Le Hangar à Bateaux

[Liara]

- Tant que tu ne te perds pas dans les cachots... Pour le coup, ce sera un peu difficile d'y passer la nuit. Tu devrais trouver un guide !

// " Dans les cachots" avait-elle dit. Calypso fronça légèrement les sourcils. Ce n'était pas l'endroit où l'inconsciente et frappadingue Charlen avait caché un Crabe de Feu miniature ? Oui oui, c'était bien cela. Sa cousine lui en avait parlé pendant des heures, des petits cœurs roses dans les yeux et un air béat sur le visage. Complètement dingo cette fille pour être gaga à ce point d'une créature qui pouvait la griller sur place et la transformer en saucisse pour en faire son quatre-heure. Sur le coup, elle avait explosé de rire : décidément, elle vivait dans une famille de fous furieux. Elle avait tout de suite demandé à rencontrer le petit bout de chou - surnom franchement stupide - mais Charlen avait immédiatement refusé. Mais juré, un jour, elle rencontrera Nicéphore le crabe.

Cependant, Thalia avait raison. Passer la nuit dans de lugubres cachots tout en sachant qu'il y avait des créatures pas très nettes dans les parages, cela relevait vraiment de la crétinerie. Tiens, Isaac aurait été parfaitement capable de faire une chose pareille. //

- Un guide ? Pourquoi pas ? dit-elle en tortillant une de ses mèches blondes en signe de réflexion. Tu veux bien devenir la mienne ? Tu as l'air de connaître cet endroit comme ta poche.

// So-cia-bi-li-ser. C'était bien parti. Du moins, est-ce que proposer à des personnes que l'on connaissaient depuis dix minutes de passer du temps ensemble, c'était sociabiliser ? Elle n'en savait fichtrement rien, puis de toute façon au pire des cas la Serdaigle prendrait les jambes à son coup et... //

- Tu as un frère, non ...?

// Calypso fut arrêtée nette dans son élan et buga quelques instants. C'était une malédiction ou le machin-truc qu'était le destin s'acharnait sur elle ? //

- ... Oui. Il a un an de plus que toi. Tu le connais ?

// Elle se serait retenue de faire une grimace de dégoût, mais elle avait un minimum de self-control. Enfin, parfois. Caly reprit tout son aplomb et continua sa tirade quelques secondes plus tard. Elle était si peu cachottière et réservée que raconter sa vie était devenue une presque passion. Ce qui, en soit, pouvait très rapidement taper sur les nerfs de ses interlocuteurs. //

- Tu sais, autant mettre les choses au clair. Je ne te cache pas que chez nous les problèmes familiaux ça fait parti de notre quotidien, et que donc je n'habite pas avec lui. Pour tout te dire, je sais juste qu'il n'est pas très fut fut et qu'il a un crapaud en animal de compagnie.

//Elle marqua une pause en regardant le chat de la demoiselle sauter dans une barque et faillit provoquer un raz-de-marée ( ou pas ) en frissonnant. Brhh en plus l'eau devait être sacrément froide malgré la fin de l'été. //

- Bref, tout ça pour te dire que je ne le connais pas vraiment. Ton chat ne craint pas l'eau, au fait ? Normalement ils n'aiment pas trop ça. Mais visiblement le tien ne dirait pas non à une baignade involontaire. Dis moi si je parle trop hein, j'ai parfois du mal à m'arrêter.

[Thalia Gilsayan]

- Un guide ? Pourquoi pas ? Tu veux bien devenir la mienne ? Tu as l'air de connaître cet endroit comme ta poche.

// Calypso avait prononcé ces quelques phrases au moment même où la Serdaigle lui avait posé la question pour son frère, si bien que Thalia resta muette le temps de réécouter mentalement la question de la blonde. Elle lui avait bien proposé de devenir guide ? En fait, pourquoi pas. A vrai dire, l'idée n'était pas trop mauvaise. Qui sait, peut-être qu'elle trouverait en Calypso une nouvelle amie ? Il lui tardait de retrouver un acolyte pour explorer les passages secrets et foutre le bazar incognito. La bonne époque.

Mais d'abord, il y avait ce mur infranchissable qui l'entourait, nommé solitude, ou encore asociabilité en termes exagérés, à traverser. Peut-être qu'il serait temps, un jour, que la tortue sorte de sa carapace. Qu'elle cesse de se cacher derrière ces écailles rigides plus semblables aux barreaux d'une prison qu'aux tuiles d'un refuge. Qu'elle redresse la tête, qu'elle ouvre ses nictitantes pour percevoir le monde d'un regard neuf et plus limpide, éclairé à la vraie lueur du jour et non à la lumière filtrée par les scénarios catastrophistes généreusement financés par sa peur d'autrui.

- ... Oui. Il a un an de plus que toi. Tu le connais ?

// La Gryffondor avait été bien plus rapide à répondre à sa question qu'elle-même à la sienne. Un temps de réaction clairement démonstratif d'une extraversion relevant de la dimension d'un phénomène non classifié dans le monde de Thalia. La brune releva tout de même peine l'indéniable mépris imprégnant intrinsèquement l'idée évoquée à travers la bouche de son interlocutrice. Ne pas faire de boulette, c'était primordial, un erreur de sa part et la blonde partirait sûrement, déçue, fâchée, ennuyée.
Et puis zut, depuis quand se tracassait-elle autant avant de parler ? A croire qu'elle avait oublié comment sociabiliser pendant les vacances. Si elle l'avait déjà su. Le plus logique serait juste d'être elle-même, un point c'est tout. Mais tout de suite montrer son visage revêche et taciturne n'était pas l'argument idéal pour se faire des potes, non ? Alors l'être, ou ne pas l'être ?

Cette réflexion aurait bien pu durer mille ans, mais selon la relativité temporelle il ne s'était écoulé en fait que 2 secondes. Ça avait néanmoins été déjà suffisamment long pour ne pas pouvoir se permettre de poursuivre jusqu'à leur terme les raisonnements existentiels qui menaient son train quotidien. Parler avant de réfléchir, c'était un premier coup de bec pour s'extraire de la coquille. //

- Oui. Enfin non. Je veux dire que je connais le nom de ton frère, mais non, je ne le connais pas sinon. Ça fait beaucoup de non en une phrase. Et puis, oui, je connais bien Poudlard, alors...

// Un massacre. Finalement réfléchir avant de parler, c'était mieux.
Soit Calypso ne l'écoutait pas, soit elle ne l'entendait pas, perdue dans ses propres pensées, toujours est-il qu'elle ne lui laissa pas le temps d'achever son entremêlements de bafouilles en récupérant subitement la parole. //

- Tu sais, autant mettre les choses au clair. Je ne te cache pas que chez nous les problèmes familiaux ça fait parti de notre quotidien, et que donc je n'habite pas avec lui. Pour tout te dire, je sais juste qu'il n'est pas très fut fut et qu'il a un crapaud en animal de compagnie.

// Thalia n'y comprenait pas grand chose. Comment un frère et une sœur pouvaient-ils se détester au point de ne pas pouvoir évoluer sous le même toit ? Pourquoi la blonde lui racontait-elle ça ? Et quel était le rapport entre la perspicacité du jeune homme et le fait de posséder un crapaud pour animal de compagnie ? //

- Bref, tout ça pour te dire que je ne le connais pas vraiment. Ton chat ne craint pas l'eau, au fait ? Normalement ils n'aiment pas trop ça. Mais visiblement le tien ne dirait pas non à une baignade involontaire. Dis moi si je parle trop hein, j'ai parfois du mal à m'arrêter.

// Manifestement Calypso était une machine à paroles difficile à arrêter sur sa lancée. A l'évocation de Pumpkin, Thalia jeta un coup d’œil à son chat, toujours en train de tanguer au rythme de la barque sur laquelle il avait élu domicile. //

- On dirait bien qu'il aime l'eau, c'est vrai. Il aime bien défier les lois de la normalité. Parce que l'anti-conformisme, c'est cool. Il n'est peut-être pas juste chat dans sa tête. Peut-être qu'il a fait un rêve ou il était crapaud. Et que depuis il veut apprendre à nager. Chat expliquerait tout !

// Depuis tout à l'heure, elle continuait à tester la technique du "parler sans réfléchir", mais elle commençait à tenir des propos de plus en plus bizarres. Avec un peu de recul, s'il avait fallu choisir entre l'option : "cette fille est une sage Serdaigle" ou "cette fille et droguée", quelle proposition aurait fait l'unanimité ?

Surprise par sa propre attitude inhabituelle, Thalia s'esclaffa toute seule. C'était pathétique. Et ça la faisait rire. Ce qui la rendait sûrement encore plus pathétique. Et avivait d'autant plus son rire. Et ainsi de suite. Thalia et le contact social, une longue histoire sans fin.//

- Au fait, tu ne voulais pas faire une promenade en bateau au départ ? demanda la jeune fille quand elle eut retrouvé un semblant d'équilibre dans ses idées.

[Liara]

// Alors oui, évidemment, Calypso n'a jamais été maître en l'art de mettre à l'aise les gens. N'importe qui possédant une once d'intelligence aurait été capable de faire cette piètre analyse. Si on allait jusqu'aux extrêmes, même le plus stupide des trolls l'aurait remarqué. M'enfin n'allons pas si loin. Bref. Tout cela ne faisait que se confirmer. Calypso était sûrement, même très probablement une étrangeté dans la masse humaine qui grouillait dans Poudlard, mais elle n'était pas stupide. Oh que non. Elle voyait bien dans les yeux de Thalia, qu'elle aurait préféré ne pas se coltiner sa présence. Du moins, c'était ce qu'elle croyait. //

- Oui. Enfin non. Je veux dire que je connais le nom de ton frère, mais non, je ne le connais pas sinon. Ça fait beaucoup de non en une phrase. Et puis, oui, je connais bien Poudlard, alors...

// La nouvelle Gryffondor sourit. Pas de moquerie ou d'un de ces sourires méprisants qui déformait le visage et rendait celui qui l'émettait digne d'une magnifique paire de claques. Non. Le sourire qui voulait dire « J'aime bien ton humour toi, si je ne me noie dans dans la flaque géante à deux mètres de nous on pourrait presque être amies. » Oui, elle aimait bien la façon dont était Thalia.

Combien de fois la blonde avait essayé de se comprendre elle-même, ce dont elle avait envie, ce dont elle avait besoin ? Haha. Beaucoup de fois. Elle en était arrivée à une conclusion qui lui plaisait bien, du moins dans l'instant présent. Calypso n'arrivera jamais à se comprendre. Pour la simple et unique raison qu'elle ne le voulait pas. Pourquoi essayer de mettre des mots, de la caser dans un genre de personnes bien spécifique ? C'était littéralement ridicule.

En réalité, c'est qu'elle ne présentait pas tant le besoin de vouloir savoir tout sur tout, de réfléchir sérieusement à son identité, sa personnalité. Pourquoi ? C'était très simple. Les analyses psychologiques, c'était bien beau cinq minutes, mais ce n'était pas la tasse de thé de la demoiselle. Elle savait que son prénom était Calypso et qu'elle aimait le violon. C'était largement suffisant. Pourquoi faire compliqué nom de dieu ? //

- On dirait bien qu'il aime l'eau, c'est vrai. Il aime bien défier les lois de la normalité. Parce que l'anti-conformisme, c'est cool. Il n'est peut-être pas juste chat dans sa tête. Peut-être qu'il a fait un rêve ou il était crapaud. Et que depuis il veut apprendre à nager. Chat expliquerait tout !

// La blonde aurait bien éclaté de rire si le sujet de discussion ne touchait, ni de près, ne de loin, à cette atrocité qu'était la baignade. Elle se contenta d'adopter un faciès qui ne grimaçait pas. C'était déjà beaucoup demandé, oh. //

- On dit bien que les chats ont neuf vies non ? Peut-être que oui, effectivement, ton chat est depuis que tu l'as un crapaud mais tu ne t'en es jamais rendu compte, dit-elle le plus sérieusement du monde.

// Pourtant, Thalia, de son côté, fut éprise d'un énorme fou rire. Calypso haussa un sourcil, interloquée. Avait-elle dit quelque chose qu'il ne fallait pas dire ? Oups. Dieu que c'était compliqué de savoir ce qu'il fallait dire aux gens pour attendre une réaction neutre. Soit ils riaient, soit ils s'énervaient. Cooper Lawford avait éclaté de rire lorsqu'elle lui avait donné son point de vue sur le Choixpeau qu'elle qualifiait d'inutile. Ariana avait d'abord piqué une colère lorsqu'elle avait apprit son existence. Un casse-tête chinois impossible, ça en devenait risible. //

- Au fait, tu ne voulais pas faire une promenade en bateau au départ ? risqua la Serdaigle.

// Calypso paniqua littéralement. Si elle avait été une autruche elle aurait enfoncé sa tête dans le sable, et si elle avait été une tortue ou un escargot elle aurait rentré sa tête sous sa carapace. Nooooon. Non. Et encore non. //

- Heu... Je... Tu ne penses pas qu'au fond c'est dangereux ? bredouilla-t-elle. Enfin... Je veux dire, on ne sait pas ce qu'il y a au fond de ce lac, non? Tu sais, les créatures magiques aquatiques, c'est encore pire que les terrestres. Parce que déjà ça peut t'agresser physiquement, mais en plus ça peut t'entraîner au fond de l'eau et te noyer ! Et puis l'eau, ça mouille, et... et...

// ...Et elle se rendit compte qu'elle avait l'air d'un poisson hors de l'eau qui balbutiait n'importe quoi. Si seulement elle pouvait retourner trente secondes en arrière ! Les retourneurs de temps, c'est en vente où s'il vous plaît ?

Puis, Calypso prit son courage à deux mains. Elle soupira, et, s'avouant vaincue, montra du regard la barque la plus proche. //

- Oublie ce que je viens de dire. Tu sais ramer correctement ?

[Thalia Gilsayan]

// Tandis que Thalia riait aux éclats, Calypso avait donné son opinion sur le curieux comportement de Pumpkin. Avec un sérieux réel. De quoi aviver son hilarité, d'autant plus que la blonde ne comprenait apparemment pas sa réaction.

Mais elle n'était pas la seule à réagir de manière inattendue et inexplicable. Alors que la brunette remettait au goût du jour cette histoire de promenade en barque, Calypso devint livide. A tel point que Thalia s'inquiéta. Avait-elle dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Impossible, sa dernière phrase n'avait pourtant rien de choquant... La jeune fille se sentait-elle soudainement mal ? Alors quelque secondes plus tôt tout semblait aller parfaitement bien ? //

- Heu... Je... Tu ne penses pas qu'au fond c'est dangereux ? Enfin... Je veux dire, on ne sait pas ce qu'il y a au fond de ce lac, non? Tu sais, les créatures magiques aquatiques, c'est encore pire que les terrestres. Parce que déjà ça peut t'agresser physiquement, mais en plus ça peut t'entraîner au fond de l'eau et te noyer ! Et puis l'eau, ça mouille, et... et...

// Abasourdie, Thalia fixa son interlocutrice avec de grands yeux. Alors, c'était ça ? Elle avait peur ? Vraiment ? Une Gryffondor effrayée à l'idée d'un petit tour de bateau ! Cela ne correspondait tellement pas à l'image de la personne qui se dressait face à elle que l'absurdité de la chose la fit sourire. Et dire que cela semblait si paradoxal ; aussi bien qu'un Dracaena craignant une flamme, instinctivement par son statut de plante mais si étonnant du point de vue étymologique, un dragonnier ne fuyait pas le feu. Et pourtant Calypso avait bel et bien peur de l'eau. Pourquoi pas. Ce n'était pas commun, mais pas plus stupide que d'avoir le vertige... Ou que de désirer ardemment fuir en courant face à un fantôme, aussi sympathique soit-il.

Alors Thalia sourit, compréhensive. Tant pis, il n'y aurait pas de ballade en bateau cette après-midi. De toute façon, ce n'était sans doute pas autorisé, ça leur ferait quelques risques en moins de finir en retenue à cirer les chaussures du concierge.

Mais encore une fois elle se leurrait, Calypso était pleine de surprises. //

- Oublie ce que je viens de dire. Tu sais ramer correctement ?

// Thalia se fendit d'une énorme sourire. Ce changement d'opinion était brusque et inattendu, mais ce n'était pas pour lui déplaire. Monter à bord d'une barque avec une inconnue rencontrée il y a trois minutes, ce n'était pas ordinaire, non ? De quoi pimenter un peu la journée. //

- Honnêtement, je n'ai jamais ramé de ma vie... admit-elle. Mais il doit bien y avoir un moyen d’ensorceler les rames pour qu'elles fassent le boulot toutes seules.

// Consciente d'avoir tenu un discours des plus rassurants devant une aquaphobique, Thalia s'empara de deux rames accrochées au mur et en tendit une à sa camarade. Comment ça se tenait ? La main droite ou la main gauche en haut du manche ? Boarf, elle improviserait. De toute manière, normalement, leur embarcation flottait, alors elles ne couleraient pas. Au pire, si elles se retrouvaient emportées vers le milieu du lac sans pouvoir revenir au rivage, un petit signal de détresse était vite envoyé.

La motivation à son comble, Thalia sauta dans le bateau. //

- Larguez les ammaaaarres ! S'exclama-t-elle en entreprenant de dénouer le cordage qui les reliait au quai.

[Liara]

// Thalia paraissait tout ce qu'il y avait de plus joyeux et motivé à l'idée de cette fameuse promenade sur le lac. Tout le contraire de Calypso, cela allait de soit. En réalité, elle ne savait toujours pas pourquoi elle avait fini par accepter. Elle devenait complètement folle, dit donc. Ou alors elle essayait de passer outre ses fichues peurs débiles. Si c'était cette solution, sortez le champagne, mademoiselle Tremblay essaye d'aller de l'avant et d'affronter en face ses peurs ! Mouais. C'était sûrement la première supposition. //

- Honnêtement, je n'ai jamais ramé de ma vie... Mais il doit bien y avoir un moyen d’ensorceler les rames pour qu'elles fassent le boulot toutes seules.

// Oh, par le caleçon de Merlin. Calypso priait de tout son cœur pour que ce sortilège vienne rapidement au cerveau d'une d'entre elles, parce que sinon la jeune fille n'allait pas se le faire dire deux fois avant de fuir à toutes jambes. Quitte à se perdre dans la labyrinthique forêt qui bordait le lac de ses cauchemars. Quel mot employait Charlen, déjà, pour la qualifier ? Ah oui. La forêt interdite. Avec un nom pareil, c'était une invitation posée sur un plateau d'argent à y aller. Oui, peut-être, elle ira sûrement un jour. Mais si elle se perdait dans Poudlard, que ferait-elle dans une gigantesque forêt ? //

- Bon et bien... C'est parti, murmura-t-elle pour elle-même.

// Elle attrapa la rame que la Serdaigle lui tendait. Elle ne savait pas le moins du monde à quoi ça allait leur servir, mais elle la garda à la main pour la forme. Calypso regardait toujours Thalia, qui abordait cette motivation indécente. Dans quoi la jeune blonde s'était-elle encore fourré... //

- Larguez les ammaaaarres !

// Quelle était la probabilité que Calypso se fasse la malle et pouf! disparaisse en moins de deux ? Mais non, que nenni, elle n'est pas si froussarde que ça. Elle l'était juste un tout petit peu... Et son courage dépassa largement sa peur. Alors elle donna un coup de main à Thalia pour délier les lourdes cordes qui rattachaient la barque au rivage. Puis, elle se décida, rassemblant toute sa hardiesse de petite Gryffondor et posa un pied dans la barque. Puis deux. Elle poussa à l'aide de ses mains le quai pour faire avancer le bateau. Ah, finalement c'était pas si horrible que ça. Or mit le fait que ça tanguait. Ça tanguait beaucoup même. Et le chat de Thalia qui faisait toujours ses acrobaties... Diantre, elle espérait qu'elle ne passera pas par-dessus bord. //

- Eh, c'est plutôt chouette. On a une jolie vue d'ici. On peut même voir le château, au loin, regarde, s'exclama-t-elle, des étoiles dans les yeux. Il a un nom, ce lac ?

[Frank Wakefield]

// Après avoir enlevé la jeune fille au Chaudron Baveur, Frank Wakefield avait, cette fois, pris la décision de kidnapper un élève dans le parc de Poudlard. Il se baladait dans la forêt interdite, n'ayant plus peur du tout des créatures qu'elle cachait. Quand il était enfant, le meurtrier s'était rendu une fois dans ces bois et avait eu la peur de sa vie en apercevant toutes sortes d'animaux fantastiques peu communs. Dorénavant, il était bien trop puissant pour craindre encore ces derniers.

Après réflexion, il avait choisi de se rendre au hangar à bateaux. C'était un endroit isolé, parfait pour capturer un adolescent seul. Au pire ils seraient deux et le mégalomane n'aurait qu'à choisir le plus intelligent des deux. En fait, il fallait que ses victimes soient suffisamment débrouillardes. Il pensait que s'ils tuaient des gens en plein santé et capables de penser et réfléchir correctement, les horcruxes seraient plus forts et donc plus difficiles à détruire.

Finalement, il employait de nouveau le sortilège de Désillusion. On n'était jamais trop prudent. Un élève aurait pu hurler en le voyant et ameuter tout le château. Il préférait rester discret et faire ses coups en douce. Il était assis sur le ponton du hangar là où il y avait plusieurs barques attendant que des jeunes gens se montre. Et ça ne rata pas. Deux filles arrivèrent, puis, après un moment de discussion, montèrent dans un canot. Elles larguèrent les amarres. L'homme s'empêcha d'éclater de rire.

Il attendit quelques instants qu'elles s'éloignent du bord et leva sa baguette ensuite. Il lança un puissant Accio, restant de marbre, tandis que la barque revenait vers lui. Il avait étudié les deux jeunes filles et décidé d'enlever celle aux cheveux noirs qui semblait plus sûre d'elle et plus débrouillarde. Il sauta – ou plutôt vola à moitié - dans l'embarcation, agrippa les bras de sa victime et transplana.

Il avait l'impression de répéter le même schéma inlassablement en laissant de la nourriture et de l'eau pour ses prisonniers. Pourtant, il ne restait plus qu'un élève à capturer et il pourrait continuer ses recherches sur les horcruxes, pouvant faire des tests s'il le voulait. //

[Liara]

// Calypso et Thalia, naviguaient tant bien que mal et avaient fini par trouver un semblant d'équilibre. La Gryffondor pouvait souffler. Tout allait bien. Pumpkin s'était calmé et fixait à présent un point fixe sur la berge du lac. Il semblait un paralysé, le poil hérissé, mais ni la blonde, ni la brune ne s'en occupait. Elles étaient toutes les deux plongées - au sens figuré, n'est ce pas, sinon ce serait un poil alarmant - dans une discussion autour du nom du lac (le Lac Noir selon les dires de la Serdaigle, Calypso tâchera de s'en souvenir) et vaguement de l'histoire de Poudlard.

Le chat de la Bleue-et-Bronze choisit ce moment pour miauler à en briser les tympans des deux jeunes sorcières. Calypso lui lança un regard furibond, mais ne comprit que bien plus tard la raison de la panique de Pumpkin.

Juste après le strident miaulement, la barque se mit à tanguer. Mais pas de la même manière qu'elle avait eu lors de l'embarcation. C'était plus rythmé, et régulier. C'était comme une puissance, une force inconnue qui avait prit le contrôle du bateau de fortune. La Rouge-et-Or s'agrippa comme elle put, mais manquait à chaque seconde de voler par-dessus bord et finir par rejoindre le Calmar géant pour lui tenir compagnie pour l'éternité.

Une forme irrégulière fonça en plein sur la barque et la percuta. Calypso hurla. Elle avait l'impression d'être prise dans un tourbillon et de ne même plus être consciente de ce qui lui arrivait. Elle ne pouvait distinguer que le visage maléfique d'un homme au teint grisâtre. Le même homme attrapa fortement les bras de Thalia. La blonde tenta de tirer cette dernière vers elle pour ne pas que le sorcier l'agresse mais trop tard. La seconde d'après, elle n'était plus là. Ni elle, ni lui.

Calypso resta un moment interdite, ne réalisant pas ce qui venait de se passer. Puis elle se mit crier tout ce que ses poumons pouvaient lui permettre, demanda de l'aide. Paniquée, les larmes manquant de couler sur ses joues qui avaient étrangement pâlies, elle se saisit d'une rame, et, de toutes ses forces, rama jusqu'au rivage. Il fallait prévenir quelqu'un. Il fallait savoir où est-ce que ce fou l'avait emporté. Calypso ne prit même pas le temps de rapporter la barque dans le hangar. Elle sauta hors de l'embarcation, et se retourna brusquement. //

- Pumpkin ! Viens ! Il faut qu'on retourne au château chercher de l'aide ! criait-elle presque.

// Et là voilà qui courait à perdre haleine, ses cheveux lui collaient au visage, mais elle ne s'arrêtait pas, le chat gris essayant de la suivre comme il pouvait. C'était un cauchemar. Calypso nageait en plein cauchemar. //

[Fin de RP]

[Chocoballe Drety]

[RP unique avec Nila et Swann Drety]

// Nila se sentait perdue. Depuis le début de l'année, elle était en mode pilote automatique, enchaînant des jours désespérément identiques. Depuis que Swann était au château, elle l'évitait consciencieusement, prétendant avoir beaucoup de devoirs et trop peu de temps. Cela faisait des mois que Nila avait décidé de devenir moins asociale, de s'ouvrir aux autres et de faire taire les vieilles peurs qui sommeillaient en elle, mais...

Elle n'y arrivait pas. Au début, ça s'était plutôt bien passé, elle s'était plus ou moins liée avec un garçon de sa maison et une fille de Gryffondor, qui étaient tout deux très gentils, chacun dans leur style. Et puis les vacances étaient passées, avec une Swann plus remontée que jamais contre elle, et Manek toujours aussi fouineur. Son cher frère et sa chère sœur... Avec la rentrée, Nila avait perdu de vue les camarades avec qui elle avait sympathisé. Ses frayeurs, à peine enfouies, ressurgirent.

Elle était revenue à la case départ.

C'était pourquoi elle marchait, ce jour-là, en direction du coin le plus caché du parc : le hangar à bateaux. Elle ne voulait plus penser à ses soucis, oublier, le temps d'un instant, l'Accident qui la hantait de plus en plus depuis le début des classes. Mais lorsqu'elle arriva à sa destination, elle eut la surprise de trouver sa sœur, en train d'ensorceler des bouts de bois, qui flottaient dans les airs.//

- Swann ? s'exclama la plus âgée, étonnée de voir sa cadette dans ce lieu.

- Nila ! Il faut absolument que je te parle ! J'ai eu une retenue, Mama va être furax, il faut que tu m'aides ! Au fait, ça va ? T'as l'air crevée ! Elle va me tuer, en plus, quand elle va savoir que j'ai perdu le collier qu'elle m'a passé, pour que je te le donne. Au fait, du coup, pardon, je pourrais pas te le donner vu que je l'ai perdu. Tu vois Dorian Flint ? Quelle sale type ce garçon ! Typiquement Gryffondor ! Au fait, j'ai trouvé l'entrée des cuisines, et j'ai chipé des oranges. T'en veux une ?

// Nila prit une grande inspiration. Sa petite sœur lui souriait d'un air angélique en lui tendant une orange. Apparemment, Swann savait que son aînée se rendait beaucoup ici, et elle l'avait attendu à cet endroit, pour lui demander une faveur et lui offrir une orange. Normal. Après tout, il s'agissait de Swann Drety, la Terreur.

Sans plus de façons, la plus âgée prit le fruit et commença à l'éplucher. Puis elle s'assit dans un endroit pas trop humide et invita sa sœur à faire de même.//

- OK, Swann. On va recommencer par le début, d'accord ? Tu as eu une retenue ? Pourquoi ?

// La fautive fit la moue, renfrognée.//

- J'ai faussé compagnie au prof qui accompagnait ma classe. Tu sais, rapport aux enlèvements, tout ça...

// Nila sentit une bouffée d'inquiétude lui remonter au visage. Les enlèvements, encore récents, avaient ramené dans sa mémoire des détails de l'Accident, sans compter qu'elle avait eu horriblement peur que sa sœur puisse être enlevée. Alors maintenant, savoir que sa protégée se baladait sans personne pour veiller sur elle dans les couloirs lui filait les jetons.//

- Swann, c'est dangereux, tu le sais ! Ce fou furieux a peut-être arrêté ses kidnappings, rien ne l'empêche de recommencer !

// La petite haussa les épaules, méprisante.//

- Me fait pas la morale Nila. Parce que tu crois que c'est très prudent de se planquer au fin fond du parc alors que personne n'est au courant que tu es ici ?

// Nila en eut le souffle coupé. Est-ce que sa sœur venait de s'inquiéter pour elle ?//

- Personne ne se rendrait compte de ta disparition avant un bon moment, en plus, tellement t'as pas d'ami.

// Ah tiens, non. Swann restait égale à elle-même.//

- Euh, bon. C'est OK, petite sœur, j'en parlerai à Mama. Sinon, oui, je vais bien, c'est pas grave pour le collier, je me débrouillerai pour faire croire à Mama que c'est moi qui l'ai perdu. Et autrement, non, je ne connais pas ce... Dorian Flint. C'est un première année comme toi, c'est ça ?

// Depuis l'Accident, Nila se démenait pour que les bêtises que sa sœur n'arrêtait pas de faire lui soient attribuées. Elle lui devait bien ça. Cela allégeait un peu sa culpabilité, au moins. Leurs parents n'étaient pas vraiment dupes, mais ils préféraient fermer les yeux, car ils savaient que jamais Nila ne laisserait tomber.//

- Ouais, c'est ça. Il mériterait un bon coup de pied, à mon avis. Bref.

// La plus âgée regarda la petite se lever et lui adresser un joyeux signe de la main.//

- À plus, Nila ! Et merci !

// La susnommée sentit son trou noir de peur l'entraîner encore plus bas. Swann avait raison : si elle disparaissait, personne ne s'en rendrait compte. Et si... Elle pouvait partir dans la forêt interdite, et ne plus jamais revenir...

Non. Swann avait besoin d'elle. Alors Nila resterait. Pour Swann.//

[Fin du RP unique]

[Zlatz]

[RP entre Swann Drety et Zlatz Roux]

// En sortant de son cour, Zlatz était parti vers le parc. La plupart des élèves se rendraient sans doute dans la salle commune de leur maison où ils discuteraient du test qu’avait fait passer Rohan Turner. C’était là le sujet de discussion le plus répandu depuis qu’il était finit, et depuis qu’il avait été annoncé en fait. L’ayant passé, le serdaigle avait peur que ses condisciples ne l’interrogent sur son expérience, ce pourquoi il évitait la salle commune des bleus et bronzes comme la peste. Outre le fait qu’il n’avait pas envie d’être au centre de l’attention, le garçon trouvait assez écoeurant le fait que les autres élèves de l’école s’intéressaient plus à l’épreuve qu’à ses enjeux, traitants la chose comme un examen ordinaire alors que la vie de plusieurs personnes étaient en jeu. Il faisait froid dehors alors il n’y aurait sans doute guère de monde. Pour être au calme et être installé confortablement, le hangar à bateaux était idéal. Le sorcier s’y rendit donc et jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur pour être sûr qu’il n’y avait personne dans le hangar avant d’y entrer. Le bâtiment étant désert, Zlatz entra et se dirigea vers une pile de barques qu’il escalada avec relativement peu de difficultés. Une fois installé dans l’embarcation au sommet de l’entassement, le serdaigle sortit de sous un banc une poignée de coussins miniature qu’il plaça à intervalles réguliers sur le fond de la barque. Ceci étant fait, il sortit sa baguette magique de sa poche. //

- Amplificatum. Amplificatum. Amplificatum. Amplificatum. Amplificatum.

// Les coussins reprirent leur taille normale et le garçon se vautra dessus. Il replaça sa baguette là où il l’avait prise et en sortit une paire de sucettes au sang qu’il plaça à la tête de la barque. C’était là l’une des seules sucreries sorcières qu’il consommait. La plupart des produits comestibles du monde sorcier avaient des équivalents meilleurs marchés dans le monde moldu. Alors certes, il n’existait aucun bonbon permettant de voler hors de la société magique, mais l’intérêt de la chose était minime selon Zlatz. Les sucettes au sang, elles, étaient spécifiques aux confiseries sorcières et avaient le bon goût d’être à un prix raisonnable. Le bleu et bronze fouilla un peu dans son sac pour en tirer un livre avant de balancer sa besace à ses pieds. Le sorcier déballa l’une de ses sucettes, et commença à la déguster en lisant son roman. //

Couleurs utilisées dans ce message : #884DA7

[Chocoballe Drety]

// Cela faisait plusieurs minutes que Swann s'était cachée au fin fond du hangar, dans cette froide journée. Elle voyait ce que sa sœur pouvait y trouver, au final. Personne ne venait, le silence était presque total, seul le bruit du vent sur le bâtiment troublait ce calme. Car oui, malgré tout ce que les gens pouvaient dire, Swann aimait le calme. Et ici, dissimulée derrière une barque, dans un confort tout relatif, elle pouvait enfin penser, sans se préoccuper de se faire bien voir par les autres, de garder la tête droite. Il fallait toujours faire bonne impression, se montrer présentable, alors que Swann ne rêvait que d'une chose : faire disparaître toutes ces personnes hypocrites, qui parlent dans ton dos quand tu n'es pas là, qui ne montreront jamais leur cruauté en plein jour. La petite Serpentard était-elle animée de mauvaises intentions envers sa sœur ? Oui, mais par rapport à la méchanceté de tous les autres, elle ne recherchait que la vengeance. Swann n'était pas sans cœur : du moment qu'elle avait éliminé ses ennemis, elle pourrait très bien se lier avec quelqu'un qui la comprenne.

Soudain, la porte du hangar claqua, et Swann sursauta dans le noir. Quelqu'un venait d'entrer - de la déranger - et, apparemment, l'intrus comptait rester un bon moment, puisqu'il s'installait tranquillement dans une barque, et - confort ultime - s'était débrouillé pour apporter des coussins avec lui.

Il s'agissait d'un jeune homme de seize, dix-sept ans aux cheveux noirs et à la grande taille. Aussitôt après avoir ordonné sa barque, il s'assit à l'intérieur et ouvrit un roman. Il était calme et ne faisait quasiment pas de bruit, finalement.//

** Ce hangar est assez grand pour deux...**

// Swann essaya de reprendre le fil de ses pensées, mais la respiration de l'autre occupant de l'endroit la gênait, l'oppressait même. La paix de ce lieu avait été rompue : la fillette s'énervait de plus en plus, puis, n'y tenant plus, elle surgit de sa cachette et déclara poliment : //

- Dis, tu pourrais pas respirer en silence s'il te plaît ? Ça me gêne dans le fil de mes pensées.

// La petite Serpentard prit sa tête d'ange, et pria tout bas pour que le jeune homme ne la prenne pas de haut. Elle détestait ça, et bon... Elle ne connaissait certes que peu de sorts, mais avec un peu de créativité, n'importe quel Wingardium Leviosa deviendrait drôle ! Quoique... Peut-être qu'un post-BUSE ne trouverait ça pas si drôle ?//