Le lac aux Fleurs !! J'allais enfin connaître le paradis des amoureux des bourgeons, le pays de Cocagne des passionnés de fleurs, l'Eldorado des jardiniers …
L'Elfe avait été clair : c'était aujourd'hui et je disposais de deux heures, pas une minute de plus. Une fois ce temps écoulé, je me retrouverai à nouveau en bordure de la forêt interdite.
L'elfe sylvain ne m'avait laissé aucun doute sur le cadeau qu'il m'offrait, j'avais droit de cueillir une fleur, une seule, et seulement si elle pouvait m'être utile pour une magie curative, c'est à dire pour l'une de mes potions de guérison.
Je lui avais sauvé la vie la veille alors qu'un aigle à trois têtes allait l'emporter pour servir de pâture à ses petits, j'avais sorti ma baguette et le petit être m'en était reconnaissant. Il me remerciait à sa façon.
Je le vis apparaître au bout du chemin, il fit un geste élégant avec sa main et je me retrouvai au bord du lac aux fleurs.
Mais quelle merveille !! Des couleurs comme je n'en avais jamais vu, des parfums dignes des plus grands parfumeurs sorciers et moldus, un régal pour le nez et pour les yeux, un petit miracle de la nature dont je me sentais à peine digne.
Dans le lac j'apercevais les poissons argentés qui dansaient une valse magique. Les papillons voletaient d'une étamine à l'autre, d'un pistil violet à un pétale rouge sang, en dansant comme des demoiselles à leur premier bal, libres, et si visiblement heureux qu'il me coûtait d'en détacher les yeux !
Les abeilles butinaient avec ardeur et je n'avais pas assez d'yeux pour me repaître du spectacle que m'offrait la nature dans cette partie du Monde. Je courais d'une plante à l'autre, je volais moi aussi, d'une allée à l'autre, d'un chemin doré par le soleil, à un petit sentier qui serpentait à travers le jardin.
Je vis des spécimens magnifiques dont j'ignorai le nom et je tombai tout à coup en arrêt devant la plus belle des fleurs ! Il ne m'avait encore jamais été donné d'en apercevoir une, sauf dans mes livres de botanique. C'était une splendide plate-bande de gladillolis azulis , seules au centre de leur carré de verdure, belles jusqu'à l' irréalité.
Elles ressemblaient à de grandes jeunes filles dont le long cou s'élançait vers le soleil. Leurs pétales d'un bleu soutenu, formaient des arabesques délicieuses et on aurait dit une multitude de lèvres pulpeuses et repues de sève. J'avais l'impression qu'elles me regardaient.
Leurs longues tiges étaenit bien plus solides qu'il ne paraissait. Elles mesuraient environ 1,60 m et se balançaient doucement au rythme du vent. On avait la sensation qu'elles dansaient.
Je m'approchai de l'une d'entre elles, la plus grande, jusqu'à presque la toucher. Ses grandes fleurs serrées, déployées en épis reposaient au milieu d'un feuillage étroit, long et pointu. Je savais qu'il en existait différents coloris des blancs, des rouges éclatants, des jaunes, des violets, des roses, mais les bleus étaient les plus rares, les plus précieuses.
Je m'interrogeai sur la présence de cette fleur au lac, car je n'ignorais pas qu'elle venait d'Amérique du Nord où elle poussait en général dans les terres magiques humides. Les Amérindiens s'en paraient et l'utilisaient déjà pour ses précieuses propriétés magiques.
Elle avait en effet le don de guérir certaines maladies de peau comme l'acné ou l'eczéma. Ses fleurs écrasées et mélangées à une pommade avaient des propriétés curatives exceptionnelles.
Ses racines, récoltées à l'automne contenaient de l'huile essentielle
Les moldus la connaissaient sous le nom de glavillelle , bien qu'il ne s'agisse pas exactement de la même espèce. Ils en avaent fait le symbole de la réussite et l'utilisaient pour leurs rendez-vous amoureux. Mis au milieu d'un bouquet, le glaïeul indiquait par le nombre de ses fleurs, l'heure du rendez-vous tendre.
Je tendis la main, j'avais trouvé la fleur unique qui allait couronner ma journée et me faire une petite réputation parmi mes collègues botanistes, elle était là ma fleur reine, juste devant moi. Il me suffisait de tendre la main.
Oui mais elle était si belle, si pure, si heureuse dans le soleil …
Il m'aurait suffi de tendre la main ... |