[Rp unique - Thalia Sandway]
// Cinq heures du matin.
Ensevelie dans un fauteuil moelleux, les écouteurs dans les oreilles, Thalia somnolait à moitié,
psalmodiant confusément les paroles de la chanson qu'elle était en train d'écouter.
Elle n'avait pas bougé de là depuis la veille au soir, ni réellement éveillée, ni pleinement endormie. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie si calme, si reposée. La salle commune était silencieuse, bercée par le son chantant du vent sifflant contre les murs de la Tour de Serdaigle, et par le crépitement du feu s'éteignant dans la cheminée. Rien à faire, ce fauteuil était confortable et la chaleur agréable.
La semaine avait était rude. Maussade. Assombrie par un temps couvert et pluvieux, elle avait été un coup dur pour le moral. Malgré les leçons de Quidditch qu'elle donnait régulièrement à Elerinna et qui lui tenaient à cœur, malgré ses rencontres dans la Salle sur Demande avec Helena pour étudier le mystère de la sphère métallique, auxquelles elle consacrait beaucoup de temps et de volonté, Thalia s'ennuyait. Elle se sentait... Inutile. Vidée de ses émotions. Plus rien ne l'étonnait, pas même les articles de Meg Allen dans la Gazette du Sorcier, qu'elle lisait chaque semaine. Les divers événements qui avaient eu lieu à Poudlard n'avaient pas bouleversé plus que ça son quotidien. Les professeurs étaient toujours aussi exigeants, les examens de fin d'année auraient quand même lieu, et ils s'en approchaient dangereusement. La tension montait lentement, comme chaque année, et la Bibliothèque devenait de plus en plus fréquentée, autant au quatrième étage que dans leur salle commune.
La brunette ouvrit les yeux, prenant conscience qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. De toute manière, c'était le week-end. Elle avait bien le droit de faire ce qu'elle voulait, non ?
L'esprit encore embrumé, la jeune fille stoppa la musique, se leva de son fauteuil et s'étira en baillant. Ses paupières lui semblaient en plomb, tant elles pesaient lourd. Son regard dériva un instant sur les objets environnants, les chaises et tables de travail, les étagères remplies de livres, la grande statue de marbre représentant Rowena Serdaigle, la fondatrice de leur maison, avant de s'arrêter sur le piano à queue, occupant le centre de la pièce. Parfait. Pile ce dont elle avait besoin.
D'un pas lent, elle se dirigea vers l'instrument volumineux, et s'assit sur le tabouret de velours en face du clavier. Puis, menant ses mains vers les touches blanches, entrecoupées de traits noirs à intervalles réguliers, elle laissa ses doigts dériver où bon leur semblaient. D'abord, ils jouèrent des morceaux qui lui étaient déjà connus, hésitant parfois, se rattrapant la seconde d'après, appuyant mécaniquement là où leur instinct les guidaient. Enfin, petit à petit, ils délaissèrent cette rigueur de forme pour laisser place à l'improvisation. Chaque accord dégageait un son, tantôt juste, tantôt faux, résonnant dans son tympan, pénétrant son âme, enivrant son esprit de mélodies harmonieuses ou dissonantes.
C'est alors qu'elle prit conscience que les autres locataires de la tour dormait. Tant pis pour eux, il avaient déjà du être réveillés. Elle aurait intérêt à déguerpir rapidement au moment où ils descendraient dans le salon, si elle ne voulait pas se faire massacrer par leur mauvaise humeur.
Thalia lâcha un soupir, et abandonna le piano, à regret. Toujours personne. A cinq heures vingt, la tour de Serdaigle était déserte, désespérément déserte. D'un autre côté, la jeune fille aurait sans doute été gênée de recevoir de la compagnie dans son instant d'intimité. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait bénéficier d'une salle remplie de fauteuils et de coussins douillets pour son seul usage.
Décidée de profiter de ses derniers instants de solitude, la brunette attrapa un oreiller cela confortablement sa tête dedans, tandis qu'elle s'allongeait au sol, les yeux tournés vers le plafond. Ainsi, elle avait tout le loisir d'admirer les constellations peintes sur un fond bleu nuit. Certes, le spectacle était moins beau que si elle avait contemplé un vrai ciel nocturne, mais c'était mieux que rien...
Elle repéra rapidement la grande ourse, puis reconnut le dragon, et le suivit des yeux. Se remémorant ses cours d'Astronomie, elle identifia la constellation d'Hercule sur la gauche, puis chercha l'aigle des yeux, il ne devait pas être très loin. A chaque série d'étoiles, une vision différente fleurissait dans son imagination. D'abord, un parc naturel du Canada. Puis un coffre de Gringotts, caché dans l'ombre de son gardien cracheur de feu. Un héros mythologique, une ciel bleu sans nuages où brillait un magnifique soleil levant ; et là-haut, volant majestueusement dans l'étendue limpide et azurée, le roi des oiseaux dégourdissait ses ailes. Libre.
En remontant encore un peu les yeux, ses yeux se posèrent sur la constellation du Capricorne. Son signe astrologique, représentant un chèvre à queue de poisson. Immédiatement, cette image se remplaça dans son esprit par celle de hydroppogriffe du Lac Noir. Comme le mystère n'avait toujours pas été éclairci, cette histoire la tracassait encore. L'animal, la pierre... La sphère ? Non, aucun rapport. Ses pensées dérivaient.
Son regard redescendit encore un peu, et tomba sur le Serpent. Elle fut prise d'un petit pincement au cœur, en se souvenant soudain de l'article paru dans le Gazette le 6 mai. Cette petite Serpentarde, Zoey Seymour, retrouvée morte dans le Salle de Bain des Préfets... C'était trop horrible. Surtout pour Ann et Timothy, ses frère et sœur, tous deux à Serdaigle. Un accident était si vite arrivé...
En longeant la diagonale pointée vers le sud-est, la Serdaigle arriva enfin au Lion. Le lion, noble animal de Gryffondor. C'était dans cette maison qu'avaient atterri les deux enfants de leur nouveau directeur, Aislinn et Evander Lawford. Thalia sourit en se remémorant la scène, quelques jours plutôt. Les deux adolescents avaient débarqué dans la Grande Salle un samedi soir à l'heure du dîner, demandant à être répartis. Ces deux-là semblaient plutôt sympas, et prêt à mettre de l'ambiance à Poudlard. Et puis, il fallait avouer que cet Evander était plutôt pas mal... Et ses yeux !
** Laisse tomber, il a trois ans de plus que toi **
// Lassée de contempler ce ciel étoilé artificiel, Thalia se releva, et alla s'accouder à la bordure d'une fenêtre. Il était cinq heures et demie. Dehors, le ciel s'éclaircissait déjà, annonçant le lever du soleil et la venue du jour. Elle avait donc bien passé une nuit blanche.
Depuis la tour, la vue sur la Forêt Interdite était magnifique. Tous ces
chênes, du même bois de sa baguette, s'étendant à perte de vue... Elle se rappela la fois où elle s'était perdue dedans en pleine nuit avec Helena. Elle s'était alors rendue compte que la forêt n'était pas plus accueillante vue de l'intérieur que de l'extérieur. Peut-être que c'était comme ça que Charles Le Seault, leur ancien préfet, avait disparue... Thalia frissonna d'effroi. Elle préférait nettement se dire que la forêt était un lieu magique qui imprégnait de son pouvoir les gentils elfes tels que Merlinpinpin qui s'y aventuraient.
Enfin, alors que l'horizon filtrait les premiers rayons de soleil, avant que l'aube ne surgisse et n'envahisse le ciel de ses couleurs vives, elle posa le pied sur la première marche de pierre menant aux dortoirs.
[Fin du RP]