Cachots

[Isara]

// Isadora était sur des charbons ardents et avait du mal à tenir en place. Elle se demandait comment allait réagir la Serpentarde à ses propos plus osés que les précédents. Mais elle fut déçue par son aînée et sa réaction somme toute assez terne. //

- Libre à toi de contracter une maladie incurable parce que tu as laissé n'importe quel malpropre t'approcher, mais il est inconcevable que j'en fasse de même.

// Ce n'est pas comme ça, qu'elles allaient rendre la conversation plus passionnante. Isadora se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir lui répondre pour relancer la discussion, quand la Vert-et-Argent reprit la parole. //

- Es-tu une de ces orphelines dont la seule activité est de se morfondre ?

// L'idée semblait répugner la jeune fille dont les cheveux dans la pénombre avait pris une couleur carmin. Le Serdaigloise était d'ailleurs intrigué depuis un moment par cette couleur étrange et décida qu'il était pour elle d'en savoir davantage même si elle doutait que la Serpentarde lui réponde. //

- Arsenic, tes cheveux, c'est naturel ? Pourquoi, rouge ?

//Les questions étaient osées et indiscrètes, mais après tout la Vert-et-Argent ne se gênait pas non plus pour demander ce qui lui passait par la tête. Isadora, remis en place le foulard pers qui retenait ses cheveux. Elles en avaient de plusieurs couleurs et aimait en changer suivant ses humeurs. Elle en portait souvent un coloré quand elle était à Poudlard pour égayer les tristes robes noires. //

- Non, je ne suis pas orpheline, étrange question d'ailleurs. J'aurais commencé par demander le prénom de la personne. Car si moi j'ai depuis un moment deviné le tien, tu ne passes pas inaperçue, je ne pense pas que tu saches le mien. Cela m’étonnerait fort que tu connaisses tout les quatrième années, surtout ceux qui ne sont pas dans ta maison.

// La Serdaigloise ne réfléchissait même plus avant de parler et avait retrouver son habitude de parler sans se poser de questions. Elle était d'une nature spontanée, ce qui pouvait déplaire facilement. Mais elle n'arrivait pas à se corriger, surement parce qu'elle ne voulait pas vraiment. Elle partait du principe que les gens l'aimerait telle qu'elle était ou alors elle resterait seule. Elle ne voulait plus changer pour les autres. Elle avait déjà tester, et après, elle ne se sentait plus elle-même. //

[Arsenic Rosidae]

// La jeune femme aux cheveux rouges déplaça sa tête de cinq centimètres et demi afin de ne plus sentir une inconfortable aspérité dans la pierre de mur contre lequel elle était adossée. Plus au-dessus d'elle se trouvait une étrange peinture représentant un couloir d'hôpital déserté ; à l'arrière-plan il était possible de distinguer un homme vêtu de blanc. Arsenic posait toujours ses yeux sur ce tableau lorsqu'elle se promenait dans cette partie des cachots ; elle lui trouvait du charme bien que pour la plupart des gens il s'agissait là de la toile la plus morne du château. Devant elle, sa camarade commençait à s'agiter. //

- Arsenic, tes cheveux, c'est naturel ? Pourquoi, rouge ?

// Ses habitudes orales déteignaient-elles sur les autres ? L'inconnue avait éludé la question précédente pour en poser une à son tour, sans rapport aucun. En outre, elle l'avait nommée. Cela signifiait-il que cette fille avait déjà écouté les rumeurs ? La Serpentarde déboutonna le col de sa robe - par un geste tout à fait machinal - avant de lui accorder une réponse : //

- C'est héréditaire ; aucune justification concrète donc à ton "pourquoi". Cependant, quelques légendes sur ma famille circulent et prétendent que nos cheveux ont pris cette teinture parce que mes aïeuls se baignaient dans le sang amarante de leurs victimes.

// La Vert-et-Argent ne prit pas la peine de dédire cette histoire ; il lui arrivait parfois de douter de la fausseté des faits. Après tout, ses ancêtres n'étaient pas des saints. Sa mère, Hellic, possédait la même chevelure malgré sa cordialité hors du commun. Cela aurait été plus logique qu'elle en eût hérité de son père qui, lui, n'était pas bienveillant ; à moins que la filiation maternelle ne dissimulât encore de lourds secrets. //

- Non, je ne suis pas orpheline, étrange question d'ailleurs. J'aurais commencé par demander le prénom de la personne. Car si moi j'ai depuis un moment deviné le tien, tu ne passes pas inaperçue, je ne pense pas que tu saches le mien. Cela m’étonnerait fort que tu connaisses tous les quatrième année, surtout ceux qui ne sont pas dans ta maison.

// La jeune Rosidae haussa les épaules. Qu'avaient tous ces individus à croire que le prénom avait toute son importance dans une conversation ? Après tout, il ne s'agissait que de lettres mises côte à côté, choisies par des parents plus ou moins réfléchis. C'était certain que les siens avaient fait fort ; Arsenic, ou la fusion de leur prénom respectif. Sa grand-mère - la vivante - aimait lui répéter qu'elle avait eu de la chance de récolter le nom d'un poison. En effet, cela aurait pu être Hellène, qui signifie Grec Ancien. C'est vrai que quitte à choisir... //

- Je connais le mien ; en soi, c'est un bel exploit. J'aime ne garder en mémoire que les données utiles, et ton prénom n'en est pas une. En revanche, la totalité de la rencontre pourrait l'être, comme ce que j'ai appris sur toi. Tout est déjà bien rangé là-dedans, dit-elle en désignant sa tempe gauche.

// Elle le pensait réellement. Il était plus simple de se souvenir d'une personne grâce à un groupe de mots et d'évènements plutôt que par un simple prénom - qui d'ailleurs pouvait être attribué à plusieurs individus. Elle fonctionnait de cette façon depuis son plus jeune âge et cela lui avait toujours permis d'obtenir des résultats exceptionnels sur tous les plans, hormis le social. Les gens n'appréciaient que peu d'être désignés autrement que par leur identité. //

- Si cela t'importe tant, tu peux me le divulguer. Mais ne t'attends pas par la suite à ce que je m'en souvienne parfaitement.

[Isara]

- C'est héréditaire ; aucune justification concrète donc à ton "pourquoi". Cependant, quelques légendes sur ma famille circulent et prétendent que nos cheveux ont pris cette teinture parce que mes aïeuls se baignaient dans le sang amarante de leurs victimes.

** Étrange et originale... **

// La serdaigloise ne réagit pas, elle avait remarqué que son aînée n'en dirait pas plus. Elle répondit alors à sa question précédente, s'étonnant tout de même du manque de présentation qu'il y avait eu jusqu'à maintenant.

Isadora vit alors la Serpentarde haussé les épaules, à première vue son franc-parler ne dérangeait pas son interlocutrice. Elle était rassurée et soulagée de pouvoir continuer la discussion de manière plus spontanée. C'était beaucoup moins stressant et fatiguant. Par contre, la réponse de la Vert-et-Argent était une fois de plus bien surprenante. //

- Je connais le mien ; en soi, c'est un bel exploit. J'aime ne garder en mémoire que les données utiles, et ton prénom n'en est pas une. En revanche, la totalité de la rencontre pourrait l'être, comme ce que j'ai appris sur toi. Tout est déjà bien rangé là-dedans, dit-elle en désignant sa tempe gauche.

// La Serdaigloise ne comprenait absolument pas ce désintéressement. Elle faisait partie des personnes qui croyaient à la signification des prénoms. En tout cas, cela fonctionnait avec le sien, même si peu de personne le connaissait puisqu'elle utilisait son deuxième prénom. //

- Si cela t'importe tant, tu peux me le divulguer. Mais ne t'attends pas par la suite à ce que je m'en souvienne parfaitement.

- Alors simplifions la chose, tu peux m'appeler Isa, trois lettres, cela ne devrait pas être trop dur de s'en souvenir...

// La Bleu-et-bronze arbora son fameux sourire taquin. Son sac, remplit de livres, commençait à vraiment lui peser sur l'épaule. Elle hésitait très fortement à le poser par terre, mais aujourd'hui, elle avait celui qui était écru et les cachots n'était pas particulièrement propre. Elle se rappela alors qu'elle était une sorcière et qu'elle pourrait faire partir les éventuelles tâches. Isa, venant d'une famille moldue, n'avait pas tout le temps le réflexe de penser magie. //

- C'est étonnant que tu ne prêtes pas attention aux noms, leur signification peut pourtant t'apprendre de nombreuses choses. D'ailleurs, quelle est l'origine du tien. Je ne l'avais encore jamais entendu.

// Isadora remarqua alors une espèce d'insecte kaki qui passa en rampant à côté de ses pieds, elle ne pu retenir une grimace dégoût. Elle n'aimait vraiment pas ça. //

[Arsenic Rosidae]

- Alors simplifions la chose, tu peux m'appeler Isa, trois lettres, cela ne devrait pas être trop dur de s'en souvenir...

// Arsenic ne releva pas, peu sensible aux sous-entendus narquois. Elle ne répéta pas le prénom, ni à voix haute, ni dans sa tête. Trois lettres qui, mises les unes à la suite des autres formaient un son ; son qu'il fallait par la suite retenir avec les bonnes intonations. C'était déjà beaucoup demandé. //

- C'est étonnant que tu ne prêtes pas attention aux noms, leur signification peut pourtant t'apprendre de nombreuses choses. D'ailleurs, quelle est l'origine du tien ? Je ne l'avais encore jamais entendu.

// La Serpentarde tiqua. Encore une adepte des non-sciences peu sérieuses, voire de l'astrologie ? Elle lança sèchement : //

- Admettons que tu connaisses toutes les Marie du monde - l'un des prénoms les plus attribués, crois-tu que toutes auront le même caractère ? La même couleur préférée ? Bêtise. Un prénom ne définit pas une personne ; la personne définit le prénom.

// Toute fière de sa sentence de fin, la Vert-et-Argent redressa le menton et jaugea sa camarade ; encore un de ces ridicules réflexes liés à la maison dans laquelle elle était. Pourtant, elle ne pouvait s'en empêcher. Le dédain que sa condisciple lui inspirait lui apportait une douce sérénité ; personne encore n'était assez bien pour elle. Elle ajouta, plus amène : //

- Mon prénom est l'association de ceux de mes parents. Et si tu réussis un jour à en trouver la signification, tu auras tout mon respect.

// Elle ne se sentait pas menacée et se permettait donc de promettre l'impensable. Il était tout à fait impossible que quelqu'un découvrît de quelconques sens et caractéristiques à un prénom encore jamais attribué auparavant. Sauf si, comme Arsenic l'avait dit, le cheminement inverse était effectué ; c'est-à-dire, partir de la personne concernée pour donner une signification à son prénom. Mais alors elle aurait eu raison, et la honte de l'autre n'en serait que plus accentuée. Oui, la septième année était sûre d'elle. //

- Je suppose donc que tu connais la pseudo-signification du tien, quelle est-elle ?

// Elle s'avouait - docilement - curieuse, pour une fois. Elle avait hâte d'entendre la réponse de cette Isa. Soit elle allait se décrire, soit elle allait respecter les termes des ouvrages apparemment fort passionnants sur les prénoms ; il ne serait pas difficile de la contredire. //

[Isara]

- Admettons que tu connaisses toutes les Marie du monde - l'un des prénoms les plus attribués, crois-tu que toutes auront le même caractère ? La même couleur préférée ? Bêtise. Un prénom ne définit pas une personne ; la personne définit le prénom.

// Ce coup-ci, Arsenic avait réagi aux paroles de la Serdaigloise, de manière un peu violente, certes mais Isa ne pouvait s'en plaindre. Elle l'avait cherché. La Serpentarde la regardait maintenant de haut, ce qui n'étonnait pas la Bleu-et-Bronze. Arsenic n'était pas du genre à croire à ces sciences peu sûres. Isadora non plus à la base, mais depuis qu'elle avait découvert la magie, elle s'était remise en question. Après tout, on leur apprenait bien la divination ou l'arithmancie. //

- Mon prénom est l'association de ceux de mes parents. Et si tu réussis un jour à en trouver la signification, tu auras tout mon respect.

// Il lui semblait bien ne l'avoir jamais entendu, mais Isa ne s'avouait pas vaincu. Un prénom unique convenait très bien à une personne unique. La Serdaigloise se promit de faire des recherches plus approfondies et de trouver une signification en partant de la base du prénom. La curiosité étant l'une de ses qualité, elle savait qu'elle risquait d'y réfléchir jusqu'à ce qu'elle trouve. //

- Je suppose donc que tu connais la pseudo-signification du tien, quelle est-elle ?

** Tiens, tiens, elle me met au défi, ça peut être marrant. **

// Isa était une personne joueuse dès qu'elle se sentait un tant soit peu en confiance. Arsenic voulait lui prouver qu'elle avait tort, la Serpentarde risquait d'être surprise. //

- Arsenic, en effet, toutes les Maries n'ont pas le même caractère mais elles ont certains points communs propre à leur prénom. Je trouverais la signification du tien en partant de son étymologie et ce jour là, tu me devras tout ton respect comme tu l'as dit.

// En réalisant ce qu'elle venait de dire, Isa sentit un vif incarnat colorer ses joues. Ses propos étaient bien trop hardis et ils risquaient de vexer la Serpentarde, ce qu'elle ne voulait absolument pas. Elle s'était laissé allée comme si elle parlait à une amie de longue date, ce qui n'était malheureusement pas le cas. Tant pis le mal était fait, elle ne reviendrait pas sur ses paroles, sinon la Vert-et-Argent allait penser qu'en plus elle était lâche, un défaut peu apprécié des héritiers de Salazar. //

- Les Isadora possèdent un caractère puissant et affirmé, leur attitude est franche et directe. Et surtout, elles aiment le pouvoir et sont faites pour combattre. Voilà la définition simplifiée du prénom Isadora...

// La Serdaigloise savait qu'Arsenic attendait ces mots pour lui prouver qu'elle avait tort. Elle avait fait exprès de les lui servir sur un plateau, récitant presque mot pour mot un de ses livres. Elle attendit en souriant que la Serpentarde tombe dans son piège. //

[Arsenic Rosidae]

- Arsenic, en effet, toutes les Maries n'ont pas le même caractère mais elles ont certains points communs propre à leur prénom. Je trouverai la signification du tien en partant de son étymologie et ce jour-là, tu me devras tout ton respect comme tu l'as dit.

// La jeune Rosidae ricana posément ; avait-elle conscience de la futilité de ses propos ? Il y avait tant de Marie sur Terre qu'il était tout à fait impossible qu'elles aient toutes un point commun dans leur caractère. En outre, que penser des deuxièmes, voire troisièmes prénoms ? Beaucoup de familles croyantes délivraient le Marie en second, comme une sorte de tradition religieuse. Elle garda cet argument pour elle, pour le moment du moins. Peut-être le ressortirait-elle plus tard. //

- Les Isadora possèdent un caractère puissant et affirmé, leur attitude est franche et directe. Et surtout, elles aiment le pouvoir et sont faites pour combattre. Voilà la définition simplifiée du prénom Isadora...

// Arsenic manqua de s'étouffer. Avait-elle clairement entendu ? Un fou rire la prit soudainement et éclata crescendo dans le dédale des cachots. La Serpentarde en aurait eu les larmes aux yeux, si jamais elle avait su pleurer. Elle ne se calma qu'une trentaine de secondes après ; il était rare de la voir rire de cette manière - mais ce n'était pas pour autant un gage de sûreté. Elle posa sa paume glacée sur son front, de manière - cependant illusoire - à redonner à son corps son impassibilité habituelle. //

- Pouvoir, dis-tu ? Faite pour combattre ? Alors qu'il y a quelques minutes, la disparition ô combien tragique d'un papillon de nuit anonyme te chagrinait ? Alors que tu tentes vainement de m'enjôler pour éviter mon courroux depuis un certain temps ? persifla la Vert-et-Argent.

// D'un geste imperceptible, Arsenic posa ses doigts sur sa baguette en épine noire. Il fallait peut-être provoquer cette propension au combat ? //

- Et que feraient alors deux Isamola face à face ? Se transformeraient-elles en sauvages et s'entre-déchiquetteraient-elles lors d'une quête de pouvoir ? Oh ! Nous pourrions organiser des combats, nous ferions des paris sur laquelle vaincrait !

// La septième année se frottait désormais le menton de sa main libre, réfléchissant sérieusement à cette ébauche de théorie à mettre en œuvre. Il lui suffisait de capturer le spécimen d'Isa qui se tenait là, devant elle ; puis d'en trouver une autre. Finalement, elle se sentit blasée à l'idée de perdre son temps pour une histoire de prénom. Cependant, les paroles de sa camarade ne cessaient de la réjouir. Elle fit un pas vers la brunette, dévoilant au passage sa baguette couleur tête-de-maure - et non tête de mort pour les ignares, bien que cette prononciation très ressemblante rendait l'expression troublante. Elle révéla par la même occasion ses dents si parfaitement alignées et blanches. //

- Prouve-moi que tu n'as pas affabulé.

// Sa voix devenait sourde, presque rauque ; comme si l'excitation de l'affrontement lui changeait de nouveau sa personnalité. Il ne restait plus qu'à voir si sa condisciple était prête à risquer un bras pour certifier ses propos. //

[Isara]

// Comme elle le pensait, Isa vit la serpentarde éclater de rire. Le spectacle en valait la peine et il ne devait pas être très fréquent. Arsenic reprit d'ailleurs rapidement contenance. //

- Pouvoir, dis-tu ? Faite pour combattre ? Alors qu'il y a quelques minutes, la disparition ô combien tragique d'un papillon de nuit anonyme te chagrinait ? Alors que tu tentes vainement de m'enjôler pour éviter mon courroux depuis un certain temps ? persifla la Vert-et-Argent.

// La réaction d'Arsenic n'était guère surprenante, c'était même celle qu'elle attendait. Son aînée était tombée dans son piège et cela la ravissait. //

- Et que feraient alors deux Isamola face à face ? Se transformeraient-elles en sauvages et s'entre-déchiquetteraient-elles lors d'une quête de pouvoir ? Oh ! Nous pourrions organiser des combats, nous ferions des paris sur laquelle vaincrait !

// Bien entendu, Arsenic avait écorché son prénom, à en croire ses précédentes paroles, ce n'était pas volontaire. Isa n'y prêta même pas attention, écoutant plutôt ce qu'elle disait. //

- Prouve-moi que tu n'as pas affabulé.

// A ces mots, Isa vit la serpentarde sortir sa baguette et se préparer au combat. Là pour le coup, elle était interloquée. Mais elle le dissimula du mieux qu'elle le pouvait. Elle commença par prendre elle aussi sa baguette, au cas ou, après tout la serpentarde était imprévisible, elle l'avait déjà constaté. //

** Vais-je répliquer ? Ou est qu'il serait plus sage que je tente de la raisonner et de la calmer ? **

// La Bleu-et-Bronze était une fois de plus partagée entre son impulsivité et sa raison. Elle décida de laisser son côté effronté ressortir. //

** Advienne que pourra, je me lance... **

// Isa avait l'impression de se préparer psychologiquement pour aller la guerre, ce qui était un peu le cas malheureusement. //

- Tu peux ranger ta baquette, Arsenic. Remarque au passage que moi, je ne déforme pas ton prénom. Isadora, n'est que mon deuxième prénom, il n'a donc aucune influence sur ma personnalité.

// En effet, peu de gens le savaient, mais Isa n'était pas le prénom d'origine de la serdaigloise. La Bleu-et-Bronze regarda son aînée en arborant un grand sourire. Elle se réjouissait de son petit tour, même si elle se doutait que la Vert-et-Argent allait très mal le prendre. Mais bon elle avait la taquinerie facile et aimait rire. Avec un peu de chance, Arsenic n'allait pas la tuer mais rire de nouveau, surtout qu'elle avait un très beau rire.

Si Arsenic ne l'achevait pas, elle lui révélerait surement son vrai prénom et sa signification, qui d'ailleurs collait très bien. Il y avait peu de chance qu'elle cloue le bec de son aînée mais avec un peu de chance, elle l'écouterait au moins. //

[Arsenic Rosidae]

// Sa condisciple, certainement par crainte, venait elle aussi d'empoigner sa baguette. C'était certes plus prudent, mais cela renforçait également la dangereuse fébrilité de la Serpentarde. Cette dernière avait à maintes reprises laissé ses pulsions cruelles prendre le dessus, sans jamais être inquiétée de perdre le contrôle. Après tout, elle avait à peine conscience de sa situation et dans sa tête se bataillaient incontestablement plusieurs personnalités. //

- Tu peux ranger ta baquette, Arsenic. Remarque au passage que moi, je ne déforme pas ton prénom. Isadora, n'est que mon deuxième prénom, il n'a donc aucune influence sur ma personnalité.

// La Vert-et-Argent n'obtempéra pas, ce n'était pas dans ses habitudes. Au contraire, elle se rapprocha encore un peu de sa cadette, jusqu'à se retrouver à quelques pouces seulement d'elle. Si elle avait tendu son fin bras marqué de cicatrices en forme de serres, le bout de sa baguette aurait sans mal touché, voire traversé, la poitrine d'Isadora. Le sourire que celle-ci afficha ne fit qu'accentuer la sourde colère de la jeune Rosidae. //

- Dois-je donc en déduire que la honte de ton véritable prénom te pousse à te dissimuler derrière un autre ? cracha-t-elle.

// Sa camarade avait de drôles de manières. En premier lieu, elle vantait les pseudo-caractéristiques nobles et combatives de son prénom, incitant plus ou moins volontairement son interlocuteur à vérifier ses propos ; et dès lors que la situation s'envenimait quelque peu - par sa faute, elle se rétractait et avouait ce qu'elle pensait être un grand secret. Ce n'était pas culotté, non. C'était tout à fait déraisonnable ; surtout lorsque la personne à laquelle l'on s'adressait était connue pour avoir quelques troubles psychiques.

La septième année abaissa sa baguette vers le sol, signe qu'elle n'attaquerait pas avec. Pourtant, elle avança encore vers l'autre élève. Leurs visages n'étaient maintenant plus qu'à trois centimètres et demi et, avant qu'une réaction n'eût lieu, Arsenic tendit sa paume gauche et la plaqua dans la nuque d'Isadora. Elle savait sa main glacée et espérait que sa condisciple le sentît. Enfin, elle lui chuchota à l'oreille : //

- Méfie-toi. Ton aplomb est vain et ne trompera pas les plus sagaces.

// Et prise d'un caprice inexplicable, elle enfonça ses ongles dans la nuque de sa cadette et planta sa canine dans le lobe de son oreille, toute amusée par la tournure que prenait les évènements. //

[Isara]

// Évidemment la serpentarde ne fit pas ce qu'elle lui demandait, au contraire, elle se rapprocha encore plus, se faisant de plus en plus menaçante. La Vert-et-Argent pointa sa baguette sur Isa, hors d'elle. //

- Dois-je donc en déduire que la honte de ton véritable prénom te pousse à te dissimuler derrière un autre ? cracha-t-elle.

// Isadora perdit son sourire à ces mots et sentit la colère monter en elle. L'intimidation que faisait peser sur elle, Arsenic ne l'énervait que d'avantage. La serpentarde se trompait si elle pensait qu'elle allait s'enfuir en courant.

La Bleu-et-Bronze regarda son aînée, avec ses cheveux rouge sang, sa peau pâle, son visage froid et ses cicatrices qu'elle cachait sous ses manches, Arsenic avait sa place dans les cachots, au milieu de tout ces animaux lucifuges et de l'humidité. D'ailleurs elle ne devait pas voir souvent le soleil et Isa aurait parié qu'elle n'aimait pas le beau temps et la chaleur.

C'est la main gelée de la serpentarde sur son cou qui la sortit de ses pensées. Arsenic avait baissé sa baguette mais elle s'était encore rapprochée, collant presque dorénavant sa cadette. //

- Méfie-toi. Ton aplomb est vain et ne trompera pas les plus sagaces.

// A ces mots, Arsenic planta ses ongles dans la fine peau d'Isadora, et mordit son lobe d'oreille. La serdaigloise faillit en crier de stupeur mais refusa de donne ce plaisir à la sadique qu'était la serpentarde. Elle s'écarta au contraire tout en douceur passant ses doigts sur les perles de sang qui commençaient à goutter de la blessure. Elle regarda froidement son aînée, qui avec la lueur de folie qu'elle avait dans le regard, ressemblait à un démon tout droit sorti d'un cauchemar et répliqua très froidement. Elle avait, en effet, perdu tout envie de jouer. //

- Il serait peut-être temps pour toi d'arrêter de juger les gens sans les connaître !

// Tout en parlant, Isa avait saisi le poignet de la serpentarde de sa main gauche, l'autre tenant toujours sa baguette au cas où. D'un mouvement, elle dévoila les cicatrices aperçues plus tôt et planta à son tour ses ongles dans la peau de son interlocutrice. Il était temps pour la serpentarde de comprendre que son comportement ne la protégerait pas tout le temps. Isa se doutait que les gens devait généralement s'enfuir ou se battre avec Arsenic et qu'ainsi son aînée maintenait les autres à l'écart. //

** Pourquoi fait-elle ça ? Qu'est ce qui l'a blessé à ce point pour qu'elle éloigne tout le monde et perde ainsi ce qu'on pourrait lui apporter ? **

// Elle lâcha le poignet de la serpentarde, espérant qu'elle avait bien senti la morsure glacée qu'elle-même avait goûté. Et avant de lui laisser le temps de répliquer, elle enchaîna rapidement. //

- Sache, bien que cela t’indiffère certainement, que ce n'est pas la honte mais le dégoût qui fait que je ne crie pas mon prénom sous tous les toits. C'est mon père qui l'a choisi et je refuse de tenir de lui plus que nécessaire.

// Arsenic allait être bien surprise si elle pensait qu'Isa allait plier devant elle. Il était largement temps de faire comprendre à la serpentarde qu'elle ne pouvait dédaigner, martyriser, effrayer et autres adjectifs aussi sympa, tout le monde. Elle espérait lui montrer que certaines personnes valaient la peine d'être connue, même si elle le reconnaissait volontiers les hommes pouvaient se montrer pour la plupart fors décevant. //

[Arsenic Rosidae]

// Arsenic Rosidae laissa sa camarade s'écarter d'elle, ses yeux bistre fixés sur les gouttes de sang qui s'échappaient de la blessure. En tant que narrateur très proche de la jeune femme, je dois vous l'assurer : elle ne se considérait absolument pas comme un vampire - de toute manière, ces créatures de la nuit n'existent pas, n'est-ce pas ? Cependant, contrairement à nombre de personnes, la Serpentarde ne trouvait pas le sang insipide, non. Elle n'allait pas jusqu'à l'estimer délicieux mais elle percevait bien d'autres saveurs que le fer. Alors, si elle pouvait y goûter, elle ne s'en privait pas. D'un geste, elle essuya ses fines lèvres roses et les étira en un sourire étrange.

La fille au faux prénom appuyait désormais ses doigts sur le petit trou à son oreille ; qu'elle fût rassurée : le lobe cicatrisait vite. Aussi, elle jetait à la Vert-et-Argent des regards glacials auxquels la concernée répondit en souriant de plus belle. Du reste, elle rangea sa baguette, persuadée que sa camarade n'aurait rien fait d'absurde. Et tandis qu'elle glissait son épine noire dans une poche intérieure de sa robe, Isadora lança d'un ton sec : //

- Il serait peut-être temps pour toi d'arrêter de juger les gens sans les connaître !

// Alors que l'héritière Rosidae s'apprêtait à répliquer, sa cadette s'empara de son poignet - dévoilant les dizaines de cicatrices blanches incrustées dans sa peau à jamais - et enfonça ses ongles dans l'avant-bras qui se présentait à elle. La Serpentarde fut surprise par cette réaction mais ne laissa paraître aucune grimace de souffrance. En effet, cela faisait fort longtemps que ses bras s'étaient habitués à la douleur ; les serres de sa chouette s'y plantaient régulièrement et ses combats d'antan lui avaient permis d'acquérir une résistance toujours plus grande. Quand enfin son bras fut libéré - elle n'avait pas cherché à se défendre, Isadora poursuivit : //

- Sache, bien que cela t’indiffère certainement, que ce n'est pas la honte mais le dégoût qui fait que je ne crie pas mon prénom sous tous les toits. C'est mon père qui l'a choisi et je refuse de tenir de lui plus que nécessaire.

// Arsenic ne fit pas l'affront d'imiter un bâillement ; après tout, ses parents l'avaient correctement élevée. Cependant, les histoires supposées dramatiques des autres ne l'intéressaient guère. Tous pensaient avoir vécu le pire, sans savoir ce qu'était réellement le pire. Elle redescendit sa manche pour couvrir son avant-bras dorénavant marqué d'une griffe supplémentaire et dit d'un ton égal : //

- Ainsi, tu présumes que je condamne bien vite ; mais cette supposition n'est-elle pas un jugement trop hâtif elle aussi ?

// La septième année récupéra son habituel sourire courtois, et ajouta : //

- Il n'y a pas plus sot proverbe que la robe ne fait pas le sorcier. Si tu fais partie de ceux qui le considèrent comme juste, alors ta naïveté est encore plus imposante que ta tendance à mystifier.

// La jeune femme avait arrangé ledit proverbe moldu mais le sens en restait le même et elle ne doutait pas que sa condisciple le comprît. //

- J'abhorre les redresseurs de torts qui vont jusqu'à punir les fautes vénielles, tandis qu'eux-mêmes se prélassent dans leurs acquis sans chercher à comprendre leur monde.

// En une phrase - certes un peu complexe, la demoiselle venait d'exprimer son entier dédain pour la plupart des êtres humains. Tous essayaient de déceler le mal chez autrui sans même penser une seule seconde qu'ils étaient les plus mauvais. Et dans cette chasse aux sorcières, ils oubliaient être tous identiques. //