C'est déjà l'heure de proposer à votre infaillible jugement les participations à ce concours ! Merci à vous qui avez participé et pour tout le monde : à vos votes !
1. Athyrium
Une fée, penchée sur le berceau, hésita. Avoir une taille de guêpe, ravir le cœur des hommes d’un sourire ou encore être avenante ? C’était d’un ennui qui apportait des ennuis. Elle leva sa baguette et prononça distinctement «tu auras beaucoup de jugeote».
Astrée vécut heureuse et première de classe jusqu’à sa majorité. Une fois son diplôme en poche avec les félicitations du jury – elle était la première princesse de la contrée à finir ses études avec mention – elle se retrouva face à une inconnue. Toutes ses condisciples avaient fini par se trouver un gentil prince à marier. Mais elle ? Elle n’en avait que faire des robes blanches et des croquembouches. Elle voulait voyager. Elle prit alors son baluchon et partit en laissant à ses parents la charge de son entreprise d’organisation de mariage. Bien qu’elle les détestât, elle savait y faire pour que tout aille bien.
Elle voyagea en charrette stop tout en lisant un guide de navigation pour les non-initiés. Puis, elle vogua avec ses nouvelles connaissances sur la mer des dix royaumes. Elle sauva un bébé Léviathan dont la mère avait été tuée par des pirates. Sans plus attendre, elle envoya un message au juge du dixième royaume pour l’avertir des malversations de ses concitoyens. Aidée d’Eros, son Léviathan de compagnie, elle parvint à sauver une énième princesse en difficulté. La jolie Tatiana avait hérité de la faculté de l’optimisme. Ce qui expliquait probablement pourquoi elle avait crié «je le savais» en voyant Astrée voler à son secours.
A leur arrivée au onzième royaume, bien au-delà des montagnes de la Quiétude, elles arrivèrent chez le père de Tatiana qui était roi. Il promit de la couvrir d’or et pour la première fois sans faire appel à son jugement sacré, Astrée demanda simplement la main de Tatiana.
2. Blechnum
Sudh enfila son pantalon et ses bottes. Toutes les bergères portaient des robes au décolleté plongeant en dépit du bon sens. Comment pouvaient-elles faire fuir un loup ou escalader des parois étroites? Sa tenue était légère mais fonctionnelle et mettait joliment en valeur ses fesses rebondies.
Soudain, un mouvement la fit sursauter. Par la fenêtre, elle vit une ombre se déplacer puis entrer dans l’enceinte de la bergerie. Un vil voleur! Sudh prit son poignard et une corde, il fallait être prudent dans les montagnes du Suricate.
La bergère escalada la paroi ouest de la bâtisse. Sur le toit, elle sauta dans la paille et ouvrit l’œil. Son voleur devait être en dessous, là où dormaient ses protégés. Elle découvrit ses fesses –très jolies- alors qu’il était penché sur son panier à fromages. Fromages qu’elle comptait vendre le soir même!
«Halte-là!»
Son voleur n’était autre que Nör, la princesse hors-la-loi. Elle avait fui le château de son père dix ans auparavant, chassée par la sorcière Dolorès. Elle semblait épuisée et une vilaine blessure saignait sur sa joue.
Sudh lui ordonna de s’assoir et de ne pas bouger. Elle revint alors les bras chargés de victuailles et de bandages. Elle la soigna, la lava et lui coupa les cheveux. Ainsi transformée, la princesse ne se ressemblait plus. Nör passa la nuit chez elle dans son lit, mais au matin, elle disparut.
Sudh ne la revit pas avant la saison suivante. La princesse avait finalement vaincu Dolorès et récupéré son royaume. Elle avait aussi dicté que toute bergère devrait-être en pantalon et sauver les princesses en danger si cela leur était possible. Sudh reçut tous les honneurs et même une place à la cour mais elle refusa. Dès lors, pour prouver son amour, Nör fit construire son château près de la bergerie.
3. Cyrtomium
Dans le royaume de Narubis, régnait le terrible roi et sorcier Alphonse. N’hésitant pas un instant à abattre quelconque concurrent ou opposant, il était craint de tous. Parmi ses victimes, figuraient les parents de la jeune Maélisse, ayant toujours combattu ses actes de barbarie.
Ce jour là, il avait décidé de brûler l’intégralité de leur village par simple plaisir. En essayant de l’arrêter, entre autres pour protéger leur fille, ils en avaient perdu la vie, devant les yeux de l’enfant. Depuis, elle vivait dans un orphelinat lugubre, dirigé par des sympathisants du roi Alphonse.
A longueur de journée, Maélisse, devenue une jeune femme, s’occupait du mieux qu’elle pouvait des pensionnaires. Elle leur soufflait des bisous magiques lorsqu’ils se faisaient mal et leur racontait des histoires.
Un beau jour, alors qu’elle surveillait les enfants en train de jouer, elle entendit la belle voix d’un jeune homme chanter. Sur la place du marché, il promettait de mettre fin à la vie du sorcier qui les dirigeait, sur un air de musique envoûtant. Piquée par la curiosité, elle décida de le suivre alors qu’il partait déjà en courant pour ne pas se faire attraper. Mais voilà, au bout de quelques mètres, il disparut.
Maélisse le chercha pendant près d’une heure. Désespérée de ne pas le trouver, elle finit par se laisser tomber contre un arbre. Derrière elle entendit un bruit qui la fit se relever en sursaut. Le jeune homme était désormais face à elle.
- Tu me cherchais ?
- Depuis longtemps maintenant.
- Te joindras-tu à moi pour en finir avec cet homme qui a pris mon frère ?
Elle hocha la tête. Le jeune homme révéla son don d’invisibilité, en plus de sa magnifique voix, à Maélisse.
Ensemble, protégé par cette magie, ils entrèrent dans le château. Armé d’un poignard, le jeune homme l’enfonça dans la poitrine du roi, pendant que la demoiselle le distrayait.
Par la suite, Maélisse et le jeune homme se marièrent et vécurent heureux.
4. Dicksonia
« Raconte moi une histoire. »
« Encore ? »
« Oui. As-tu mieux à faire ? »
L'ombre soupire en levant la tête pour contempler le ciel violet – qu'elle a commandée. Non, il n'a rien de mieux à faire. Il n'a rien à faire tout court. Ni aujourd'hui, ni même demain ou hier s'il en existait. Depuis quand était-elle là, déjà ?
« Quelle histoire, ma dame ? La servante aux petits pieds ? La pimbêche aux trois fées ? » Il rétorque, amer.
Il a les contes humains en horreur. Après une éternité à lui lire des livres plus ridicule les uns des autres, il saturait. Il n'avait pas la patience d'un saint après tout.
Il entend un bruissement de papier et il sait qu'elle s'est redressée dans son dos, quittant son lit de fleurs en origami – une autre de ses fantaisies.
« Raconte moi la mienne, d'histoire. »
Il grimace. Doucement, il pivote sur lui même pour lui faire face.
Elle est aussi pâle qu'un fantôme, aussi maigre qu'un squelette. Fragile mais éternelle. Fatigué mais increvable.
« Je vous l'ai déjà dit... Je n'ai pas le droit de vous raconter la suite. »
« Je le sais, je te demande de me raconter le début. Je commence à oublier et j'ai... »
Elle ne le dit pas, mais il a compris.
Elle n'est pas la première mourante dont il doit s'occuper.
Un simple sourire compatissant lui suffit. Soulagée, elle se rallonge et ferme les yeux, prête à se laisser bercer par sa voix. Comme depuis toujours.
« Je vais vous raconter le début de votre histoire, ma dame. Mais, même si je ne peux vous la conter, n'ayez pas peur de la suite. Car, après tout... »
Tout conte de fée a sa fin...
… Heureuse.
5. Lygodium
Il était une fois, une pierre.
Ah non pas une pierre, vous récriiez-vous. Si, si, je vous entends. C'est banal une pierre, ça ne bouge pas, ça ne roule que si une force extérieure lui donne l'énergie suffisante. Et puis c'est ennuyant, ça ne parle pas, ne chante pas, ça ne ronronne même pas. Bref… ennuyante serait une histoire de pierre.
Vraiment? Toutes les pierres se ressemblent pour vous? Et si je vous disais que cette pierre est unique au monde?
A première vue, elle paraît grise et terne. Si vous passiez pressés à côté d'elle, sans doute que vous ne la remarqueriez même pas. Et pourtant elle brille. Pas tout le temps, pas uniformément et pas avec la même intensité.
Un insecte se grattant les pattes par un jour sans vent vous paraîtrait plus bruyant que cette pierre. Et pourtant elle chante. Pas tout le temps, pas toujours mélodieusement et pas souvent dans le rythme.
Et pourtant, quand je la tiens dans le creux de ma main, je vois, dans la pénombre de mes doigts repliés, des scintillements de minéraux. A moi seule, elle m'envoie de timides clins d'œil, me rassurant doucement quand le monde me paraît trop impressionnant.
Et pourtant, quand le soir je la pose sur mon oreiller, j'entends de cristallins chuchotements. Pour moi seule, elle entonne une berceuse cryptée, m'accompagnant doucement vers l'onirique pays de Morphée.
Cela vous paraît improbable? Digne d'un conte de fées? Si seulement vous saviez toutes les merveilles que cette pierre est encore capable d'offrir…
Alors, je vous en prie, prenez place. Et laissez-moi vous raconter une histoire.
Il était une fois, une pierre.
Il était une fois ma Pierre.
6. Nephrolepis
Dans un royaume perdu par-delà les montagnes enneigées, au-delà même des longs fleuves qui s’écoulaient lentement, plus loin que la forêt Maudite de Greta la Borgne, la population du Château de Ancoréchapet accueillait avec joie une nouvelle vie.
Depuis près de vingt ans que le Roi Enguerrand et la Reine Alberte régnaient dans la paix sur le Royaume de Paumepoma. Désespérant d’enfin recevoir de cadeau de l’enfantement, la Reine Alberte était au plus mal. Sa Majesté Enguerrand, soucieux du bien-être de son épouse adorée, fit mander aux quatre coins du Royaume des guérisseurs capables de résoudre le dilemme de sa bien-aimée Alberte.
Ce fut à l’aube d’une journée grisonnante qu’un étrange individu fit son arrivée au palais. Il était habillé d’une étrange cape sombre. Et c’est sans hésitation aucune qu’il annonça au Roi Enguerrand de ne point désespérer et qu’un jour prochain la petite fleur printanière de Paumepoma déploierait ses pétales.
Et c’est à la fin de cette même année que le peuple fêtait la naissance de la Princesse Eglantine. Les bonnes fées du Royaume avaient décidé de venir bénir l’arrivée du bébé en lui octroyant, de part quelques tourniquets de baguettes, les bienfaits qui l’accompagneront jusqu’à la fin de sa vie.
Les petits êtres ailés se succédaient au-dessus du berceau de la fillette, annonçant Beau, Sagesse ou encore Intelligence à la petite Princesse aux grands yeux curieux ouverts sur le monde.
Quand vint enfin le tour de Leveinarde, la fée de la chance, tous étaient émus. Agitant sa baguette dans tous les sens, la bonne fée lança le sortilège accordant fortune et chance au poupon pour sa vie future.
Et… OH ! MALHEUR ! La baguette de Leveinarde ne supporta pas la puissance du sortilège et se brisa en deux, tombant dans le berceau et défigurant à vie Eglantine.
7. Pityrogramma
Dans le Royaume fort lointain de Paumepoma vivait une sorcière. Cette sorcière trouvait refuge dans une forêt dite maudite. Cependant, personne ne savait si la forêt était dite maudite avant ou depuis que Greta la Borgne, car tel était son nom, y vivait. Ce que tout le monde savait, par contre, c’est que toute personne s’aventurant entre les arbres tordus et sombre de la forêt, disparaissait étrangement.
Et puis de temps en temps, on retrouvait un chapeau par-ci, une chaussure par-là. Les rumeurs disent même qu’une fois, les villageois retrouvèrent un sous-vêtement à la couleur douteusement verte.
Mais le plus effrayant semblait sans hésitation être la légende entourant cette forêt maudite. Cette même légende qui annonçait que quiconque entendait, au travers des arbres denses et touffus, le fou-rire de Greta la Borgne passait une journée entière à psalmodier une étrange chanson. Cette chanson terrifiait au plus haut point les pauvres gens du village. Elle parlait de sardines serrées dans une boîte. Sur un rythme qui paraîtrait presque entraînant si la pauvre victime n’en pleurait pas de honte en se dandinant dans tous les sens, sans pouvoir se contrôler.
Le pire de tout devait sans doute être la malédiction de Greta. Ce terrible malheur n’arrivait que rarement. En effet, il requérait des conditions spéciales pour la sorcière ainsi que des ingrédients rares. Chaque nuit de pleine lune, celle que l’on surnommait la Borgne effectuait un rituel à base de baies pourries du Mont Icule, l’un des pics les plus éloignés du Château de Ancoréchapet. En résultait une infâme mixture rougeâtre qui sentait mauvais.
Mais l’horreur de cette malédiction ne venait pas de la potion en elle-même mais de son utilité. Elle était déposée dans une forme semblable à un baiser sur la porte d’un villageois, rendant la victime amorphe et constipée.
8. Stenochlaena
Il était une fois... Bla bla bla bla bla bla bla bla bla, bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla, bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla bla bla bla, bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla Bla bla bla bla bla bla bla bla bla ? Bla ! Bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla, bla bla bla. (Bla bla bla, bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla.) Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla... Bla bla bla bla bla bla bla bla ; bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla, bla bla bla bla bla bla bla bla, bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Blaaaa ! Bla bla bla ! Bla bla bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla, bla bla bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla bla bla bla, bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla, bla bla bla bla. Bla... Bla bla bla, bla bla, bla bla bla. Bla bla bla bla, bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla. Bla, bla bla, bla bla bla. Bla.
Fin.
Et pour finir, je vous livre
deux participations hors concours par de prolixes wyrdiennes (vous ne pouvez pas voter pour elles mais seulement admirer leurs drabbles) :
Par Boucly & Thalia Gilsayan :
Autopsie d'une compote
Il était une fois, dans un endroit isolé de tout humain, un royaume merveilleux nommé Manguakiwyrd. Il était peuplé de toutes sortes de fruits qui vivaient en harmonie. Mais un jour tout bascula. Trois petites groseilles se précipitèrent vers la maison de l'inspecteur Pamplemousse en criant : "Pomme a été assassinée ! Viens voir... elle est devenue complètement compote !"
Aussitôt, Pamplemousse rejoignit les lieux du crime, où attendaient deux petits individus ronds, reliés par leurs tiges et portant la feuille à droite. Ils se présentèrent comme les agents Cerises, envoyés par la reine Fraise pour aider à démasquer l'assassin. Selon les témoignages, les principaux suspects étaient Poire, qui voulait se venger de Pomme depuis que celle-ci lui avait dit qu'elle n'avait pas la pêche, et la sorcière prune, qui l'aurait empoisonnée avec une potion magique. Cependant, toutes deux niaient.
"Venez inspecteur, nous savons comment les faire parler" déclarèrent soudain les Cerises en l’entraînant à l'écart. "C'est curieux, votre feuille est à gauche maintenant..." Remarqua Pamplemousse.
Sans prévenir, les cerises se jetèrent alors sur lui et tentèrent de l'étrangler... Mais c'était sans compter la sorcière Prune qui les espionnait. En réalisant ce qui se passait, elle bondit hors de sa cachette, et expulsa son noyau sur les cerises, qui furent projetées au sol, tandis que Prune s'affaissait en se vidant de son jus.
"Qu'on aille chercher un médecin !" s'écria Pamplemousse. Puis il ligota les cerises. Apeurées, elles avouèrent qu'elles étaient en fait agents doubles pour le compte de la reine, qui avait assassiné Pomme car son teint était plus rouge que le sien. L'inspecteur se dépêcha de transmettre l'information au bon roi Citron ; furieux, celui-ci bannit les cerises et son épouse du Royaume.
Le lendemain, Prince Abricot voulut voir Pomme, qu'il avait toujours aimée, pour lui donner un dernier baiser... Et elle se réveilla !
Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent plein de petits fruits...
Par Zhodia :
Une histoire écossaise,
de Bubble le Barge
Il était une fois, dans un pub lointain, un couple d’Écossais qui n'avaient pas d'enfant. Ils tenaient le seul pub d'un minuscule village, et chacun se désolait qu'aucun héritier ne puisse reprendre le commerce des parents, laissant ainsi les villageois sans alcool. Les villageois... et une sorcière. Sa réputation de danseuse de french-cancan n'emballait pas tout le monde, mais on murmurait qu'elle connaissait encore quelques bribes de magie.
Un jour qu'elle venait prendre sa pinte de bière habituelle, le gérant du pub s'approcha d'elle et, malgré les regards réprobateurs, lui fit sa requête : « Mouhahaha, riens d'plus simple ! » répondit-elle entre deux gorgées, avant de repartir sans payer. Le lendemain matin, un joli couffin d'osier attendait devant leur porte.
C'était un magnifique bébé plein de vigueur, mais... il avait une queue de poisson à la place des jambes. Effaré, le mari rapporta en vitesse le petit triton à la sorcière, maugréant contre sa sottise : il fallait préciser que l'enfant devait pouvoir tenir un pub, et donc, accessoirement, savoir marcher. La sorcière, qui pensait ainsi éviter aux parents le calvaire des couches aromatisées, s'excusa froidement et promis de réparer son erreur.
Le lendemain matin se tenait un panier de paille devant la porte. Le bébé à l'intérieur était tellement énergique qu'il tomba sur la chaussée, et, en hennissant de douleur, se redressa sur ses petits sabots pour regagner ses couvertures, sous le regard médusé des passants. Encore une fois, le barman se précipita chez la sorcière pour lui rapporter l'enfant. Consternée d'apprendre qu'un centaure ne pourrait vivre dans leur masure sans éventrer quotidiennement quelques meubles d'un sabot mal placé, elle promit une dernière fois, quelque peu exaspérée: « Demain, vous aurez un bébé digne d'être votre héritier. Mais n'oubliez pas ce que vous me devez... »
Le jour n'était pas encore levé qu'elle vint frapper à leur porte, tenant un petit paquet dans ses bras. Le tavernier allait s'en emparer lorsque, croisant le regard glacial de la jeune femme, il jugea préférable de d’abord payer son dû et revint en faisant rouler quelques tonneaux de bière devant lui. La sorcière s'était éclipsée, abandonnant le paquet sur le perron. Il s'en saisit et écarta frénétiquement les langes : le nourrisson poussa un cri, ce petit garçon si robuste dont les deux jambes s'agitaient en l'air. Il y aurait eu de quoi pleurer de joie, s'il n'avait pas eu tant de pustules, l’œil globuleux et ce teint verdâtre si caractéristique des gnomes...
L'Ecossais eut à peine le temps de reprendre ses esprits qu'il tomba assommé d'un coup de tonneau dans la nuque : notre chère sorcière venait de lancer un « Locomotor Butin » peu délicat depuis son balai, et les rares personnes debout à une heure si matinale eurent la surprise de voir le stock d'alcool de leur pub danser dans les airs en suivant docilement le balai de leur vieille sorcière.
assiopée regardait sa tasse ébréchée. Elle lui rappelait fortement l'histoire de la belle et la bête. Mais elle avait toujours eu une préférence pour le petit chaperon rouge. Ne devait-il pas y avoir un petit pot de beurre ? Ni une ni deux, elle s'empara de son chaperon et traversa la rue des Éditorialistes pour aller voir Selena et Nelyss. Lunilo, le gentil renard, la rejoignit dans son étrange périple.
