Infirmerie

[Cassiopee]

- Mais non, ne t’inquiète pas ! Une semaine, ce n’est pas si long : dans sept dodos, tu seras libérée !

// Cassiopée eut l'impression de voir sa petite soeur. C'était exactement le genre de phrase qu'elle aurait été capable de dire du haut de ses cinq ans. Et lorsqu'elle vit Aglaé qui voulait lui faire un câlin, elle rougit un peu. Se faire une amie était juste le genre de chose qu'elle adorait. //

- Mais vous êtes folle ? Vous voulez vraiment qu’elle attrape la dragoncelle ? Le moins de contact physique vous aurez, et le mieux ce sera ! Ces élèves, aucune rationalité ! Ca me rappelle, la dernière fois, j’en ai eu six qui sont venus pour indigestion, je leur ai imposé la diète, je suis sortie à peine dix minutes pour aller chercher des plantes médicinales dans les serres de Botanique, et quand je suis revenue, qu’est-ce que j’ai vu ?Les élèves se goinfraient de patacitrouilles.

// Cassiopée était stupéfaite. Son câlin! On venait de lui refuser son câlin! Tout ça pour des bêtises! Si elle devait chopper la dragoncelle, et bien, elle l'attraperait. Tout était écrit, non? Destin, karma, malédiction et tout. C'était ça le principe. on attrapait ce qu'on devait attraper, un point c'est tout. Fallait pas fouetter un dragon pour si peu. Ni priver une Cassiopée de son saint câlin. Mais Dawon ne regardait pas - ou plutôt, elle niait le regard noir made in O'Neill pour se concentrer sur Aglaé. //

- Bon. Je vais devoir vous mettre en quarantaine le temps de votre guérison : vous n’aurez le droit d’approcher que des personnes ayant déjà eu la dragoncelle et ne risquant donc pas d’être contaminées.- Bien entendu, vous ne pourrez pas rester à l’école, je ne veux pas avoir une vingtaine de cas sur les bras.

// Aglaé lui lança un tel regard qu'elle eut des envies de meurtres. Cette infirmière était vraiment le pire démon de cet univers! Tant d'injustices! La gryffondor était déjà malade, pas besoin de rajouter encore plus d'horreur à sa situation! //

- C'est totalement injuste! Elle ne va pas courir partout et embrasser sur la bouche tous les élèves! Pourquoi la coincer dans un lieu sans ses amis et moi! C'est quand même un comble que l'on maltraite les malades! Vous savez, même les elfes de maison ont eu des avancées dans leurs droits! J'exige que mademoiselle Bourbon de...

- Est-ce que les membres de votre famille ont déjà eu la dragoncelle ? Fit alors l'infirmière comme si une O'Neill enragée n'essayait pas de faire la révolution.

- Non…

- Je n’aime pas trop ça, mais je vais être obligée de vous envoyer à l’hôpital, alors. Vous ne pouvez vraiment pas rester à l’école, c’est trop dangereux pour les autres.- Vous n’auriez pas un parchemin ? Je dois rédiger une lettre pour vous recommander aux Médicomages.

- Oui, bien sûr !

Ben voyons! C'est pas comme s'ils torturaient des gens depuis peu avec des poils de centaure, hein? Envoyons Aglaé là-bas, peut-être qu'ils vont la soigner avec des infusions de bébés sirènes.

// Aglaé avait la tête dans son sac, fouillant désespérément de quoi écrire. C'était juste adorable de voir les quantités de choses qu'elle trimbalait avec elle. C'était presque drôle. Tant de lettres dans tous les coins. Et des plumes, des bonbons,... Et des notes de cours. Il fallait vraiment convaincre Aglaé de ne pas étudier en permanence. //

- En fait, Miss Dawon, il y a bien quelqu’un chez qui je peux loger durant ma convalescence.

- Ah bon ? Qui cela ?

- Tikazar Kermat. Elle habite au 3, Rue du Commerce, à Dahtikazar, au Pays d’Ys.

- Je vois où c’est, je connais très bien l’apothicaire qui habite au 17 de la même rue. Il n’y aura aucun problème pour te faire parvenir les soins, donc. Et puis le Pays d’Ys, c’est reposant : parfait pour ton état.- Très bien, je vais remplir les papiers nécessaires à ton transfert. Il faudra te transporter à Pré-au-Lard et effectuer un Galdr du voyage à partir de là. Kathleen Hayden devrait pouvoir s’en charger.

// L'infirmière diabolique sortit. Et c'était mieux comme ça. Le Pays d'Ys? C'était si loin. C'était quand même mal venu de catapulter une jeune malade là-bas. Il y avait des lieux plus agréables quand même. Genre les Cornouailles. Elle vivait avec ses parents sur les falaises et elle était bien informée pour affirmer que c'était un temps idéal pour se remettre sur pied. Même au printemps, on avait facilement plus de vingt degrés! //

- Bon, eh bien, on dirait que tu ne vas pas pouvoir t’occuper de moi… Mais ne t’inquiète pas, je vais être dans de bonnes mains avec Tikazar !En revanche, il y a bien quelque chose que tu pourras faire pour moi… Est-ce que tu pourras demander à un de mes camarades de classe de m’envoyer les cours et les devoirs ? Luna Crowl, par exemple, je m’entends bien avec elle, elle sera d’accord. Tu veux bien ? Oh, et si tu as le temps d’aller chercher tes livres avant que je m’en aille, ils m’intéressent aussi, si tu acceptes qu’ils voyagent jusqu’à Ys avec moi !

- J'aurais adoré m'occuper de toi. Et ça m'aurait permis de te surveiller pour que tu ne travailles pas trop. Je parie que tu vas étudier en boucle. Luna, oui, je la connais, elle fait partie de ma guilde, on aime cuisiner ensemble le soir. Je lui dirai. mais elle ne t'en enverra qu'une fois toutes les deux ou trois semaines. Histoire de ne pas te surmener. Et c'est de ta famille cette Tikazar?

//Attendant pour la réponse de la gryffondor, Cassiopée attrapa sa baguette qui dépassait de son sac. De la main gauche, elle lança le sort de pointe au nord. Ensuite, elle lança quelques accios informulés en direction de sa tour. //

- Tu sais, il va falloir que tu m'envoies régulièrement de tes nouvelles. Histoire de continuer à se connaitre un peu mieux. Ces quelques heures liminaires ont été très riches en évènements et je suis très intéressée de découvrir qui est la mystérieuse Aglaé. D'ailleurs, n'oublie pas de prévenir tes parents aussi. Histoire qu'ils ne s'inquiètent pas. Ma mère hurlerait si j'allais en convalescence autre part qu'à la maison... Mais, ça me donne une idée! Quand tu iras mieux, je t'inviterai sur ma côté anglaise. Je parie que tu n'as jamais vu un endroit plus beau! Tu seras époustouflée et dorlotée à mort par les O'Neill au complet.

//Un bruit sourd se fit entendre et Cassiopée sourit en allant ouvrir la porte. Une pile monstrueuse de livres trônait à terre. Elle les fit léviter difficilement et ils tombèrent ci et là autour du lit d'Aglaé. //

- J'espère que tu aimes la lecture en tout cas.

//Faisant un sourire niais et ravi, elle attrapa Aglaé pour un câlin. On ne volait pas un câlin à une Cassiopée. Oh que non! //

- Et c'est peut-être un peu prématuré mais je tiens à ce que tu ais ceci.

//Elle lui tendit un marque page qu'elle avait ensorcelé. La constellation de Cassiopée évoluait lentement en fonction de sa position céleste. En dessous, une petite citation indiquait 'Les amis de Cassiopée'.//

- Si tu écris dessus, mon marque page indiquera en lettre lumineuse ton message. Et inversement. Je sais, ça fait très enfantin et si tu veux, tu peux juste le garder comme marque page et tout.

[Versipellis]

// En voyant que Cassiopée lui souriait, Aglaé devina qu’elle allait lui faire une réponse favorable : //

- J'aurais adoré m'occuper de toi. Et ça m'aurait permis de te surveiller pour que tu ne travailles pas trop. Je parie que tu vas étudier en boucle. Luna, oui, je la connais, elle fait partie de ma guilde, on aime cuisiner ensemble le soir. Je lui dirai. mais elle ne t'en enverra qu'une fois toutes les deux ou trois semaines. Histoire de ne pas te surmener. Et c'est de ta famille cette Tikazar ?

- Non, c’est la gérante du Bazar de Tikazar, à Ys. J’ai fait un stage dans son magasin cet été et nous nous sommes très bien entendues, si bien que nous nous échangeons chez des lettres, que je vais chez elle pendant les vacances, quand je peux, et que je sais que je serai bienvenue chez elle ! Mais nous n’avons pas de liens de sang, on ne peut pas parler de famille au sens strict.

// Aglaé était plus proche de Tikazar que de n’importe quel autre membre de sa propre famille, mais ça, elle ne s’estimait pas encore assez proche de Cassiopée pour le révéler. C’était en effet pour l’oublier qu’elle était venue à Poudlard…
Tout en agitant sa baguette, Cassiopée continua sa série de conseils : //

- Tu sais, il va falloir que tu m'envoies régulièrement de tes nouvelles. Histoire de continuer à se connaitre un peu mieux. Ces quelques heures liminaires ont été très riches en évènements et je suis très intéressée de découvrir qui est la mystérieuse Aglaé.

- Pas de souci, de toute façon, je ne vais pas avoir grand-chose à faire dans mon lit de malade !

- D'ailleurs, n'oublie pas de prévenir tes parents aussi. Histoire qu'ils ne s'inquiètent pas. Ma mère hurlerait si j'allais en convalescence autre part qu'à la maison...

// Aglaé ne répondit rien. Horace se fichait complètement de son état de santé ; quant à sa mère, elle était depuis quelques temps trop perturbée pour se rendre compte de la gravité de la situation. Mais elle leur enverrait un mot, tout de même. Au moins pour la forme…
Le visage de Cassiopée s’illumina : //

- Mais, ça me donne une idée! Quand tu iras mieux, je t'inviterai sur ma côté anglaise. Je parie que tu n'as jamais vu un endroit plus beau! Tu seras époustouflée et dorlotée à mort par les O'Neill au complet.

- Oh, ce serait fabuleux ! Je ne suis jamais allée là, et je suis sûre que les membres de ta famille sont tous aussi adorables que toi ! Quant à toi, n’hésite pas à me rendre visite à Ys si tu as du temps !

// Aglaé ne précisa pas qu’à Paris comme au Manoir de la Camelière, la jeune Serdaigle serait, quoique pour des raisons différentes, sans doute très mal reçue et… BOUM ! Un bruit sourd fit sursauter Aglaé : //

- Que… Quoi ?

// Cassiopée, elle, ne sembla pas surprise, et se leva calmement pour aller ouvrir la porte, derrière laquelle venaient juste de s’écraser quelques dizaines de livres. La Serdaigle les fit léviter gracieusement sous le regard ébahi et émerveillé d’Aglaé : //

- J’espère que tu aimes la lecture, en tout cas !

- Oh que oui ! J’espère que ma malle est assez grande pour tous les prendre !

// Et, ajoutant un nouveau cadeau à ceux qu’elle lui avait déjà faits, Cassiopée vint faire un câlin à Aglaé, avant de sortir un petit objet de sa poche et de dire : //

- Et c'est peut-être un peu prématuré mais je tiens à ce que tu ais ceci.

// Il s’agissait d’un marque-page sur lequel brillaient des étoiles ensorcelées, qui formaient une constellation, celle de Cassiopée ! Une inscription indiquait Les Amis de Cassiopée. Aglaé trouvait déjà le tout magnifique, mais son émerveillement redoubla quand son amie lui expliqua : //

- Si tu écris dessus, mon marque page indiquera en lettre lumineuse ton message. Et inversement. Je sais, ça fait très enfantin et si tu veux, tu peux juste le garder comme marque page et tout.

// Aglaé était tellement émue qu’elle avait du mal à trouver les mots pour s’exprimer : //

- C’est… c’est fabuleux ! Le concept est génial, arkandiasiste, même ! Je suis très touchée, merci beaucoup !

// Et sans attendre une seule seconde de plus, elle rendit son câlin à Cassiopée. Cependant, elle dut se jeter sur le côté lorsqu’elle entendit des pas dans le couloir : l’infirmière revenait ! Lorsqu’elle ouvrit la porte, Aglaé vit qu’elle n’était pas seule : Kathleen Hayden l’accompagnait. Le professeur d’Etude des Graphèmes, très maternelle, se jeta vers la rouquine : //

- Ca va, mon chou ? La dragoncelle, c’est vraiment terrible ! J’espère que tu te remettras vite ! En tout cas, nous allons partir pour le Pays d’Ys dès maintenant !

// Miss Dawon ajouta : //

- Nous avons réussi à contacter Madame Kermat en utilisant Beteleir. Elle est d’accord pour vous accueillir immédiatement.

// Aglaé bredouilla : //

- Et… Mes malles ?

// Kathleen Hayden la rassura : //

- Ne t’inquiète pas, nous allons te faire parvenir tes affaires, les elfes de maison vont se charger de rassembler ce qui est à toi. Il ne faut pas que tu te fatigues à faire tes valises ! Allez viens, on y va ! Miss O’Neill, puisque vous êtes là, aidez-moi à soutenir Aglaé, nous devons marcher jusque Pré-au-Lard !

// Et les trois femmes quittèrent l’Infirmerie, laissant Miss Dawon seule avec la tâche de désinfecter les lits qu’avaient occupés les deux filles et de ranger les montagnes de livres laissées par Cassiopée. //

[RP terminé]

[Riverelle]

[RP entre Lindsey Winster et Ethan Cooper]

// Il y avait des jours où Lindsey aurait aimé ne pas exister, purement et simplement.
Adossée à une pile de coussins qui la tenaient pratiquement assise, les bras croisés, la jeune Serdaigle fulminait.

Prise par une angine et par une fièvre qui lui donnait l’impression d’être une brochette sur une grille de barbecue et l’instant d’après un steak haché au congélateur, elle avait été envoyée à l’infirmerie, en débit de ses protestations. Le jeune infirmière, Ashley Dawon, l’avait auscultée en lui enfonçant partout des instruments bizarres et avait décrété qu’elle allait obligatoirement devoir la garder, vu son état. À ce moment, la jeune fille lui aurait bien arraché ses boucles blondes de la tête tant elle était en colère.

On l’avait forcé à boire quotidiennement des tas de mixtures infectes de toutes les couleurs, plus écoeurantes les unes que les autres et dont certaines lui arrachaient la gorge tellement elle la brûlaient. Mais son état ne s’améliorait absolument pas, et voilà 4 jours que Lindsey était clouée au lit, avec interdiction formelle de poser le pied en dehors. La jeune fille n’avait qu’une seule envie : hurler de toute la force de ses poumons et tout casser dans l’infirmerie, en commençant par les fioles de verres qui contenaient les horribles potions qu’on lui administrait par dizaines tous les jours.

Mais elle ne le faisait pas. D’une part parce qu’elle n’avait pratiquement plus de voix, d’autre part parce qu’elle aurait écopé de quelques jours de renvoi. Et ne plus pouvoir se défouler alors qu'elle avait l'impression d'être emprisonnée, ça la mettait au supplice. Elle n'était pas faite pour être enfermée, par Merlin !

Résultat, la jeune fille ne pouvait que ruminer sa rage au fond de son lit, en pensant à la tonne de devoirs et de cours qu’elle allait être obligée de rattraper à la fin de sa convalescence, qui n’était par ailleurs pas prête de se terminer.

Et quand elle demandait à Ashley pourquoi elle ne guérissait pas, celle-ci lui répondait que c’était à cause de la nette et très fâcheuse tendance qu’avait Lindsey de vomir tout ce qu’on lui donnait à boire ou à manger.
Lindsey avait refusé de lui adresser la parole jusqu’au soir.

La Serdaigle avait supplié la jeune infirmière de lui permettre de sortir de son lit pour aller s’entraîner et celle-ci avait fini par céder sous ses intenses supplications, mais avait catégoriquement refusé qu’elle ne pose la main sur la plus petite arme. Hélas, dès que Lindsey avait mis le pied hors de son lit, elle avait été prise d’un affreux vertige et failli se casser une dent contre le bord de sa table de chevet en tombant. Elle avait cru un instant qu’on allait la menotter à son lit.

Suite à ce léger accident, Ashley avait déplacé la table de son bureau en face de la porte vitrée, afin de pouvoir surveiller constamment sa patiente, histoire qu’elle ne se lève pas en catimini pour enchainer quelques attaques sur le pied de son lit. Et cela n’avait fait qu’attiser la colère de la jeune fille.

Elle était la seule personne à l’infirmerie, et Mlle Dawon avait interdit toute visite, pour éviter la contamination. Le manque de compagnie n’était pas ce qui la dérangeait le plus, elle aimait la solitude et en avait l’habitude. Mais l’absence de ses amis se faisaient tout de même parfois pesante, surtout quand elle se morfondait au fond de son lit pendant des heures entières. Ce qui lui manquait surtout, c’était de ne plus pouvoir s’entraîner. Le fait de ne plus manier sa dague, de ne plus tirer la corde de son arc jusqu’à sa joue la rendait presque aussi malade que son abominable angine et que sa fièvre qui la rongeait sous la sueur et les frissons.

Elle avait alors demandé à une de ses amies de lui apporter sa dague en cachette, car Ashley n’aurait sûrement pas apprécié de voir une arme aussi dangereuse dans son infirmerie. Profitant que l’infirmière aille dans son armoire chercher une énième et horrible mixture à lui faire avaler, son amie lui avait lancé la dague depuis l’encadrement de la porte. Lindsey l’avait attrapée d’une main et l’avait aussitôt dissimulée dans un des tiroirs de sa table de chevet.
Coup de chance, Mlle Dawon n’avait pas ouvert ce tiroir.

Mais la jeune fille ne pouvait toujours pas s’entrainer, et elle craignait de perdre ses mouvements si elle restait trop longtemps à l’infirmerie.

Lindsey extirpa son bras de ses couvertures et ouvrit discrètement son tiroir. Elle caressa la lame argentée, heureuse du contact du fer froid dans lequel elle trouvait un étrange réconfort. Puis elle referma vivement le tiroir, juste avant que la jeune femme ne passe dans la salle pour aller chercher quelque chose dans la pièce d’à côté.

La jeune fille passa sa langue sur ses lèvres, qui étaient tellement gercées qu’elle saignaient de partout. Elle avait l’impression qu’on les avaient passées à la râpe à fromage et servies crues.
Elle attrapa le miroir posé sur sa table de chevet, et détailla avec consternation ses yeux injectés de sang, ses cernes violets, son teint pâle, ses cheveux poisseux de sueur et, pour compléter le tableau, sa bouche atrocement sèche. Sa mine faisait peur.

La jeune infirmière entra de nouveau, un grand verre à la main et versa dedans ce qui devait être sa nouvelle (Lin’ pensait qu’il devait s’agir de la 20ème depuis le matin) et infecte potion. Lindy la regarda faire, l’estomac barbouillé, tandis qu’Ashley le lui apportait.

Le liquide marron et vaseux lui fit penser à du polynectar en cours de préparation, mais il n’avait pas de grumeaux, bouillonnait dans un écoeurant glouglou et il sentait beaucoup plus mauvais. La Serdaigle faillit vomir de nouveau, et détourna le regard du grand verre de cristal remplit à ras-bord. Elle eut un haut-le-coeur et allait vider le médicament par terre, mais Ashley la rappela à l’ordre depuis son bureau, et ne la quitta pas des yeux. Lindsey émit un profond soupir et passa la main dans ses courts cheveux blonds sale. Et ça recommençait… //

[Nighty]

//C'était bien sa veine. En dernière heure de cours, alors que sa journée s'était très bien passée, pour une fois, il avait eu cours de Soins aux Créatures magiques. Non pas qu'il n'aime pas cette matière. Il l'adorait. Mais à la fin du cours, Mrs Mills, sa professeur, l'avait pris à part.

Un des hippogriffes, Boutevent, n'allait pas bien. Et étant donné les connaissances d'Ethan dans ce domaine, grâce à sa mère, et le fait que les Hippogriffes le connaissent et l'apprécie, elle lui avait demandé de l'assister pour le soigner. Évidemment, Ethan avait accepté. Non pas pour rendre service, mais pour Boutevent.

Mais l'hippogriffe allait moins bien encore qu'il ne l'imaginait. Il n'avait aucune idée de comment il avait pu écoper de cette blessure, mais l'animal avait la patte avant droite complètement déchirée. Les lambeaux de peaux sanguinolentes pendaient lamentablement, et Boutevent affichait un air de profonde tristesse, et ne cessait de gémir.

Mrs Mills et Ethan s'était donc mis au travail. Mais Boutevent, peu disposé à se faire soigner, avait rué, et ce fut au tour du bras droit d'Ethan d'être complètement déchiré.

Mrs Mills l'avait donc envoyé d'urgence à l'infirmerie, et était restée avec Boutevent, après s'être assurée qu'Ethan arriverait bien à bon port en un seul morceau.
Il avait eu beau râler et protester, faisant mine de ne rien sentir, mais sa professeur n'en avait pas démordu. Il était blessé, il allait à l'infirmerie. Point.

Sur le chemin il avait passé son temps à ruminer sa colère. Il détestait l'infirmerie. Il détestait être blessé, malade. Non pas à cause de la douleur, ça il avait l'habitude. Mais à cause de l'inactivité. Rester allongé. Être calme pendant que l'on se fait soigner. La convalescence. Il ne supportait pas. Il espérait donc très fort que sa guérison serait rapide.

Quand il poussa la porte de l'infirmerie, une odeur de maladie l'assaillit. Il fronça le nez. Il tendit le cou, mais ne pu apercevoir qui était allongé dans le seul lit occupé de l’infirmerie, donc le malade, à cause des paravents.

Ashley Dawon, l'infirmière, se jeta sur lui dès qu'elle l'aperçut. Elle le fit assoir sur un lit vide, et disparut dans son bureau, sans doute chercher une potion infecte qu'elle l'obligerait à avaler, tout en pestant contre le dangerosités de cette école. Ethan eut un léger sourire. Il patienta un instant, mais Mrs Dawon se faisait attendre.

Curieux, il se leva, et jeta un œil au lit occupé. Il eut du mal à en identifier son occupant, maigrit et affaiblit par la maladie. Mais lorsqu'il reconnut le visage fin, il eut du mal à y croire.//

-Lin... Lindsey?

[Riverelle]

// Lindsey allait porter le verre à ses lèvres, mais un bruit de porte qui s'ouvre l'interrompit dans son geste. Elle reposa lentement le verre sur sa table de chevet, étonnée. Quelqu'un était entré dans l'infirmerie, malgré l'interdiction de l'infirmière ?

Avant même qu'elle ne puisse réagir plus que cela, Mlle Dawon sortait de son bureau comme un boulet de canon. Lindsey tordit le cou et se pencha pour essayer de voir ce qui se passait. Peine perdue, elle ne percevait rien du tout. Fichu paravent qui l'isolait des autres ! Maussade, elle se redressa et tendit l'oreille. Elle entendit les habituelles cris horrifiés d'Ashley, des bruits de pas, puis l'infirmière disparut dans un tourbillon.

Un silence lourd et tendu s'installa. Lindsey n'entendait plus que la respiration de l'autre convalescent, et, gênée, retint la sienne. Ne sachant toujours pas de qui il s'agissait, elle n'osa pas parler.
Le silence dura encore. Lin' s'attendait à apercevoir Ashley Dawon débouler de sa Réserve de potions, mais elle ne réapparaissait toujours pas. Peut-être ne trouvait-elle pas ce qu'elle cherchait ?
Un nouveau bruit interrompit ses pensées. Un froissement de draps, un autre bruit de pas, puis quelqu'un apparut de l'autre côté du paravent. Elle sursauta violemment, et le reconnu dès que son regard se posa sur lui.

Elle s'apprêtait à lâcher une exclamation incrédule, mais l'autre parla avant elle. //

- Lin... Lindsey ?

// Ethan. Mince alors ! Il ne manquait plus que lui. Lindsey, encore surprise de le trouver là, le détailla, plissant ses yeux bouffis.

Le jeune garçon avait changé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Son teint habituellement hâlée avait légèrement pâli, sa bouche était crispée de douleur, mais il conservait toujours son regard mystérieux qui avait tant troublé Lindsey au début. //

- Tiens, bonjour Ethan Cooper, répondit la jeune fille, et sa voix était un croassement pénible.

// Il fallait maintenant espérer qu'il était de bonne humeur. Ce qui n'était sûrement pas le cas vu qu'il avait le bras à moitié déchiqueté. Lindsey avait le coeur bien accroché, mais elle eut un léger mouvement de recul devant la blessure très profonde et sanglante, qui laissait presque les os à nus. Des lambeaux de chaire avaient été arrachés de son bras, et le sang gouttait au sol, s'écoulait le long de sa chemise qui se tachait lentement de rouge. Elle fut impressionnée par sa remarquable résistance à la douleur. Elle n'aurait pas fait mieux.

Elle se demanda un instant ce qui avait pu engendrer une pareille blessure. //

- Comment est-ce que tu t'es fait ça ?

// Lindsey désigna du menton la plaie béante.

Elle évita de lui demander si il allait bien, Ethan n'aimait pas beaucoup ce genre de question, il détestait la pitié. Et étant donné qu'il avait le bras presque arraché, la réponse lui semblait assez évidente. Alors elle se contenta de le regarder, sans savoir si elle était heureuse ou non de le voir.

Elle releva une mèche trempée de son front, et lui adressa un sourire bref. //

[Nighty]

//Lindsey le regarda avec incrédulité, visiblement surprise elle aussi.

Ethan observa son état.
C'est un avec un léger pincement au cœur qu'il constata que Lindsey n'allait vraiment pas bien.
Le teint cireux, les traits tirés, elle semblait avoir perdu beaucoup de poids.
Les os saillants tiraient sur la peau fatiguée, et Lindsey avait l'air de vouloir vomir toutes les secondes.
Ses yeux brillants de fièvre regardaient Ethan, écarquillés.

Elle ouvrit la bouche, et Ethan eut du mal à croire que le croassement qu'il entendit fut la voix de celle qu'il avait rencontré quelques jours plus tôt.//

- Tiens, bonjour Ethan Cooper...

- Bonjour Lindsey. Tu n'as pas très bonne mine...

//C'était un euphémisme. Elle avait l'air effroyablement malade. Mais bon, il ne devait pas avoir l'air tout frais non plus, même si il se sentait beaucoup mieux que Lindsey devait se sentir.

Son bras commençait à l'élancer douloureusement, et il sentait le sang couler contre son torse, où il maintenait son bras replié avec son autre main. Il soupira. Une chemise de moins. Il détestait les chemises où avait coulé le sang, et même si un simple sortilège suffisait à l'effacer, il ne supportait pas de reporter le tissu après. Problème purement psychologique.

Lindsey l'observait attentivement, un air horrifié sur le visage. Ses yeux étaient fixés sur son bras déchiqueté.//

- Ce n'est pas beau à voir je suppose?

- Comment est-ce que tu t'es fait ça ?

//Il s'assit au pied de son lit. Le décor commençait à tourner autour de lui, et il sentait venir une grosse migraine. Il sourit doucement.//

- C'est moins pire que ça n'en à l'air.

//Mais, parce qu'il était honnête, du moins quand il le voulait, il nuança ses propos.//

- Enfin, c'est douloureux, mais j'ai vécu pire. Et toi, quelle est ton excuse pour rester allongée à paresser?

//Il sentait que Lindsey souffrait de son immobilisation forcée, et il comprenait plus que bien. Mais il ne voulait pas dramatiser la situation.//

[Riverelle]

- Bonjour Lindsey. Tu n'as pas très bonne mine...

** Sans blague, ** pensa Lindsey.

// Mais elle ne précisa pas le fond de sa pensée. Ce n'est pas parce qu'elle était en colère qu'elle devait se défouler sur Ethan. Elle se contenta donc d'un sobre hochement de tête.

Le jeune garçon dû surprendre son regard sur son bras lacéré, car il dit : //

- Ce n'est pas beau à voir je suppose ?

- Comment est-ce que tu t'es fait ça ?

// Elle perçu l'infime vacillement d'Ethan, témoignant qu'il ne devait pas se sentir très bien. Mais, ignorant admirablement la douleur, il s'assit à son chevet en lui souriant. Et par la même occasion, il lui avait flanqué sa blessure sanguinolente sous le nez. Elle plissa le front. //

** Seigneur, il veut vraiment me faire vomir. **

- C'est moins pire que ça n'en à l'air.

** Bien sûr. Tu n'as pratiquement plus de bras mon vieux. **

// Là non plus, elle ne précisa pas ce qu'elle pensait, préférant hausser un sourcil dubitatif. Il rectifia alors ses dires. //

- Enfin, c'est douloureux, mais j'ai vécu pire. Et toi, quelle est ton excuse pour rester allongée à paresser ?

// Dans un autre moment, moins faible, elle lui aurait écrasé le nez d'un coup de talon, histoire de lui remettre les idées en place. Mais là, elle n'avait pas envie de se disputer avec Ethan. Elle laissa tomber son front sur le mur et agrippa les barreaux du lit, cherchant la fraicheur du métal. //

- Je sais pas putain, gémit très vulgairement la jeune fille, répondant de travers. J'en ai marre de rester cloîtrée dans cette salle puante. Je veux m'en aller.

// Elle avait conscience de se plaindre comme une gamine de 8 ans, mais n'y prêta pas attention. Elle saisit son verre pour éviter le regard du Serpentard et le porta à ses lèvres.

Bêrk ! Le breuvage figurait parmi les pires de ceux que Lindsey avait dû avaler depuis qu’elle était malade. Sa consistance, froide et épaisse, était tout simplement écoeurante. Elle s'efforça de finir le médicament le plus vite possible pour faire cesser le calvaire, mais le verre était si grand qu'elle dût s'arrêter à la moitié.

Elle sentit une nausée la saisir, verdit et déglutit avec difficulté. Ethan risquant de ne pas le prendre très bien, mieux valait éviter de lui vomir dessus. //

- Désolée pour tout ça hein. Je crois que c'est mort pour le combat, grogna-t-elle dans un râle étranglé du fait qu'elle essayait de retarder le plus possible le moment où elle avalerait l'horrible mixture, par contraste avec l'instant précédent.

// Elle termina sa potion avant de ne plus en avoir le courage, puis cracha avec dégoût sur la couverture blanche, brisant sans vergogne les règles d’hygiène, et se moquant bien de ce qu'Ethan pourrait penser d'elle. La jeune fille jeta le verre au sol comme on jette un serpent venimeux. Il se brisa sur le parquet de bois ciré, mais elle n'y prêta pas attention. Elle se tourna de nouveau vers le jeune garçon. //

[Nighty]

-Et toi, quelle est ton excuse pour rester allongée à paresser ?

//Lindsey eut un regard assassin et Ethan eut une soudaine envie de rire. Encore heureux qu'elle était clouée au lit, où il aurait sans doute eut ce combat qu'il attendait. Cela dit, étant donné l'état de son bras, il savait qu'il allait mettre un peu de temps à retrouver toutes ces capacités.

Lindsey gémit et agrippa les barreaux du lit.//

- Je sais pas putain... J'en ai marre de rester cloîtrée dans cette salle puante. Je veux m'en aller.

//Ethan eut un pauvre sourire. Il comprenait. Et compatissait. Peu habitué à ressentir de la compassion, il en fut étonné, et ne sut pas quoi dire pour tenter de remonter le moral de Lindsey.

Cette dernière évita son regard et saisit un verre rempli d'une potion verdâtre franchement répugnante. Lindsey le porta à ses lèvres avec une grimace et avala la moitié de la mixture pâteuse d'un seul coup. Son visage verdit et elle pinça les lèvres. Ethan eut un infime mouvement de recul. Elle n'allait pas lui vomir dessus quand même?!

La jeune fille déglutit et s'adressa à lui, la voix cassée et les yeux brillants de fièvre.//

- Désolée pour tout ça hein. Je crois que c'est mort pour le combat...

-Ne t'inquiètes pas, vu l'état de mon bras je pense que nous avons le temps de nous remettre avant.

//Lindsey avala d'une dernière traite le reste de sa potion, avant de cracher sur ses draps et de lancer le verre au sol, où il se fracassa, provoquant un bruit d'enfer. Il évita un éclat qui frôla sa joue, lui laissant une très légère ligne rouge barrant sa peau. Il sourit doucement à la convalescente, visiblement satisfaite de son geste.//

-Tu sais, ce n'est pas en étalant ta colère que ça ira mieux Lindsey...

//Et il en savait quelque chose. Pendant des années, il s'était montré plus que coléreux, il avait tout laissé sortir. Il n'en avait résulté que plus de malheurs, et sa colère n'avait fait que s'amplifier. Depuis qu'il avait compris ça, il s'entraînait à gérer sa colère, refrénant ses "pulsions". Étonnement, cela avait plutôt bien fonctionné.//

[Riverelle]

// Quand le verre se brisa au sol, des morceaux de cristal volèrent en tous sens. L'un d'eux voltigea vers le visage d'Ethan et entailla légèrement la joue, passant à deux centimètres du coin de son oeil. Mais il n'eut pas d'autre réaction que son petit sourire familier. //

- Tu sais, ce n'est pas en étalant ta colère que ça ira mieux Lindsey...

// Elle se raidit, furieuse. Depuis quand osait-il lui faire la leçon ? //

- Je n'étale pas ma colère ! s'écria la jeune fille, fulminante.

// C'était la pire réaction qu'elle aurait put envisager. Et en plus, il avait raison. Elle rougit.

Une bonne raclée lui aurait fait un bien fou à ce garçon, mais le fait que la Serdaigle ne pouvait même pas mettre le pied dehors constituait un sérieux handicap. Mais elle en bouillait d'envie. Il la mettait exprès en rogne, sachant qu'elle ne pouvait même pas riposter. Et en plus, ce petit jeu l'amusait. Lindsey voyait parfaitement les commissures de ses lèvres se redresser, cachant mal un sourire amusé.

Elle le fusilla du regard, mais ne dit rien. Elle attendit, attendit, jusqu'à qu'elle se soit calmée. Et alors, elle se pencha en avant avec un sourire acéré, l'observa longuement.

Et les mots franchirent ses lèvres avant qu'elle ne puisse les retenir : //

- C'est drôle que tu me dise de maitriser ma colère. Je veux dire que c'est drôle, car ça vient de toi.

// Aïe ! Elle y était peut-être allée un peu fort. En même temps, elle avait pour habitude d'aller directement à l'essentiel, sans se préoccuper que cela puisse blesser ou énerver. Elle poursuivit donc, tentant tout-de-même d'atténuer un peu ses paroles : //

- Je sais ce que tu as vécu, hein. Et cette fois, je ne dirais pas que je comprends, parce que je me suis rendue compte que c'est sûrement faux. Que je ne mesure pas l'ampleur de ton chagrin ou de ta colère. Et je vois bien que tu essaye de la cacher. Mais il y a bien des moments où on doit relâcher, n'est-ce-pas ? Un moment où on ne peut plus supporter le poids de cet autre visage.

// D'accord, elle avait prononcé ces mots d'une façon tellement dramatique que c'en était devenu ridicule. Elle réprima un début de fou-rire. //

- Et là, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je vois tout ce que tu éprouve dans tes yeux, sur ton visage.

// C'était pire encore. Elle se rencogna dans ses oreillers. Puis continua, mais sans le regarder cette fois-ci : //

- Oh, je ne pense pas que tu me fasses confiance, Ethan. Je serais même étonnée si tu me témoignais un tout petit peu d'affection. Et pas d'inquiétude, je ressens la même chose de mon côté. Bref, tu devrais oublier tout ça.

// Elle marqua une pose, avec la très nette sensation d'être parfaitement ridicule. //

- Parce qu'un moment, il va bien falloir que tu l'acceptes. On ne peut pas vivre dans le passé.

// Ouf, elle avait réussi. Lindsey retourna la tête vers Ethan, eut un joli sourire et reprit comme si de rien n'était : //

- Bon, on disait quoi déjà ?

[Nighty]

//Lindsey se raidit et rugit.//

- Je n'étale pas ma colère !

//Ethan retint un rire.//

-Hum, je vois ça, tu te contiens même parfaitement...

//Bon. C'est vrai, c'était franchement vicieux de la torturer ainsi alors qu'il comprenait ce qu'elle vivait, et qu'elle n'avait d'autre choix que de se contenir. Mais bon, il était vicieux, et il avait mal.

Lindsey eut un regard noir, et plissa les lèvres. Les secondes passèrent, lentement. Ethan comprit que Lindsey tentait de se calmer. Une fois qu'elle eut l'air un peu moins en énervée, elle se pencha vers lui et se mit à lui parler d'une voix mauvaise.//

- C'est drôle que tu me dise de maitriser ma colère. Je veux dire que c'est drôle, car ça vient de toi.

//Ethan se figea soudain.

**J'ai appris. Et j'y parviens. Sinon nous nous serions déjà battus.**

Impitoyable, Lindsey continua, débitant des paroles à toute allure, pleine de conviction. Dès la première phrase, il sut ce qu'elle allait dire.//

- Je sais ce que tu as vécu, hein. Et cette fois, je ne dirais pas que je comprends, parce que je me suis rendue compte que c'est sûrement faux. Que je ne mesure pas l'ampleur de ton chagrin ou de ta colère. Et je vois bien que tu essaye de la cacher. Mais il y a bien des moments où on doit relâcher, n'est-ce-pas ? Un moment où on ne peut plus supporter le poids de cet autre visage.

//Ethan sentit son cœur se tordre. Il ferma les yeux, le visage plus froid que jamais. Qu'en savait-elle? Avait-elle jamais eut à supporter cette douleur, ce feu qui brûlait les entrailles et le cœur? Avait-elle jamais ne serait-ce que perdu de vu quelqu'un qu'elle aimait? Savait-elle réellement?

Non. Bien sûr que non. Elle ne savait pas. Où elle n'aurait rien dit. Elle n'aurait rien dû dire.

Ethan sentit le feu remonter le long de son ventre, son cœur le brûler, la colère monter. Mais il ne fallait pas. Il ne devait pas.

C'est alors que Lindsey réprima un rire. Un rire. Un rire! Trouvait-elle ça drôle? Il rouvrit les yeux, les traits tendus, la mâchoire serrée et le visage dur.//

- Et là, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je vois tout ce que tu éprouve dans tes yeux, sur ton visage. Oh, je ne pense pas que tu me fasses confiance, Ethan. Je serais même étonnée si tu me témoignais un tout petit peu d'affection. Et pas d'inquiétude, je ressens la même chose de mon côté. Bref, tu devrais oublier tout ça.

//Confiance? Elle parlait de confiance? Il ne la connaissait pas. Et malgré ce qu'elle disait, elle ne le connaissait pas. Du tout. La Serdaigle assena enfin le coup de grâce.//

- Parce qu'un moment, il va bien falloir que tu l'acceptes. On ne peut pas vivre dans le passé. ...
Bon, on disait quoi déjà ?

//Ce fut la goutte qui fit déborder la douleur et la colère du garçon. Elle voulait faire comme si de rien n'était. Et bien c'était simple, il ne pouvait pas. Il se leva d'un seul bond, oubliant la douleur sourde de son bras, les yeux brillants de rage, et les mots franchirent ses lèvres sans qu'il ne les appelle.//

-Parce que tu crois savoir peut-être? Savoir ce que je vis? Savoir ce qu'est la colère, la véritable colère? La tienne n'est que caprice d'enfant! Tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir. Je n'ai aucune leçon à recevoir de ta personne Lindsey Winster, et je n'accepterai pas une seconde de plus que tu me parles de présent. Le présent, c'est cette douleur, cette rage, que je vis chaque jour. Le présent c'est les souvenirs, les regrets, les flash-back. Tu ne sais pas. Tu n'as jamais souffert. Ta vie est peut-être dorée, mais celle de beaucoup d'autres ne l'est pas. N'oublie jamais que les gens souffrent, et apprennent à vivre avec, avant de ressortir ces paroles vides de sens à quelqu'un d'autre.

//Il avait presque hurlé ses mots, les martelant et les entendant sortir de sa bouche avant même de les penser.

Sombre, il regarda la malade avec mépris. Les poings serrés, le regard noir, les muscles tendus et le menton en avant, Ethan avait conscience que sa colère et sa rage transparaissaient. Mais il s'en fichait. Il était bien trop occupé à se contenir. Il partit s'assoir sur le lit en face de la jeune blonde, ne la quittant pas des yeux. Il se força à respirer doucement, calmement.

Au bout d'un moment, la colère et la rage reprirent leur place, au chaud autour de ses entrailles. Ne resta plus que la douleur. Il sentit le grand poids revenir sur ses épaules. Il ferma les yeux, une larme au coin de l’œil.//

**Ne pleure pas. N'y pense pas.**