditch, identifiable à ses anneaux d’or. Elle avait envie de parler, de déballer tout ce qu’elle avait sur le cœur et qu’elle n’avait jamais osé dire à personne depuis ce jour-là, mais elle ne savait pas par où commencer. //

« Au fait, moi c’est Kaoru. Je n’étais pas sûre que tu le saches. Elle fit une pause, avant de continuer. Est-ce que tu t’en es déjà voulu d’être en vie ? Je veux dire… ce serait plutôt l’impression de ne pas le mériter, tu vois ? Enfin, si tu ne vois pas, ce n’est pas grave… »

// Non, ce n'était vraiment pas grave. Partie comme elle était, sa première vraie conversation avec un élève de Poudlard allait tourner court. //

[Zougui Akane]

// Les paroles de la préfète restèrent suspendues dans l'air et elle vit le visage de sa condisciple se teinter de surprise. Elle avait dû comprendre l'invitation qui se dissimulait derrière sa simple affirmation. Comme si Zougui ne tenait pas à montrer ce côté altruiste d'elle-même. Ce qui était le cas d'ailleurs. Elle avait énormément pris soin de sa soeur jumelle dans sa jeunesse, et elle s'en voulait de l'avoir rendue aussi dépendante. Peut-être que si ça n'avait pas été le cas, elle serait toujours en vie. Quoiqu'il en soit, la douleur d'avoir perdu l'être qui était le plus cher au monde à ses yeux, la personne sur laquelle elle avait tant veillée, toute cette souffrance ne s'était jamais éteinte et faisait parti d'elle. La préfète de Serdaigle réputée comme froide, intouchable et indifférente. Si s'attacher à quelqu'un faisait autant souffrir, alors il valait mieux ne s'attacher à personne. C'était ainsi qu'elle s'était protégée, durant toutes ces années, derrière un masque d'impassibilité.

Zougui fut à nouveau tirée de ses pensées par la voix de sa camarade. Il fallait vraiment qu'elle arrête de rêvasser. //

- Oh… Euh… C’est-à-dire que…

// La jeune fille croisa le regard de la japonaise qui parcourait l'arbre d'un air hésitant et une pensée traversa son esprit. Elle avait assumé que, étant donné qu'il s'agissait de son endroit favori, la serdaigloise savait y grimper. N'était-ce pas le cas ?
Finalement, elle se décida à l'ascension. Certes, ses mouvements n'étaient pas réguliers et manquaient d'assurance et de fluidité, mais elle ne se débrouillait pas si mal. La preuve, elle s'installa sur une branche non loin de la préfète, légèrement en contrebas.
Zougui reporta son attention vers le lac. La brume s'était évanouie et le ciel se teintait d'une magnifique couleur rose-orangée. Les deux Aiglonnes restaient silencieuses face à ce spectacle d'une beauté rare.
Zoug' se souvenait d'avoir vu Emy dessinait un tel paysage un jour qu'elles traînaient à la bibliothèque. Son amie était particulièrement douée en dessin, contrairement à elle, et celui-ci reflétait tout le talent de la Préfète-en-Chef. La serdaigloise, ébahie devant le graphisme du paysage dessiné, l'avait harcelée pour que son amie lui cède. Il était aujourd'hui accroché au-dessus de sa tête de lit, avec d'autres photos qui lui tenaient à coeur, la plupart comportant Emy et Sally.
Reprenant conscience de la 6ème année à ses côtés, une question la tarauda pendant quelques secondes. //

** Euh... comment s'appelle-t-elle déjà ? Kairi ? Keiru ? **

- Au fait, moi c’est Kaoru. Je n’étais pas sûre que tu le saches.

// Décidément, Kaoru lisait dans ses pensées. C'était une perspective effrayante qui la fit pourtant sourire. Sa camarade reprit la parole, d'un ton plus sérieux : //

- Est-ce que tu t’en es déjà voulu d’être en vie ? Je veux dire… ce serait plutôt l’impression de ne pas le mériter, tu vois ? Enfin, si tu ne vois pas, ce n’est pas grave…

// Il pouvait paraître étrange d'avoir une conversation si sérieuse en un tel lieu mais au contraire, Zougui trouvait que ça aidait à la réflexion, à prendre du recul, à dé-dramatiser les choses. En entendant la question de Kaoru, elle se sentit instinctivement proche d'elle. L'image de sa soeur s'imposa à elle. Si elle avait été avec elle cette nuit-là... si elle lui avait appris à être indépendante... Chassant ces pensées de sa tête avant que les flammes de l'Incendie ne viennent consumer l'image du visage, identique au sien et qui la hantait chaque nuit, elle répondit de sa voix basse : //

- Oui, je vois.

// Ce n'était pas une réponse très satisfaisante et elle le savait. Mais après tout, elle n'avait aucune intention de raconter sa vie, ou de dévoiler ses sentiments. //

- C'est une impression qu'on ne parviendra jamais à oublier alors on vit avec.

** Et on essaye de se racheter... **

// Et Zougui pensa à Emy et Sally. A chaque fois qu'elle était avec ses deux meilleures amies, elle avait l'impression d'être également avec sa soeur. Et c'était peut-être la seule fois où penser à elle ne la faisait pas souffrir.
Imperceptiblement, la préfète lutta pour garder un visage de marbre inébranlable. //

[Kaoru Ishikawa]

// Ce simple constat sur ce qu’elle ressentait l’avait bien plus remuée qu’elle ne le laissait paraître. C’était étrange comme les mots avaient parfois ce pouvoir. Dire tout haut ce qui lui torturait l’esprit depuis des années avait ravivé sa douleur mais l’avait également apaisée, comme si elle s’était délestée d’un poids rien qu’en faisant part de ses inquiétudes. Bien sûr, elle était encore loin de se débarrasser de la culpabilité qui la rongeait, mais Kaoru espérait qu’elle commençait à emprunter le bon chemin, un peu comme dans ces jeux de labyrinthe destinés au repérage spatial chez les jeunes enfants. Sauf que dans ce cas, c’était son esprit qu’elle devait mener jusqu’à la sortie, tout en évitant les impasses. //

« Oui, je vois. »

// Les mots de sa condisciple accentuèrent son soulagement. //

** Vraiment ? **

// Elle n’était peut-être pas si monstrueuse finalement. //

« C'est une impression qu'on ne parviendra jamais à oublier alors on vit avec. »

// Kaoru sentit aussitôt une bouffée de gratitude à l’encontre de Zougui. Elle la dévisagea avec attention, se demandant ce qui se cachait derrière de telles paroles. Avait-elle vécu une expérience similaire à la sienne ? Avec une fille aussi peu expressive, ce n’était pas facile à deviner. La Serdaigle se retint cependant de lui poser la question. Elle n’avait pas envie d’être aussi intrusive, et ça ne la regardait absolument pas. Peut-être qu’un jour, les deux jeunes filles seraient amenées à en discuter, mais ce n’était pas à l’ordre du jour. Non, la simple phrase de sa camarade, et le maigre réconfort qu’elle lui prodiguait lui suffisait. //

« C’est vrai… Je suppose que seul le temps peut aider à supporter ce sentiment. »

// Kaoru lui sourit légèrement avant de reprendre : //

« Je me sens mieux grâce à toi. Merci. »

// C’était peu. Et Incompréhensible pour une oreille extérieure sans doute, vu leur propension à utiliser le moins de mots possibles. Leur conversation tenait surtout du non-dit à ses yeux. Ce dont elle avait besoin. Se connaissant, Kaoru estimait qu’il valait mieux y aller progressivement et ne pas tout gâcher. Bien qu’elles aient à peine échangé trois ou quatre phrases, elle se sentait mieux. Le cauchemar lui semblait bien loin désormais.

Elle ferma les yeux, et fit face à l’air glacé de décembre. Elle appréciait ce moment de paix, entre ciel et terre. Moment qui allait bien devoir se terminer un jour. Le soleil avait amorcé sa descente à l’horizon et le temps se rafraichissait encore plus. Il allait être temps de rentrer. Bientôt. Mais pas tout de suite, car Kaoru venait de se rappeler qu’elle était assise sur la branche d’un arbre, ce qui impliquerait de redescendre. Et ça, elle n’était pas sûre d’en être capable. //

[Zougui Akane]

// A nouveau, un silence paisible fit place à ses paroles. Zougui avait l'impression de sentir le regard de Kaoru sur elle mais elle resta immobile, telle une statue immuable face au vent de l'hiver qui faisait dansait quelques-unes de ses mèches de cheveux sombres. Intérieurement, elle apprécia le fait que sa camarade ne lui pose aucune question, respectant ses secrets. Rares auraient été les personnes qui n'auraient demandé aucun détail après une telle déclaration. Quoiqu'il en soit, la préfète fut surprise que ces quelques mots aient apporté un réconfort, aussi léger soit-il, à Kaoru. //

- Je me sens mieux grâce à toi. Merci.

// Était-ce un sourire qu'elle voyait sur son visage ? L'étonnement de Zougui s'accrût à cette vision. Les réaction de Kaoru ne cessaient de la surprendre. Ne sachant quoi répondre, ni même s'il y avait besoin de répondre, la serdaigloise resta silencieuse et se détourna de nouveau. Tout était dit. Toute parole supplémentaire aurait été superflue entre les deux jeunes filles indépendantes & solitaires perchées dans l'arbre. Il qu'on a l'impression de connaître mieux lorsqu'on échange aucun mot, plutôt qu'une conversation. Visiblement, les deux serdaigloises étaient de celles-là.
Zougui contempla l'astre rougeoyant dans le ciel qui avait pas mal descendu depuis le début de leur discussion, et elle prit conscience de l'heure lorsqu'un léger frisson la parcourut. Il était temps de rentrer au château. Sans un bruit, elle s'accroupit sur sa branche et tout en fluidité et précision, descendit de l'arbre en prenant le plus de risques possible. Lorsqu'on bannit tout émotion de soi-même, parfois seules les choses stupides nous donne l'impression d'être en vie. Une fois les pieds posés au sol, elle releva les yeux vers Kaoru. //

- Tu devrais descendre de ce côté, lui dit-elle en désignant un des versants de l'arbre. Il y a plus de prises.

// Son regard émeraude se posa une dernière fois sur le lac et elle ressentit l'envie d'y lancer une pierre pour faire des ricochets. Elle fit une grimace de frustration en se rappelant que lancer des pierres dans le lac était prohibé à cause du calamar géant. Reprenant son air impassible, elle se détourna vers sa condisciple qui avait amorcé sa descente. //

[Kaoru Ishikawa]

// Comme si elle avait lu dans ses pensées, Zougui choisit cet instant précis pour esquisser un mouvement. Kaoru la suivit d’un air à la fois admiratif et anxieux. Inconsciemment ou pas, sa camarade se montrait dépourvue de toute prudence alors qu’elle se rapprochait de plus en plus du sol. Elle craignit d’ailleurs de la voir se rompre le cou à un moment, mais la Préfète semblait extrêmement sûre d’elle. Kaoru l’enviait pour cela. Elle aussi pouvait faire preuve d’autant d’agilité dès lors qu’il s’agissait d’arts martiaux : elle l’avait prouvé de nombreuses fois à ses adversaires, qui avaient pour sale habitude de la sous-estimer à cause de sa petite taille et de sa silhouette gracile. Mais il n’y avait rien à faire. Le vide lui faisait perdre tous ses moyens. Selon elle, les humains étaient une espèce faite pour vivre sur terre. Ni dans les airs, ni dans l’eau, rien que sur cette bonne vieille terre. On comprendra donc aisément que Kaoru n’avait aucune envie d’imiter la Serdaigle, et tant pis si cela signifiait rater le dîner. Elle se sentait finalement très bien sur sa branche d’arbre. //

« Tu devrais descendre de ce côté, il y a plus de prises. »

// Son manque d’assurance avait donc été démasqué. Elle envoya un remerciement silencieux à Zougui pour se passer d’une quelconque remarque désobligeante. Elle dirigea son regard vers les branches qu’elle lui avait désignées. En effet, la descente semblait plus… moins… enfin, plus accessible pour elle. Avec précaution, elle entama sa descente, faisant de son mieux pour maîtriser le tremblement de ses mains et les battements affolés de son cœur. Et dire qu’elle était venue ici pour se relaxer ! A vouloir se prendre pour Tarzan, elle était bien partie pour une petite séance de méditation après le dîner.

Ce ne fut qu’après quelques minutes, sans doute les plus interminables de sa jeune vie, que Kaoru sentit avec un immense soulagement ses pieds entrer en contact avec le sol. Il en fallait peu pour la contenter en fin de compte. Elle jeta un bref regard à l’arbre, défiante, l’air de dire "tu ne m’auras pas aujourd’hui". Mine de rien, sa petite aventure aérienne était une victoire. Sa victoire. Pas peu fière, elle se tourna vers Zougui et lui sourit à nouveau. Elle faisait de ces efforts en termes de sociabilité aujourd’hui, c’était incroyable. //

« Je ne pensais pas dire ça un jour à qui que ce soit dans cette école mais… j’espère qu’on se reverra. Je veux dire, pas simplement se croiser dans la salle commune… Tu vois ? »

// Kaoru n’avait pas réussi à dissimuler la note d’espoir qui perçait dans ses derniers mots. C’était tellement rare pour elle de rechercher la présence de quelqu’un d’autre, mais elle en avait besoin. Elle s’en rendait compte. Sa vie en solitaire commençait à lui peser et à lui détraquer sérieusement l’esprit par la même occasion, ce qui n’était pas très souhaitable, ni pour elle, ni pour sa famille. //

« Bon et bien, je te laisse, je vais faire un petit détour par la volière avant de rentrer au château. A plus tard ! »

// Trop de choses lui étaient arrivées en à peine un après-midi. Des choses peu communes, étant donné la situation actuelle. Elle ne pouvait décemment pas retourner à ses occupations habituelles sans en parler à quelqu’un. C’est donc d’un pas étonnamment léger que Kaoru prit congé de sa Préfète. Cette année serait peut-être différente des autres. //

[RP fini]

[Anabelle Evans]

// Anabelle Evans, petite nouvelle de Pouffy se dirigea vers le parc, pour sortir, voir le ciel, être un peu plus libre et moins enfermée que dans le château.
De plus elle en avait un peu assez de trainer dans sa salle commune.
Elle sortit donc et sentit avec bonheur l'air frais lui caresser le visage. //

** Haaaa il fait bon , ça fait du bien de sortir. ** songea-t-elle.

// Elle jeta un coup d’œil autour d'elle, et remarqua un arbre près du lac qui serait l'endroit idéal pour se poser.
Adjugé ! L'élève au blason jaune et noir se dirigea d'une démarche élancée vers l'arbre, y grimpa avec agilité en s'aidant de quelques appuis...
Elle se cala enfin sur une branche, une autre lui faisait office de dossier.
Une fois installée, elle sortit un petit carnet et une plume de son sac et commença à dessiner, une véritable passion.
Tout en regardant autour d'elle essayant de graver dans sa mémoire et sur le papier le paysage splendide. //

[Arsenic Rosidae]

// Les quelques heures de sortie licite à Londres lui avaient procuré un sentiment de bien-être total. Et c'est avec le goût du chocolat - qu'elle gardait toujours précieusement sous sa langue - qu'Arsenic traversa le Parc d'un pas léger. Elle venait de faire la connaissance d'une jeune Bleu-et-Bronze, élève qu'elle n'avait pour une fois pas fait fuir ! Toutes deux avaient passé un certain temps dans la fameuse Boutique Weasley, emplie de farces et attrapes en tout genre. Ravies, elles s'étaient quittées un peu en contre-bas. La Serpentarde trottina candidement sur les rives du Lac, laissant de temps à autre son regard glisser sur l'eau sombre et calme. Le ciel était clément, la pluie qui s'abattait sur Londres n'avait apparemment pas sa place ici.

Soudain prise d'une envie de liberté, elle zigzagua entre les arbres, les bras écartés. Soyons francs, elle avait un air de démente juste libérée d'Azkaban. Mais pour l'heure, la concernée s'en moquait. Elle inspira longuement, et détendit son diaphragme dans la foulée. Qu'il était bon de se relâcher, loin du tumulte des couloirs trop encombrés. La Vert-et-Argent arrêta son manège brusquement. Elle se tenait désormais au pied de l'arbre le plus imposant et le plus proche du Lac Noir. Elle posa ses doigts fins sur l'écorce, la caressant presque affectueusement. Lorsqu'elle crut apercevoir un écureuil, elle leva les yeux plus haut vers les branches. //

- AAAAH !

// Une main sur son cœur battant à tout rompre, elle essaya tant bien que mal de se remettre de sa surprise. Une silhouette encore un peu enfantine se tenait perchée dans ledit arbre, un carnet et une plume à la main, certainement en train de faire des croquis. //

- Chère camarade, il aurait été bien souhaitable que tu signales ta présence par un petit écriteau. Et elle ajouta d'un ton qui se voulait humoristique - bien que la plupart des élèves du château sussent qu'elle était loin d'être astucieuse niveau malice : Enfin, je puis comprendre que tu aimes imiter les écureuils, ta chevelure y ressemblerait presque.

[Anabelle Evans]

// Anabelle toujours perchée dans son arbre, remarqua que le ciel était bleu, que le soleil brillait... bref que le temps était magnifique, elle sourit. C'était un moment idéal pour dessiner ; ce qu'elle fit d'ailleurs car elle se replongea dans ses croquis.

Soudain elle entendit un cri. Elle baissa les yeux en direction de ce cri... //

** Mais qu'est-ce que ça peut bien être ? **

// Elle dévisagea la personne qui venait de crier des pieds à la tête, quand celle-ci prit la parole : //

- Chère camarade, il aurait été bien souhaitable que tu signales ta présence par un petit écriteau. Enfin, je puis comprendre que tu aimes imiter les écureuils, ta chevelure y ressemblerait presque.

// Anabelle, toujours un peu timide et surtout surprise, se rendit compte qu'il était surement gênant d'être observé comme cela.

Elle sourit à... La Serpentarde d'après son blason. Elle qui voulait être un peu seule, ce n'était manifestement pas le jour. De toute manière, la solitude n'était pas vraiment quelque chose qu'elle adorait. Pour cela elle répondit. //

- Hahaha , je vais prendre la comparaison de mes cheveux au pelage d'un petit animal roux et très mignon comme un compliment . Elle ajouta, toujours le sourire au lèvres et sur un ton étrangement calme en même temps que joyeux : Je m'appelle Anabelle Evans, et toi ? Je peux te tutoyer ?

[Arsenic Rosidae]

// Deux yeux d'un bleu digne de celui de l'océan la déshabillèrent de haut en bas tandis qu'elle prononçait sa phrase quelque peu tordue. Être examinée ne la dérangeait pas plus que cela ; à dire vrai, elle ne se gênait jamais pour faire de même, alors à quoi bon se plaindre ? Finalement, Arsenic obtint un sourire de la - à première vue - petite demoiselle perchée dans l'arbre. //

- Hahaha , je vais prendre la comparaison de mes cheveux au pelage d'un petit animal roux et très mignon comme un compliment.

// La Vert-et-Argent acquiesça, elle n'avait pas prononcé ces mots dans le but de blesser. Elle avait d'ailleurs toujours admiré les écureuils, sans doute parce qu'ils avaient cette capacité - qui la rendait envieuse - de passer inaperçus en toute circonstance. Ils savaient s'immobiliser avec talent et être plus silencieux qu'une carpe - quoique la jeune Rosidae n'eût jamais rencontré de carpe auparavant. Et puis, ces rongeurs avaient tout pour être aimés : ils étaient mignons ! Alors que des dizaines d'images représentant des écureuils défilaient dans son esprit, la Serpentarde fut éjectée de sa songerie par la voix posée de la jeune Mowgli - Hellic, sa mère, lui avait jadis lu cette histoire moldue - improvisée : //

- Je m'appelle Anabelle Evans, et toi ? Je peux te tutoyer ?

// Arsenic Rosidae exécuta une ravissante courbette en direction de l'arbre. Quiconque l'aurait observée de loin aurait sans doute pensé qu'elle conversait avec un tronc. Elle aurait peut-être dû faire attention à l'image qu'elle renvoyait d'elle-même mais la jeune femme n'était plus à cela près. Ses camarades - plus ennemis qu'amis - lui prêtaient des actions qu'elle ne se souvenait pas avoir accomplies. Pire encore, sa mémoire s'était envolée ; elle n'avait aucun souvenir antérieur à son réveil dans la Cabane Hurlante, survenu il y avait peu. Aussi, elle répondit, s'adressant aux branches : //

- Il semblerait que le tutoiement soit déjà un fait ; très enchantée, Anabelle Evans. Je me nomme Arsenic Rosidae. Oserai-je supposer que tu n'es pas de Serpentard ? Ta figure et chevelure d'écureuil ne me disent rien.

// Et la tête toujours levée vers la cime, elle attendit une réponse. La septième année n'avait jamais été plus en forme qu'en cette douce journée. //