Cachots

Isara · **Ancien(ne)**

// Isa se rendit rapidement compte que son petit sermon n'avait pas touché la serpentarde, et sa rébellion encore moins. Au contraire, elle semblait s'ennuyer profondément. Si c'était de l'action qu'elle voulait, tant pis pour elle, la serdaigloise n'avait aucunement l'intention de lui en donner, si ce n'est verbalement. //

- Ainsi, tu présumes que je condamne bien vite ; mais cette supposition n'est-elle pas un jugement trop hâtif elle aussi ?

// Isadora était sur les nerfs, à deux doigts d'exploser. Elle avait d'ailleurs de plus en plus de mal à se contenir. La jeune fille, pourtant relativement calme en temps normal devait se répéter, comme une litanie, la même phrase sans cesse. //

** La violence ne résout rien. Même si ça soulage, elle ne résout rien ! **

- Il n'y a pas plus sot proverbe que la robe ne fait pas le sorcier. Si tu fais partie de ceux qui le considèrent comme juste, alors ta naïveté est encore plus imposante que ta tendance à mystifier.

// A ces mots, elle eut encore plus de mal à ne pas se précipiter sur Arsenic pour lui donner une bonne leçon. Mais elle respira un grand coup et réussi à se calmer petit à petit. Elle allait répliquer avec le même dédain mais Arsenic n'en avait pas fini. //

- J'abhorre les redresseurs de torts qui vont jusqu'à punir les fautes vénielles, tandis qu'eux-mêmes se prélassent dans leurs acquis sans chercher à comprendre leur monde.

- Et toi, tu cherches à comprendre le monde qui t'entoure, tu vas me dire ? Le monde comprend aussi les personnes qui y vivent...

// La réplique était sorti d'elle-même, tellement elle en avait marre de son aînée et de ses jugements qui se révélaient au final illogique. De toute façon, il valait mieux se passer des subterfuges avec la Vert-et-Argent. Elle n'y était absolument pas sensible, au contraire cela l'exaspérait. //

- Pour en revenir à ton adaptation du proverbe bien connu, sache que tu as tort et raison à la fois. Oui, le premier jugement se fait toujours sur l'apparence, mais derrière peut se révéler chez de rares personnes de très bonnes surprises tout comme d'aussi mauvaises.

// La serdaigloise n'était pas niaise au point de penser qu'il y avait du bon dans chaque homme mais une petite, certes toute petite partie en valait la peine. Elle n'avait aucune intention d'en convaincre son aînée, le combat était perdu d'avance. Ce serait déjà un miracle si elle réussissait à ne pas se séparer fâcher. //

- As-tu des amis ? Je parie que non, alors comment tu peux savoir si tu peux te fier à l'apparence des gens ?

// Si il y a un truc que pouvait remarquer Isa, c'est qu'une conversation avec Arsenic était loin d'être insipide. Au contraire, c'était très sportif, elle ne ferait pas ça tous les jours, elle n'en pouvait plus. //

Arsenic Rosidae · **Ancien(ne)**

- Et toi, tu cherches à comprendre le monde qui t'entoure, tu vas me dire ? Le monde comprend aussi les personnes qui y vivent...

- Certainement pas ; mais je n'ai pas la prétention de le faire croire, contrairement à toi.

// Pour Arsenic, toute la nuance était là. Elle-même se moquait des gens et de leurs petits problèmes, mais elle assumait ce désintérêt dans sa totalité. À l'opposé, certaines personnes poussaient leur pseudo-empathie à son paroxysme, dans l'espoir de se faire bien voir de tous alors qu'au fond, ils se contentaient d'émettre des jugements peu aboutis et justifiés sur autrui. //

- Pour en revenir à ton adaptation du proverbe bien connu, sache que tu as tort et raison à la fois. Oui, le premier jugement se fait toujours sur l'apparence, mais derrière peut se révéler chez de rares personnes de très bonnes surprises tout comme d'aussi mauvaises.

- Je retiendrai uniquement rares personnes dans ta phrase. Je ne remettrai pas en question toute une éducation valable basée sur cette idée pour une minorité plus qu'infime d'individus.

// La jeune Rosidae se tiendrait à ce précepte familial toute sa vie. Feu son grand-père paternel avait été le premier à enseigner de drôles de règles morales à la demoiselle aux cheveux rouges. Beaucoup compareraient cette éducation à une propagande dangereuse mais Arsenic était tout à fait consciente de la complexité et de la perniciosité de sa filiation. Chacun des membres de cette famille transportait une valise de secrets malsains dont il était tout bonnement impossible de se séparer ; elle avait grandi entourée par les tragédies et la rudesse de sa vie l'avait profondément atteinte. Malgré les précautions prises par son père, Arsenic avait sombré dans une folie doucereusement nocive. //

- As-tu des amis ? Je parie que non, alors comment tu peux savoir si tu peux te fier à l'apparence des gens ?

- Encore, siffla-t-elle en souriant. Entends tes propres paroles. Tu me reproches ce que tu fais continuellement. Tu ne me connais pas et déjà tu émets des suppositions prématurées.

// Des amis ? Comment définir ce qu'est un ami ? Certains affirmeront qu'il s'agit des personnes en lesquelles nous avons confiance ; pour Arsenic, la confiance ne se donnait pas. D'autres poursuivront avec l'écoute dont font preuve les amis ; or, la Serpentarde était persuadée que la plupart des gens en jouaient. Elle l'avait dit précédemment : le mensonge et le faux intérêt étaient les grands maîtres dans les relations. Selon elle, seule la famille était digne d'être protégée et de recevoir les confidences. //

- Je n'ai pas d'amis. Et je ne ferai pas la sottise d'affirmer que je n'ai pas besoin d’interaction, non. Cependant, mes proches sont les seuls envers qui j'éprouve une forme d'affection. Les autres ne sont que de ternes tableaux dans le grandiose musée qu'est ma vie.

// Le recours à une métaphore était maladroit mais elle ne cherchait de toute manière pas à convaincre sa cadette ; leurs points de vue divergeaient bien trop pour qu'elles pussent s'accorder. La Vert-et-Argent pensa le temps d'une seconde qu'il était fort dommage pour sa condisciple d'être si coincée dans les modèles donnés par la société actuelle. En sortir procurait généralement un exquis goût de liberté et d'aventure. //

Isara · **Ancien(ne)**

- Et toi, tu cherches à comprendre le monde qui t'entoure, tu vas me dire ? Le monde comprend aussi les personnes qui y vivent...

- Certainement pas ; mais je n'ai pas la prétention de le faire croire, contrairement à toi.

// A ces mots, Isa vit que la serpentarde ne l'avait pas comprise. Elle essayait, en effet de comprendre le monde dans lequel elle vivait mais n'avait jamais prétendu y arriver. Les êtres humains étaient par nature incompréhensible. Cependant elle ne reprit pas le Verte-et-Argent et continua plutôt sur ses propos précédents. //

- Pour en revenir à ton adaptation du proverbe bien connu, sache que tu as tort et raison à la fois. Oui, le premier jugement se fait toujours sur l'apparence, mais derrière peut se révéler chez de rares personnes de très bonnes surprises tout comme d'aussi mauvaises.

- Je retiendrai uniquement rares personnes dans ta phrase. Je ne remettrai pas en question toute une éducation valable basée sur cette idée pour une minorité plus qu'infime d'individus.

// La conversation avec Arsenic ravissait la serdaigloise, cette joute était fors stimulante. Chaque réponse était plus surprenante que la précédente. Si elle avait compris un truc avec Arsenic, c'est qu'elle n'avait pas finit de la déconcerter. Elle décida une fois de plus, pensant y revenir plus tard, d'ignorer la réponse de son aînée car elle voulait lui poser une question importante. //

- As-tu des amis ? Je parie que non, alors comment tu peux savoir si tu peux te fier à l'apparence des gens ?

- Encore, siffla-t-elle en souriant. Entends tes propres paroles. Tu me reproches ce que tu fais continuellement. Tu ne me connais pas et déjà tu émets des suppositions prématurées.

// La Bleu-et-Bronze se mit à réfléchir sur tout ce que venait de dire Arsenic. Elle repensa aux fautes vénielles dont elle avait parlé et se dit qu'elle ne devait pas avoir la même définition du mot. D'ailleurs, elle ne se considérait pas comme un redresseur de tort, loin de là, même si il était vrai, elle abhorrait les injustices. Perdue dans ses pensées, elle entendit à peine la réponse d'Arsenic. //

- Je n'ai pas d'amis. Et je ne ferai pas la sottise d'affirmer que je n'ai pas besoin d’interaction, non. Cependant, mes proches sont les seuls envers qui j'éprouve une forme d'affection. Les autres ne sont que de ternes tableaux dans le grandiose musée qu'est ma vie.

- D'abord je ne t'ai pas jugée, au contraire comme tu l'as toi-même dit, j'ai supposé et je vois que je ne me suis pas trompée. Ensuite, je suis comme tout le monde, je juge sans savoir à de nombreuses reprises. Par contre, je laisse une chance aux gens de me prouver que j'ai tort même si c'est rare.

// Isadora reprit son souffle et regarda attentivement son interlocutrice, essayant d’analyser l'impact de son petit discours, si impact il y avait, ce dont elle doutait. Arsenic l'intriguer de plus en plus mais elle soupçonnait que l'inverse n'était pas forcément vrai. //

- Je n'ai aucune intention de remettre ton éducation en question. Après tout, c'est ton problème si tu tiens les gens à distance. Par contre, il serait peut-être temps d'essayer d'avoir une amie pour voir ce que cela fait. Et comme je me doute que tu vas me répondre que je me porte évidemment volontaire, en effet, c'est le cas.

// La serdaigloise arbora de nouveaux son sourire taquin. Elle s'était lancé se fiant à son proverbe préféré. "Qui ne tente rien, n'a rien !" //

Arsenic Rosidae · **Ancien(ne)**

- D'abord je ne t'ai pas jugée, au contraire comme tu l'as toi-même dit, j'ai supposé et je vois que je ne me suis pas trompée. Ensuite, je suis comme tout le monde, je juge sans savoir à de nombreuses reprises. Par contre, je laisse une chance aux gens de me prouver que j'ai tort même si c'est rare.

// Arsenic soupira. Que pouvait-elle bien faire d'une fille n'entendant même pas ses propres mots ? Elle passa sa main dans ses cheveux rouges et joua avec l'une de ses nombreuses mèches rebelles. Isadora reprenait son souffle, comme s'il avait s'agit d'une course que les deux demoiselles disputaient. La Serpentard n'était pas fatiguée, ou plutôt, elle ne l'était pas plus que d'habitude. Ce genre d'exercice oral n'était que simple divertissement ; les longues discussions qu'elle avait eues étant jeune avec ses grands-paternels lui avait forgé une dure carapace, peu sensible aux arguments de l'adversaire. Pour vaincre, pars du principe que l'autre a toujours tort, lui répétait sans cesse le père de son père, Joonas Rosidae. Elle sourit à ce souvenir ; son grand-père avait raison. //

- Je n'ai aucune intention de remettre ton éducation en question. Après tout, c'est ton problème si tu tiens les gens à distance. Par contre, il serait peut-être temps d'essayer d'avoir une amie pour voir ce que cela fait. Et comme je me doute que tu vas me répondre que je me porte évidemment volontaire, en effet, c'est le cas.

// La Vert-et-Argent resta un instant silencieuse ; il aurait été impossible d'affirmer si oui ou non elle avait entendu les dernières phrases. Finalement, elle pencha la tête et regarda ses pieds. Elle s'était toujours étonnée de la petitesse de ceux-ci. Sa pointure était bien loin du quarante que tous les jeunes de l'époque arboraient fièrement. Elle pensa l'espace de quelques secondes envoyer l'un de ses petits - mais robustes - pieds dans l'abdomen de sa camarade, qui prenait apparemment plaisir à se moquer d'elle. Arsenic avait été bâtie par le combat et par les nuits passées en forêt, seule et sans magie. Elle savait qu'un coup bien placé aurait évacué tout l'air des poumons de sa condisciple en un rien de temps. Elle songea à cette possibilité avant de se résigner. Elle modifia du mieux qu'elle le put sa voix et tenta une imitation d'Isadora : //

- As-tu des amis ? Je parie que non... Puis, reprenant son timbre de voix normal, elle cria presque : JE PARIE QUE NON.

// Elle montra ses dents parfaitement alignées et d'un blanc presque dangereux en un sourire qui se voulait railleur. Ces quatre mots contenaient tout le jugement de sa cadette envers elle, même si la première ne s'en rendait pas compte. Et était-ce une proposition qu'elle venait de faire ? Devenir amies ? Avait-elle la moindre idée de ce que cela impliquait ? Tous les secrets de la Serpentarde partagés, une confiance plus que forcée en l'autre, un sentiment d'appartenance presque terrifiant... L'héritière Rosidae prit le temps de réfléchir. Elle sentait qu'Isadora était têtue et qu'elle aurait beau tenter de la décourager par la parole, ses efforts resteraient vains. Elle opta donc pour l'acceptation. //

- Bien, devenons amies alors.

// Elle tendit sa main glacée vers sa camarade, son habituel sourire courtois sur les lèvres. Il n'y avait pas meilleure tactique que de la plonger dans son univers sans-cœur pour lui apprendre que parfois, toute tentative est vouée à l'échec. Arsenic imaginait déjà le désenchantement d'Isadora lorsqu'elle comprendrait dans quel monde son aînée vivait. //

Isara · **Ancien(ne)**

// Isa regarda la serpentarde qui semblait une fois de plus se perdre dans ses pensées, elle se demanda d'ailleurs si Arsenic l'avait même seulement écouté. Elle la vit retenir un mouvement de colère. //

- As-tu des amis ? Je parie que non... Puis, reprenant son timbre de voix normal, elle cria presque : JE PARIE QUE NON.

// La serdaigloise était sous le choc et elle se douta que ça se voyait mais, le début de la phrase l'avait outrée. de plus, Arsenic lui avait fait peur en élevant la voix ainsi. Vu la direction que prenait leur conversation, elles allaient finir par s'entre-haïr. Elle regrettait presque d'avoir proposé à la Verte-et-Argent une amitié qui lui semblait de plus en plus improbable. Son aînée avait un caractère très différent du sien, elle avait pensé qu'elles pouvaient apprendre l'une de l'autre mais commençait à douter. Isa secoua la tête, pour chasser ses pensées moroses, pas la peine de se prendre la tête pour ça, de toute façon, Arsenic allait refuser. //

- Bien, devenons amies alors.

// Isadora regardait la main tendue d'Arsenic, ébahie. Elle mit un long moment avant de la serrer. Son esprit fourmillant de mille et une pensées. Son interlocutrice se moquait-elle ou bien était-elle sérieuse. Leur tête-à-tête venait une fois de plus de prendre une tournure surprenante. //

** Je rêve là, ce n'est pas possible ? **

// Cette réponse ne ressemblait pas à Arsenic, enfin ce qu'elle pensait en connaître. Pour Isa, il devait y avoir une piège quelque part. Elle répondit donc prudemment, sachant qu'elle marchait sur des charbons ardents. //

- Dans ce cas-là, il va falloir que tu retiennes mon prénom...

// Pour la Bleu-et-Bronze, c'était le premier pas vers l'amitié, le deuxième étant d'apprendre à mieux se connaître pour se trouver des points communs. La discussion promettait donc de durer encore un moment, elle commençait à fatiguer debout et s'appuya contre le mur. Geste qu'elle regretta instantanément, le mur était froid et plus qu'humide, elle se redressa rapidement mais senti tout de même un long frisson la parcourir. //

- J'aime surnommer mes amies, ça te dérange ?

// Isa doutait qu'Arsenic apprécie ce genre de chose mais bon comme la serpentarde ne répondait jamais comme elle l'attendait, elle ne perdait rien à essayer. //

Arsenic Rosidae · **Ancien(ne)**

// Sa camarade semblait assez interloquée, ou bien était-ce une forme de suspicion qui déjà naissait à l'encontre de la Vert-et-Argent. La prudence qui émanait désormais de sa cadette fit sourire de plus belle Arsenic ; elles se serrèrent finalement la main. //

- Dans ce cas-là, il va falloir que tu retiennes mon prénom...

** Elle commence déjà avec les demandes impossibles. **

// La jeune Rosidae n'avait pas pour habitude de faire des efforts. Lorsque sa langue fourchait et ré-arrangeait les noms de ses interlocuteurs, elle n'y prêtait aucune importance. Elle lui avait pourtant expliqué : un prénom ne voulait rien dire. Elle avait rencontré une multitude de personnes au cours de sa vie mais ne se rappelait d'aucun - ou presque. Elle préférait encore les désigner par une suite de mots plus révélateurs ; ainsi, il y avait eu des individus reconnus comme moustache-difforme-gras-bois, chapeau-fidèle-boucle-blonde et autres pie-enfant-rebelle-rose. La Serpentarde formulait intérieurement les mots qu'elle utiliserait pour décrire une personne qu'elle rencontrait et en gardait quatre ; plus tard, lorsqu'elle la croisait de nouveau, elle cherchait dans sa tête les quatre mots et les ré-associais à une conversation ou action, de sorte à se souvenir de ce qui s'était passé jusque-là. Elle trouvait ce système bien plus pratique puisque la probabilité de trouver quatre mots identiques sur plusieurs individus était bien plus faible que de rencontrer des gens ayant le même prénom ; et comme elle n'avait pas la mémoire des visages... //

- J'aime surnommer mes amies, ça te dérange ?

// L'élève de Salazar leva les yeux, soudainement intéressée. //

- Aucunement. Cela dépend tout de même du surnom. Jusqu'ici, certains m'ont attribué les mots Dame ou Reine, ajouta-t-elle tout sourire, parfaitement à l'aise avec son narcissisme aigu.

// Le Dame Arsenic datait de sa troisième année, lui semblait-il. Elle était alors dans sa phase jeune adolescente en quête d'estime. Elle avait provoqué un grand nombre de disputes et de duels dans les couloirs, s'arrangeant toujours pour fuir ou convaincre les professeurs de sa totale innocence. Seul Quintus Billybork, l'acariâtre concierge, était persuadé que la Serpentarde était responsable de la plupart des problèmes entre élèves ; il possédait d'ailleurs un lourd dossier sur elle... Ou plutôt avait possédé. Elle s'était infiltrée dans son bureau l'année passée, mais ceci est une autre histoire. Elle avait donc bientôt quatorze ans et déjà son caractère de tyran et sa folie passagère prenaient le dessus. Un jour, un Serdaigle trop absorbé dans son livre (classique) l'avait bousculé et s'était éloigné sans mot dire. Furieuse par ce manque de civilité, la Vert-et-Argent avait fouillé ses poches à la recherche de sa baguette magique. Elle n'en avait ressorti qu'une carte à jouer ensorcelée. L'autre s'éloignait toujours et, d'un puissant mouvement du poignet, elle avait envoyé la carte sur lui. Le rectangle cartonné avait fusé dans l'air humide du couloir, avait tranché sec l'épi du Bleu-et-Bronze et s'était fiché dans le mur au-dessus de lui. Les témoins de la scène racontaient que le garçon s'était mis à trembler de peur et avait fait volte-face vers Arsenic. Puis, croisant le regard bistre, il s'était excusé, chancelant. La demoiselle avait lancé un joyeux merci ! avant de s'avancer pour récupérer la carte, une Dame de Pique.

Le Reine était plus récent, attribué par une septième année de Poufsouffle avec laquelle elle avait eu de nombreux... désaccords. Elles en étaient même venues aux mains dans une boutique à Londres. Arsenic était d'ailleurs celle à cause de qui la blonde avait perdu la "garde" de son idiote d'elfe, ayant été jugée irresponsable. Depuis, elles s'entre-haïssaient sans retenue, se jetant à la gorge de l'autre dès qu'elles se croisaient. Mais la Jaune-et-Noir se faisait de plus en plus discrète au château et, après avoir appelé Arsenic la Reine de Glace, elle était sortie de la ligne de mire de son ennemie. //

- Quant à ton prénom, autant que tu épingles un badge sur ta robe si tu désires que je m'en souvienne.

// Elle souriait, sans méchanceté aucune. Il s'agissait là d'une de ses tentatives, ordinairement vaines, pour égayer l'atmosphère. D'autant plus que les cachots n'aidaient pas à réchauffer les corps et les cœurs. La jeune Rosidae se promit d'attribuer un surnom à Isadora lorsqu'elle en saurait plus sur elle ; pour le moment, elle avait trop peu de données pour en produire un original. Elle passa machinalement une main dans ses cheveux rouges, et demanda : //

- Que font deux amies en règle générale lorsqu'elles sont ensemble ?

Isara · **Ancien(ne)**

// A la suite de sa question, Isa senti un changement dans l'attitude de la serpentarde. Celle-ci semblait plus attentive. Elle se demanda si elle avait enfin réussi à capter son attention, mais se douta que cela ne durerait pas. //

- Aucunement. Cela dépend tout de même du surnom. Jusqu'ici, certains m'ont attribué les mots Dame ou Reine.

// Une fois de plus, Arsenic venait de la surprendre. Isadora réalisa que son aînée avait d'ailleurs une forte tendance à répondre le contraire de ce à quoi elle s'attendait. Elle allait peut-être enfin comprendre sa nouvelle "amie".

La Verte-et-Argent s'était de nouveau perdue dans ses pensées, cela devait être une habitude chez elle. Cette tendance ne dérangeait pas vraiment Isa qui en profita pour regarder plus longuement sa condisciple. En la dévisageant, elle se demanda si Arsenic était réellement sans-coeur ou si c'était un genre qu'elle se donnait pour se protéger.

Entre ses cheveux rouges, sa peau fantomatique, plus pâle que la sienne alors qu'elle était déjà bien blanche, et ses cicatrices, Arsenic semblait tout droit sorti d'un livre d'épouvante. Son attitude très froide envers ses semblables n'arrangeaient rien. Isa ne pouvait s'empêcher d'être intrigué même si elle aurait surement mieux fait de se tenir à l'écart. //

- Quant à ton prénom, autant que tu épingles un badge sur ta robe si tu désires que je m'en souvienne.

// La serdaigloise sourit, elle se voyait mal se balader avec son prénom accroché sur sa poitrine. Même en imagination, la scène était cocasse. Par contre, elle abandonna l'idée qu'Arsenic se souvienne de son patronyme, elle aurait peut-être plus de chance avec un surnom. //

- Que font deux amies en règle générale lorsqu'elles sont ensemble ?

// Cette dernière question traduisait l'ignorance totale de la Verte-et-Argent en matière d'amitié, Isadora savait qu'elle n'en avait pas mais elle ne pensait que c'était à ce point-la. Elle se sentit intimidée d'un seul-coup, ayant peur de ne pas être à la hauteur. Si elle décevait les attentes d'Arsenic, celle-ci risquait de ne plus faire d'autre tentative. //

- Pour le surnom, je pensais à quelque chose de plus personnel et affectueux comme Arsy, cela te conviendrait ? Tu devrais m'en trouver un aussi, cela t'éviterait de me désigner par des termes trop générique et surtout de pouvoir m'interpeller dans les couloirs. Parce qu'il y a peu de chance que je mette un badge sur ma robe.

// La Bleue-et-Bronze arborait un grand sourire, l'idée lui semblant toujours aussi invraisemblable. Leur dialogue suivait enfin un cours plus normale. Arsenic n'était plus passé du coq-à-l'âne depuis un moment. La jeune fille se douta que cela devait être un moyen de tromper l'ennui et espéra que l'absence récente de changement de sujet rapide signifiait qu'Arsenic s’intéressait à la conversation. //

- Deux amies peuvent faire beaucoup de chose quand elles sont ensemble, discuter, jouer... Quelle est le dernier livre que tu as lu ?

// En grande lectrice qu'elle était, Isa s'intéressait toujours à ce que pouvait bouquiner ses camarades. //

Arsenic Rosidae · **Ancien(ne)**

- Pour le surnom, je pensais à quelque chose de plus personnel et affectueux comme Arsy, cela te conviendrait ?

// Une moue de dégoût passa sur le visage de la concernée. Elle n'émit aucune plainte, mais elle n'appréciait que peu ce surnom. Elle se demanda où sa camarade avait été chercher un y... //

- Tu devrais m'en trouver un aussi, cela t'éviterait de me désigner par des termes trop générique et surtout de pouvoir m'interpeller dans les couloirs. Parce qu'il y a peu de chance que je mette un badge sur ma robe.

// Arsenic réfléchit. Les surnoms qu'elle attribuait aux individus ne plaisaient pas souvent - jamais en fait. Il aurait été dommage de mettre fin à une si belle et nouvelle amitié en blessant Isadora avec un sobriquet vipérin. Certains - qu'elle gardait précieusement en mémoire - lui siéraient pourtant. Un rictus sardonique fit son apparition sur les lèvres de la Serpentarde, qu'elle se dépêcha cependant de dissimuler. Elle secoua ses cheveux rouges et se concentra sur sa camarade. Il fallait lui associer un surnom doux et gentil pour ne pas la faire fuir. Une idée lui traversa enfin l'esprit, idée qu'elle tenta vainement de refouler tant elle était sotte. Mais le mot revenait encore et encore maintenant qu'elle l'avait envisagé. La Vert-et-Argent ne savait pas très bien comment elle en était venue à penser à Dorayaki... Les deux premières syllabes rappelaient le prénom d'Isa, mais l'ensemble était... particulier. Elle lui proposa quand même : //

- Dorayaki. Il peut te sembler étrange, j'en conviens. Mais il me sera facile de m'en souvenir. C'est le nom donné à une pâtisserie japonaise que le beau-frère de mon grand-père paternel - paix à son âme - rapportait de ses voyages en Asie de l'Est. S'il est trop long, je peux garder Yaki.

// Étonnamment, il était plus simple pour elle de mémoriser un mot sans rapport aucun avec le prénom de sa condisciple, plutôt que deux syllabes communes. Elle espérait que sa cadette acceptât de se voir ainsi appelée ; Arsenic était de toute manière incapable d'inventer un autre surnom. //

- Deux amies peuvent faire beaucoup de chose quand elles sont ensemble, discuter, jouer... Quel est le dernier livre que tu as lu ?

// La septième année plissa ses yeux bistre. Était-ce vraiment aussi simple ? Elle s'attendait à entendre les mots confiance, ragots ou autres bêtises. //

- Les valises volent, par M.A. Leuh.

// Elle avait déniché ce livre dans une librairie en Finlande, lors de ses dernières vacances. Le bandeau rouge qui le couvrait promettait un bon moment, mais la jeune femme n'éprouvait jamais de grand plaisir à dévorer les bouquins, quels qu'ils soient. Lire était son occupation principale ; elle s'abreuvait ainsi du savoir de chacun et se forgeait une culture aussi dense que variée. Le souci majeur tenait en l'absence d'opinion qu'Arsenic émettait - ou n'émettait pas de ce fait - à propos des livres. Elle ne jugeait aucun auteur, ni aucune histoire. Elle ne savait déterminer si un ouvrage était fade, captivant ou décevant. Elle les considérait tous de la même façon : comme un coffret empli de connaissances à s'approprier. //

- Aimes-tu lire aussi ?

Isara · **Ancien(ne)**

// A l'énonciation du surnom, Arsenic fit une mine dégoûtée qui voulait tout dire. Pourtant elle ne dit rien. C'était étonnant, la Serpentarde faisait de grands efforts pour que ce début d'amitié fonctionne. Isa décida donc de ne pas l'utiliser et d'en chercher un autre qui conviendrait mieux. Elle pensa à Cissy mais rejeta vite l'idée de peur de mettre sa camarade en colère. //

- Dorayaki. Il peut te sembler étrange, j'en conviens. Mais il me sera facile de m'en souvenir. C'est le nom donné à une pâtisserie japonaise que le beau-frère de mon grand-père paternel - paix à son âme - rapportait de ses voyages en Asie de l'Est. S'il est trop long, je peux garder Yaki.

// Isadora trouva le prénom bien étrange, mais il lui plut par son originalité. La Serdaigloise détestait tout ce qui était commun, surtout en matière de prénom. Elle en avait marre de ne jamais savoir si l'on s'adressait à elle ou à l'un de ses trop nombreux homonymes. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle utilisait son deuxième prénom et que très peu de personne connaissait le premier. En y pensant, la jeune fille se dit qu'il était peut-être temps de le révéler à Arsenic comme preuve de son amitié. //

- Les valises volent, par M.A. Leuh. Aimes-tu lire aussi ?

// La Bleu-et-Argent ne connaissait ni le livre, ni l'auteur mais comme elle adorait découvrir de nouvelles choses cela l'enchantait. Une discussion sur les livres se révélait à son humble avis toujours passionnante. //

- J'ai vu à ton expression que le surnom ne te plaisait pas, j'en trouverais un autre. Que dis-tu de Cissy ? Ne te fâche pas, je plaisante ! J'aime beaucoup celui que tu as trouver par contre que ce soit dans sa forme longue ou abrégée.

// Isa arborait son fameux sourire taquin, elle n'avait pas pu s'empêcher de taquiner sa nouvelle amie. En même temps, il valait mieux que la Reine des glaces s'y habitue, c'était une habitude chez elle de taquiner ses proches. //

- Oui je suis une grande lectrice, c'est d'ailleurs une passion chez moi. Je ne connais pas du tout le livre dont tu parles, quel est le sujet ?

// Le livre que venait de finir la Serdaigloise parlait d'un faquin, un pirate plus précisément qui en tombant amoureux avait décidé de se racheter une conduite pour plaire à sa belle. Elle avait adoré et l'avait dévoré. Elle l'avait fini tôt ce matin et c'est à cela qu'elle devait ses cernes. Le livre mélangeait aventure historique et romance deux thèmes qu'elle affectionnait particulièrement. Elle hésitait à le recommander à la Verte-et-Argent mais ne connaissant pas ses goûts, renonça.

Elle était impatiente d'en savoir plus sur "Cissy". La Serpentarde serait surement verte si elle savait qu'elle l'appelait comme ça mentalement, elle sourit rien que d'y penser. Surtout qu'une Serpentarde verte, quoi de plus naturelle ? Elle avait aussi hâte de montrer à sa camarade que l'amitié pouvait apporter de nombreuses choses positives. //

Arsenic Rosidae · **Ancien(ne)**

- J'ai vu à ton expression que le surnom ne te plaisait pas, j'en trouverai un autre. Que dis-tu de Cissy ? Ne te fâche pas, je plaisante ! J'aime beaucoup celui que tu as trouvé par contre que ce soit dans sa forme longue ou abrégée.

// Sa cadette était revenue bien trop vite sur ses propos pour convaincre Arsenic qu'il avait effectivement s'agit d'une plaisanterie ; cependant, elle ne fit aucune remarque. Cissy était un surnom étrange, mais pas déplaisant. Au moins, il était difficile de faire le rapprochement avec son prénom, cela permettrait toujours de nier qu'elle était la concernée si quelqu'un autre qu'Isadora et elle l'entendait. //

- Oui je suis une grande lectrice, c'est d'ailleurs une passion chez moi. Je ne connais pas du tout le livre dont tu parles, quel est le sujet ?

- Le voyage.

// Elle n'en dit guère plus, incapable d'émettre le moindre jugement sur le livre. Elle considérait la critique littéraire comme une parfaite inanité. Comment un individu qui n'était pas l'auteur pouvait se permettre d'estimer la qualité d'une œuvre ? Le lecteur - si l'on respectait son titre - ne devait que lire. Alors, Arsenic lisait et s'en tenait à ce rôle-là. Le fait de ne jamais juger un ouvrage tenait éloignée toute possible déception, et son esprit était de toute manière bien trop occupé à assimiler toutes les données transmises pour l'apprécier. //

- Quelle est la couleur de ton livre de chevet actuel ?

// Il était vain de le nier : le choix d'un homme pour un bouquin était d'abord dû à l'apparence de ce dernier. La Vert-et-Argent, elle, déterminait ses prochaines lectures en fonction de la couleur des dos des ouvrages. Il était nécessaire qu'elle pût les ranger avec harmonie chez elle, dans la demeure familiale de Rovaniemi. Chaque pièce de la grande maison était colorée différemment, et les étagères de chacune portaient autant de livres qu'une libraire moyenne. Dès son plus jeune âge, l'héritière Rosidae avait classé tous les volumes en fonction de leur teinte dominante. Elle avait grandi dans un monde à part, presque fantasque et dangereux, bercée par les couleurs des peintures de sa grand-mère et les affaires ensanglantées de son père. C'est ainsi que le rouge avait pris une place importante dans l'univers de la jeune femme, bien qu'elle respectait tout autant les autres pigments.

D'ailleurs, elle s'amusait (si s'amuser était une expression correcte) à se vêtir de hauts colorés, toujours accompagnés d'un pantalon en lin beige. Selon Hellic, sa mère, il s'agissait d'un hommage inconscient aux toiles accrochées sur les murs de la demeure ; peintes sur un tissu clair et porteuses de vives tonalités. Mais en tant que narrateur omniscient, je ne peux que l'expliquer autrement : Arsenic était une personne troublée qui lisait en chaque couleur une explication précise de la teinte. Le rose tenait du bonheur, le jaune de la traîtrise, le bleu de la vérité, etc... Il était bon d'en être conscient puisque la demoiselle portait donc ses vêtements comme révélation de son humeur du jour. Il valait ainsi mieux éviter de l'aborder lorsque son pull était rouge. //

- Savais-tu que la couleur d'un ouvrage dépend généralement de son contenu ? enchaîna la septième année, soudain obnubilée par le coloris de tout.

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